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tant de fatigues, avoient la même tenue qu'à la parade de Paris. A la bataille de Jeua, le général de division Victor a reçu un biscayen qui lui a fait une contusion; il a été obligé de garder le lit pendant quelques jours. Le général de brigade Gardanne, aide-de-camp de l'EMPEREUR, à eu un cheval tué, et a été légèrement blessé. Quelques officiers supérieurs ont eu des blessures, d'autres des chevaux tués, et tous ont rivalisé de courage et de zèle.

L'EMPEREUR a été voir le tombeau du grand Frédéric. Les restes de ce grand homme sont renfermés dans un cercueil de bois recouvert en cuivre, placé dans un caveau sans ornement, sans trophées, sans aucunes distinctions qui rappellent les grandes actions qu'il a faites. L'EMPEREUR a fait présent à T'hôtel des Invalides de Paris, de l'épée de Frédéric, de son cordon de l'Aigle-Noire, de sa ceinture.de général, ainsi que des drapeaux que portoit sa garde dans la guerre de sept ans. Les vieux invalides de l'armée de Hanovre accueilleront avec un respect religieux tout ce qui a appartenu à un des premiers capitaines dont l'histoire conservera le souvenir.

Lord Morpeth, envoyé d'Angleterre auprès du cabinet prussien, ne se trouvoit, pendant la journée de Jena, qu'à six lieues du champ de bataille. Il a entendu le canon; un courrier vint bientôt lui annoncer que la bataille étoit perdue, et en un moment il fut entouré de fuyards qui le poussoient de tous côtés. Il couroit en criant: Il ne faut pas que je sois pris! Il offrit jusqu'à 60 guinées pour obtenir un cheval; il en obtint un, et se sauva.

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La citadelle de Spandau, située à trois lieues de Berlin, à quatre lieues de Postdam, forte par sa situation au milieu des eaux, et renfermant 200 hommes de garnison, et une grande quantité de munitions de guerre et de bouche, a été cernée le 24 dans la nuit. Le général Bertrand, aide-de-camp de l'EMPEREUR, avoit déjà reconnu la place. Les pièces étoient disposées pour jeter des obus, et intimider la garnison. Le maréchal Lannes a fait signer par le commandant la capitulation ci-jointe. On a trouvé à Berlin des magasins considérables d'effets de campement et d'habillement; on en dresse les inventaires.

Une colonne, commandée par le duc de Weimar, est pour. suivie par le maréchal Soult. Elle s'est présentée le 23 devant Magdebourg. Nos troupes étoient là depuis le 20. Il est probable que cette colonne, forte de 15,000 hommes, sera coupéeet prise. Magdebourg est le premier point de rendez-vous des. troupes prussiennes. Beaucoup de corps s'y rendent. Les Français le bloquent.

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MM le prince d'Hatzfeld; Busching, président de la police; le président de Kercheisen; Formey, conseiller intime; Polzig, conseiller de la municipalité; MM. Ruek, Siegr et de Hermensdorf, conseillers députés de la ville de Berlin, ont remis ce matin à l'EMPEREUR, à Postdam, les clefs de la ville de Berlin. Ils étoient accompagnés de MM. Grote, conseiller des finances; le baron de Vichnitz, et le baron d'Eckarlstein. Ils ont dit que les bruits qu'on avoit répandus sur l'esprit de cette ville, étoient faux; que les bourgeois et la masse du peuple avoient vu la guerre avec peine; qu'une poignée de femmes et de jeunes officiers avoient fait seuls ce tapage; qu'il n'y avoit pas un seul homme sensé qui n'eût vu ce qu'on avoit à craindre, et qui pût deviner ce qu'on avoit à espérer. Comme tous les Prussiens, ils accusent le voyage de l'empereur Alexandre des malheurs de la Prusse. Le changement qui s'est dès-lors opéré dans l'esprit de la reine, qui, de femine timide et modeste, s'occupant de son intérieur, est devenue turbulente et guerrière, a été une révolution subite. Elle a voulu tout-à-coup avoir un régiment, aller au conseil ; et elle a si bien mené la monarchie, qu'en peu de jours elle l'a conduite au bord du précipice.

Le quartier général est à Charlottenbourg.

Copie de la capitulation de la forteresse de Spandau.

Nous, général divisionnaire au service de S. M. I. et R., grand-cordon de la Légion-d'Honneur, chef de l'état-majorgénéral du 5° corps de la Grande-Armée, fondé de pouvoirs de M. le maréchal d'Empire Lannes, commandant en chefledit corps d'armée ; et M. le major de Benekendorff, major au service de S. M. le roi de Prusse, commandant de la forteresse de Spandau, sommes convenus de ce qui suit :

Art. I. MM. les officiers de la garnison de Spandau se retireront où ils voudront avec leurs armes, hardes, et autres effets à eux appartenant. II. M. le maréchal Lannes s'engage à demander à S. M. I. et R. que les invalides et leurs femmes conservent aussi leurs effets, et qu'ils puissent rester dans la citadelle. III. Les sous-officiers et soldats formant la garnison de la forteresse de Spandau, sont prisonniers de guerre. IV. La forteresse sera sur-le-champ remise à l'armée française, avec l'artillerie, armes, munitions, en général tous ses approvisionnemens. V. MM. les officiers seront libres de se retirer où il leur plaira. Il leur sera délivré un passeport par le chef d'état-major du 5 corps de la Grande-Armée. VI. Tout ce qui n'est pas militaire, sortira de la place sans aucune condition, et emportera ses hardes et autres effets. Spandau, le 25 octobre 1806.

Signé, le général de division VICTOR,
et V. BENEKENDORF.

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XIX BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Charlottenbourg, le 27 octobre 1806.

L'EMPEREUR, parti de Postdam aujourd'hui à midi, a été visiter la forteresse de Spandau. Il a donné des ordres au général de division Chasseloup, commandant le génie de l'armée, sur les améliorations à faire aux fortifications de cette place. C'est un ouvrage superbe; les magasins sont magnifiques. On a trouvé à Spandau des farines, des grains, de l'avoine, pour nourrir l'armée pendant deux mois, des munitions de guerre pour doubler l'approvisionnement de l'artillerie. Cette forteresse, située sur la Sprée, à deux lieues de Berlin, est une acquisition inestimable. Dans nos mains elle soutiendra deux mois de tranchée onverte. Si les Prussiens ne l'ont pas défendue, c'est que le commandant n'avoit pas reçu d'ordre, et que les Français y sont arrivés en même temps que la nouvelle de la bataille perdue. Les batteries. n'étoient pas faites, et la place étoit désarmée.

Pour donner une idée de l'extrême confusion qui règne dans cette monarchie, il suffit de dire que la reine, à son retour de ses ridicules et tristes voyages d'Erfurt et de Weimar, a passé la nuit à Berlin, sans voir personne; qu'on a été longtemps sans avoir de nouvelles du roi; que personne n'a pourvu à la sûreté de la capitale, et que les bourgeois ont été obligés de se réunir pour former un gouvernement provisoire. L'indignation est à son comble contre les auteurs de la guerre. Le manifeste, que l'on appelle à Berlin un indécent libelle où aucun grief n'a été articulé, a soulevé la nation contre son auteur, misérable scribe, nommé Gentz, un de ces hommes sans honneur qui se vendent pour de l'argent. Tout le monde avoue que la reine est l'auteur des maux que souffre la nation prussienne. On entend dire partout: Elle étoit si bonne, si douce, il y a un an. Mais depuis cette fatale entrevue avec l'empereur Alexandre, combien elle est changée!

Il n'y a eu aucun ordre donné dans les palais; de manière que l'on a trouvé à Postdam l'épée du grand Frédéric, la ceinture de général qu'il portoit à la guerre de sept ans, et son cordon de l'Aigle noire. L'EMPEREUR s'est saisi de ces trophées avec empressement, et a dit: «J'aime mieux cela que vingt mil» lions. » Puis, pensant un moment à qui il confieroit ce précieux dépôt: « Je les enverrai, dit-il, à mes vieux soldats de la guerre d Hanovre; j'en ferai présent au gouverneur, » des Invalides; cela restera à l'hôtel. »

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On a trouvé dans l'appartement qu'occupoit la reine, à Postdam, le portrait de l'empereur de Russie, dont ce prince lui avoit fait présent; on a trouvé à Charlottenbour; sa correspondance avec le roi, pendant trois ans, et des Mémoires rédigés par des écrivains anglais, pour prouver qu'on ne devoit

tenir aucun compte des traités conclus avec l'Empereur Napoléon, mais se tourner tout-à-fait du côté de la Russie. Ces pièces sur-tout sont des pièces historiques; elles démon treroient, si cela avoit besoin d'une démonstration, combien sont malheureux les princes qui laissent prendre aux femmes l'influence sur les affaires po itiques. Les notes, les rapports, les papiers d'etat étoient musqués et se trouvoient mêlés avec des chiffons et d'autres objets de la toilette de la reine. Cette princesse avoit exalté les têtes de toutes les femmes de Berlin; mais aujourd'hui elles ont bien changé. Les premiers fuyards ont été mal reçus: on leur a rappelé, avec ironie, le jour où ils aiguisoient leurs sabres sur les places de Berlin, voulant tout tuer et tout pourfendre.

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Le général Savary, envoyé avec un détachement de cavalerie, à la recherche de l'ennemi, mande que le prince de Hohenlohe, obligé de quitter Magdebourg, se trouvoit, le 25, entre Bathenau et Ruppin, se retirant sur Stettin. Le maréchal Lannes étoit déjà à Zehdenick; il est probable que les débris de ce corps ne parviendront pas à se sauver, être de nouveau entamés. Le corps bavarois doit être entré ce matin à Dresde: on n'en a pas encore de nouvelles. Le prince Louis-Ferdinand, qui a été tué dans la première affaire de la campagne, est appelé publiquement à Berlin, le petit duc d'Orléans Ce jeune homme abusoit de la bonté du roi, au point de l'insulter. C'est lui qui, à la tête d'une troupe de jeunes officiers, se porta, pendant une nuit, à la maison de M. d'Haugwitz, lorsque ce ministre revint de Pars, et cassa ses fenêtres. On ne sait si l'on doit le plus s'étonner de tant d'audace, ou de tant de foiblesse.

Une grande partie de ce qui a été dirigé de Berlin sur Magdebourg et sur l'Oder, a été intercepté par la cavalerie légère. On a déjà arrêté plus de soixante bateaux chargés d'effets d'habillement, de farine et d'artillerie. Il y a des régimens d'hussards qui ont plus de 500,000 fr. On a rendu compte qu'ils achetoient de l'or pour de l'argent à 50 pour cent de perte. Le château de Charlottenbourg, où loge l'EMPEREUA, est situé à une lieue de Berlin, sur la Sprée.

XX BULLETIN DE LA GRANDE - ARMÉE.

Charlottenbourg, le 17 octobre 1806. Si les événemens militaires n'ont plus l'intérêt de l'incertitude, ils ont toujours l'intérêt des combinaisons, des marches et des manœuvres. L'infatigable grand-duc de Berg se trou voit à Zehdenick le 26, à trois heures après midi, avec la brigade de cavalerie légère du général Lasalle; et les divisions de dragons des généraux Beaumont et Grouchy étoient en marche pour arriver sur ce point.

La brigade du général Lasalle contint l'ennemi, qui lúi

montra près de six mille hommes de cavalerie. C'étoit toute la cavalerie de l'armée prussienne, qui, ayant abandonné Magdebourg, formoit l'avant-garde du corps du prince de Hohenlohe, qui se dirigeoit sur Stettin. A quatre heures après midi, les deux divisions de dragons étant arrivées, la brigade du général Lasalle chargea l'ennemi avec cette singulière intrépidité qui a caractérisé les hussards et les chasseurs français dans cette campagne. La ligne de l'ennemi, quoique triple, fut rompue; l'ennemi poursuivi dans le village de Zehdenick, et culbuté dans les défilés. Le régiment des dragons de la reine voulut se reformer; mais les dragons de la division. Grouchy se présenterent, chargèrent l'ennemi, et en firent un horrible carnage. De ces six mille hommes de cavalerie, partie a été culbutée dans les marais; trois cents hommes sont restés sur le champ de bataille; sept cents ont été pris avec leurs chevaux; le colonel du régiment de la reine et un grand nombre d'officiers sont de ce nombre. L'étendard de ce régiment a été pris. Le corps du maréchal Lannes est en pleine marche pour soutenir la cavalerie. Les cuirassiers se portent en colonne sur la droite, et un autre corps d'armée se porte sur Gransée. Nous arriverons à Stettin avant cette armée, qui, attaquée dans sa marche en flanc, est déjà débordée par sa tête. Démoralisée comme elle l'est, on a lieu d'espérer que rieu n'échappera, et que toute la partie de l'armée prassienne qui a inutilement perdu deux jours à Magdebourg pour se rallier, n'arrivera pas sur l'Oder.

Ce combat de cavalerie de Zehdenick a son intérêt comme fait militaire. De part et d'autre, il n'y avoit pas d'infanterie; mais la cavalerie prussienne est si loin de la nôtre, que les événemens de la campagne ont prouvé qu'elle ne pouvoit temir vis-à-vis de forces moindres de la moitié. Un adjoint de l'étatmajor, arrêté par un parti ennemi du côté de la Thuringe, lorsqu'il portoit des ordres au maréchal Mortier, a été conduit à Custrin, et y a vu le roi. Il rapporte qu'au-delà de l'Oder, il n'est arrivé que très-peu de fuyards, soit à Stettin, soit à Custrin; il n'a presque point vu de troupes d'infanterie.

XXI BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Berlin, le 28 octobre 1806.

L'EMPEREUR a fait, hier 27, une entrée solennelle à Berlin. Il étoit environné du prince de Neuchâtel, des maréchaux Davoust et Augereau, de son grand-maréchal du palais, de son grand-écuyer et de ses aides-de-camp. Le maréchal Lefebvre ouvroit la marche à la tête de la garde impériale à pied; les cuirassiers de la division Nansouty étoient en bataille sur le chemin. L'EMPEREUR marchoit entre les grenadiers et les chasseurs à cheval de sa garde. Il est descendu au palais à trois heures après midi; il y a été reçu par le grand-maréchal du palais Duroc. Une foule immense étoit accourue sur sou

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