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Priverne, par Thémille atteint d'une blessure,
Pour y porter la main écarte son armure;
Imprudent de Capys le trait plus assuré
Vole, siffle, s'attache à son flanc déchiré;
Et, sous ses doigts cloués à sa plaie agrandie,
Rompt les tissus cachés où respire la vie.

Dans les champs phrygien, s'élevoit un héros,
Dont la beauté sauvage effaçoit ses rivaux :
Nourri dans la forêt au dieu Mars consacrée,
Le jeune Arcens, couvert d'une armure dorée,
Vint des bords du Symèthe, où Diane aux mortels
Offre un pardon facile au pied de ses autels.
Envoyé par son père aux champs de l'Hespérie,
Fier d'un tissu d'azur que broda l'Ibérie,
Arcens paroît. Mézence a jeté son carquois;
La fronde dans sa main tourne et gronde trois fois,
Perce du plomb fatal cette tête charmante,
Et de son jeune sang rougit l'herbe fumante.
Ascagne dans ce jour lança ses premiers traits :
Lassé d'épouvanter les monstres des forêts,
Au milieu des dangers il vint chercher la gloire.
Son cœur sollicitoit une illustre victoire,
Son bras sut l'obtenir. L'orgueilleux Numanus,
Fier du noeud qui l'unit à la soeur de Turnus,
Et de nouveaux honneurs enflant son espérance,
Devant les premiers rangs insolemment s'avance,
Et d'un cri menaçant provoque les Troyens :

«Peuple deux fois captif, comme aux champs phrygiens » Entouré vainement d'un rempart sacrilége,

» Oses-tu bien encore attendre un autre siége?

» Voilà donc quels guerriers prétendent en ce jour Conquérir l'hyménée et commander l'amour!

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» Insensés ! quel espoir, ou quel mauvais génie
>> Vous fit, pour une femme, aborder l'Italie ?
>> Ici point de Thersite, ici point de Sinon,
» Point d'Ulysse avec art couvrant la trahison.
>> Belliqueux rejetons d'une race guerrière,
» Nos enfans ont à peine entrevu la lumière
>> Dans les eaux du torrent ils sont trempés soudain,
>> Durcis sur les glaçons, éprouvés par la faim.

» Leurs bras dans la forêt va tendre l'arc sonore,

>> Pour devancer leur proie ils devancent l'aurore,
>> Et pour eux c'est un jeu d'accoutumer au frein
» Un coursier indompté qui résiste à la main,

» La jeunesse au travail ardente, opiniâtre,
>> Creuse péniblement une terre marâtre,
» Ou des grandes cités ébranle les remparts.

» Les pas de nos taureaux sont hâtés par nos dards;
» Même aux champs notre vie est une longue guerre.
» L'âge ne peut glacer notre ardeur printanière :
» Le casque avec orgueil presse nos cheveux blancs;
» Nos robustes vieillards se plaisent dans les camps;
» Et, chargés de butin, ils viennent sous la tente
» Déposer des vaincus la dépouille récente.

» Pour vous, de pourpre et d'or nuançant les couleurs, >> Des parfums onctueux aspirant les vapeurs,

» Au milien des festias votre race amollie,
» Couronne ses cheveux d'une mitre fleurie;
>> Et vos bras, énervés sous un voile de lin,
»Ne soulèvent qu'à peine un léger tambouria.
» Phrygiens, ou plutôt infâmes Phrygiennes,
» Allez sur le Dyndime, où les flûtes troyennes
» Frappent d'un double son l'antre mystérieux
» Consacré par vos chants à la mère des Dieux.
» Déposez la cuirasse, et fuyez les alarmes :

» Ce n'est qu'à des guerriers que conviennent les armes. ›› D'un généreux courroux Ascagne transporté

Respire la vengeance; et d'un bras irrité

Il recourbe son arc sur sa corde tendue, L'arme d'un trait ailé; puis les yeux vers la nue : «O Jupiter, dit-il, daigne exaucer mes vœux ! » Ah, punis par mes mains ce Rutule orgueilleux ! » J'irai vers ton autel, chargé de mes offrandes, » Conduire un taureau blanc couronné de guirlandes. >> Jeune encor, de sa corne arrondie en croissant » Il fatigue le tronc de l'orme vieillissant ; » Il provoque sa mère, il bondit dans la plaine, » Du pied creuse la terre et fait jaillir l'arène. » Jupiter l'entendit; et sous un ciel serein La foudre, vers la gauche, obéit au destin. Soudain le trait fatal vole au bruit du tonnerre, Et déjà le Rutule a mordu la poussière.

«Insulte à ces Troyens par deux fois prisonniers; >> Voilà comme aux affronts répondent des guerriers. »> Ainsi parloit Ascagne, et mille cris de joie Proclamoient le héros et le vengeur de Troie.

H. GASTON.

ENIGM E.

TOUJOURS en l'air, toujours en peine,

La moitié de mon corps sur l'autre se promène;
Tantôt je monte, et tantôt je descends;
Je parois d'humeur noire à quiconque m'aborde;
Je fais bien pis, je lui montre les dents;
C'est pour tant sans que je le morde.

LOGOGRIPHE.

UNE obscure prison, lecteur, est mon séjour,
Et jusques à me perdre on pousse mon supplice.
Malgré ces cruautés, et la ruit et le jour,
Je suis en mouvement pour te rendre service.
Si ce début ne paroît assez clair,

En me définissant, tu pour as me connoître.
J'offre dans les neufs pieds qui composent mou être,
Ce qu'on prend en été plus souvent qu'en hiver;
Un fleuve, une arme à feu ; cet inmortel génie
Qui nous intéressa pour l'amant de Junie;
Une montagne où croît un bois fort odorant;
Certain écrit légal qui pour un temps nous lie;
L'endroit où les vaisseaux sont à l'abri du vent;
Un printre gracieux; Pamante infortunée,
Pour prix de ses bienfaits dans Naxe abandonnée;
De son époux j'offre un surnom latin;
Un faux Dieu révéré par le Samaritain;

Pour les nochers un objet redoutable;
Un pays dont le sort inspire la terreur;
Un homme vertueux, et son frère exécrable;
Ce qui plus d'une fois fit tomber un acteur;
La ville que fonda le petit fils d'Anchise;
Mais de mon nom assez je t'ai fait l'analyse.

CHARADE.

C'EST par excès d'esprit qu'on devient mon premier;
Lorsque l'on n'a pas d'or on devient mon dernier;
Et c'est un grand défaut que d'être mon entier.

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme du dernier N°. est Fuseau

Celui du Logogriphe est Echalote.

Celui de la Charade est Pas-sable.

Les Mille et une Nuits, contes arabes, traduits en français par M. Galland, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, professeur de langue arabe au Collège Royal; continués par M. Caussin de Perceval, professeur de langue arabe au Collège Impérial. Neuf volumes in-18. Prix: 20 fr., et 26 fr. par la poste. A Paris, chez le Normant, imprimeur - libraire, rue des Prêtres Saint-Germainl'Auxerrois, n° 17.

AVANT de parler des Mille et une Nuits, il ne sera peutêtre pas inutile d'examiner quels sont les caractères de la Fable, du Conte et du Roman, afin qu'on ne les confonde pas, et qu'on n'applique point aux uns ce qui ne convient qu'aux autres. L'esprit de l'homme aime la lumière, et rien de ce qui peut l'éclairer ne doit être négligé.

M. l'abbé Girard a dit que la fable est une aventure fausse divulguée dans le public, et dont on ignore l'origine; que le conte est une aventure feinte, et narrée par un auteur connu; que le roman est un composé et une suite de plusieurs aventures supposées.

Nous observerons sur cette définition, plus succincte que satisfaisante, que M. l'abbé Girard paroît n'avoir voulu parler de la fable, que pour qualifier ces bruits populaires qui n'ont aucun but, et dont l'oisiveté fait sa pâture habituelle; qu'il étoit plus convenable de les dédaigner, et de caractériser les fables écrites, dans lesquelles nous puisons tout à-la-fois un plaisir innocent et d'utiles leçons; qu'il y a des fables, des contes et des romans dont les auteurs sont connus; qu'il y en a d'autres dont l'origine est ignorée, mais que cette connoissance ou cette ignorance n'est pas un caractère distinctif; qu'on ne peut pas dire que l'aventure contenue dans une fable est nécessairement fausse, puisqu'il est souvent arrivé que des événemens véritables ont servi de fondement à plusieurs fables; que la fausseté induit en erreur, et emporte l'idée d'une tromperie; qu'il n'y a ni erreur ni tromperie dans les fables, puisque les aventures qu'elles renferment ne sont point présentées comme des faits véritables, et qu'elles sont même assez ordinairement impossibles; que cette réflexion peut s'étendre aux contes, mais qu'on ne peut l'appliquer aux romans, comme nous le verrons tout-à-l'heure; que le

nombre des aventures qui composent une fable, un conte ou un roman, n'est pas encore un signe qui puisse les faire reconnoître, attendu que ce nombre est variable au gré de l'auteur; et que fùt-il déterminé par une règle expresse, il ne pourroit pas indiquer la nature de chacun, puisqu'un nombre ne porte à l'esprit qu'une idée simple de quantité, sans toucher au fonds du sujet.

C'étoit ce fonds qu'il s'agissoit de découvrir et de montrer clairement. M. l'abbé Girard ne l'ayant point fait, nous allons tâcher de suppléer à l'insuffisance de son explication.

La fable, telle que les Grecs et les Romains nous l'ont transmise, et telle que notre La Fontaine l'a recueillie, est ordinairement une aventure que l'on suppose appartenir à des êtres vivans ou inanimés, mis en action pour amuser et pour corriger les hommes.

Le conte, tel qu'il nous est venu de l'Orient, est une ou plusieurs aventures familières, représentées d'une manière simple ou merveilleuse, pour amuser et pour instruire.

Le roman, tel que nous l'avons conçu, est un composé d'aventures extraordinaires, dans lesquelles on voit les hommes tels qu'il est possible de desirer qu'ils soient, mais tels qu'ils ne sont jamais.

Les aventures des fables sont inventées à plaisir, mais le fonds de la morale que l'on en tire est rempli de vérité. Ces aventures ne trompent personne; elles plaisent à tout le monde, et la morale en est toujours utile.

Les aventures des contes sont tirées de la vie commune de l'homme: si elles sont représentées simplement, on peut les croire sans erreur et sans danger; s'il y entre du merveilleux, les honnêtes gens s'en amusent encore, et quelquefois ils y trouvent des exemples qui leur tiennent lieu de l'expérience.

Les aventures des romans peuvent être véritables, mais les sentimens que l'auteur prête à ses héros sont exagérés et faux; ils jettent dans l'erreur et trompent les jeunes gens, qui les préferent, dit M. l'abbé Girard, au naturel simple de la vérité.

On peut donc dire qu'il y a plus de vérité morale dans les fables, et plus de vérité d'action dans les contes que dans les romans; que l'erreur et la tromperie sont même inhérens à la nature de ceux-ci: d'où nous concluons que les fables sont des feintes utiles, les contes des suppositions agréables, et les romans des faussetés pernicieuses; que les fables corrigent, que les contes instruisent, et que les romans troublent l'esprit et le jugement..

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