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Je suis parfois brillante,

Et toujours très-piquante;

Mais si je perds la tête, adieu tous mes amis,
Je suis en butte alors au plus parfait mépris.

LOGOGRIP HE.

Dix lettres composent mon nom :
Je suis personne, je suis chose;
Et certainement quiconque ose
Me violer est un fripon.
Cependant, lecteur, je t'assure
Que lorsqu'on pénètre chez moi,
L'on peut être de bonne foi;
Mais alors je suis un parjure.
Trève à ces contradictions
Qui pourroient me faire connoftre:
Voici de sûres notions

Qu'on trouve en disséquant mon être.
De la nature en moi je porie le rival;
De plus un petit animal

Qu'à détruire l'homme s'obstine,
Parce qu'il vit à ses dépens;
Souvent même l'on s'imagine
Le trouver chez d'honnêtes gens,
Remplis d'esprit et de talens;
J'offre encore le synonyme
D'une défectuosité;

De Boileau le genre sublime;
Un monstre de l'antiquité;
Le vieux nom d'une isle conquisé
Par les Musulmans, sur Venise;
Ce mal-adroit qui traversa les airs,
Et se noya, laissant son nom aux mers;
Le royaume d'Hiram; une fort grande cruche;
L'un des profits qu'on tire d'une ruche;
L'abri d'un jardinier, ce qu'un sage doit faire,
Ainsi que moi, si je veux plaire;

Car à la fin tu me découvrirois,

Et quand je m'ouvre trop tu me trouves mauvais.

CHARADE.

Dès qu'un enfant peut doubler mon premier,
Il enchante l'oreille et le cœur de son père;
Mon second et l'Amour accompagnent Glycère.
Quand reviendrai-je, hélas! habiter mon entier.

Par un Parisien relégué en Touraine.

· Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme du dernier N°. est Chaine.

Celui du Logogriphe est Corsaire, où l'on trouve roi, cor, or, rosaire,

rose.

Celui de la Charade est Chauve-souris,

Lettres inédites de Mirabeau, Mémoires et extraits de Mémoires écrits en 1781, 1782 et 1783, dans le cours de ses procès de Pontarlier (en réhabilitation), et de Provence ( en séparation) avec sa femme. Le tout faisant suite aux lettres écrites du donjon de Vincennes. Un vol. in-8°. Prix : 6 francs, et 7 francs 50 cent. par la poste. A Paris, chez le Normant, libraire, rue des Prêtres Saint-Germainl'Auxerrois, n°. 17.

СОММЕ on parloit devant Voltaire du projet qu'on avoit de faire imprimer ses lettres à l'abbé Moussinot, croyez-moi, dit-il, brûlez ces paperasses, je crains qu'on ne m'y voie trop en laid ou trop en négligé. On vous y verra, lui répondit-on, tel que vous avez été; et ces lettres furent bientôt après publiées. Qu'eût-il dit s'il eût pu prévoir l'horrible abus qu'on feroit après lui de l'imprimerie, et que le moment viendroit, où, non-seulement ses lettres à l'abbé Moussinot, mais toutes ses lettres, et non-seulement les siennes, mais celles de tout homme un peu connu, et nonseulement les lettres, mais encore les mémoires, les extraits de mémoires, toutes les paperasses qu'on pourroit recueillir d'un homme qui auroit fait du bruit, seroient imprimés; et qu'au moyen des préfaces, des notes, des explications dont on les chargeroit, on en feroit de gros livres, plus gros qu'aucun des chefs-d'œuvre de l'antiquité? Qu'eût-il dit? C'est alors qu'il eût tremblé pour sa gloire; et je ne crois pas qu'il se fût contenté de manifester froidement son improbation.

Ainsi donc, il ne sera plus permis à l'homme qui a quelque renommée, d'épancher son cœur dans une lettre, ou quand il le fera, il devra trembler d'être un jour traduit pour cette lettre même au tribunal de la postérité, et d'y être jugé sur

les confidences même qu'il aura cru ne faire qu'à l'amitié. Ainsi, lorsqu'il lui arrivera d'écrire quelques phrases sans suite et sans ordre, qui ne doivent servir qu'à lui rappeler d'autres idées dont il veut faire usage en un autre temps, il aura toujours à craindre que ces mêmes phrases ne soient données un jour comme l'expression de son caractère ou la mesure de son talent. Et les grands écrivains, après avoir passé de longues journées et de plus longues nuits à chercher les mots propres et les meilleures tournures, après avoir péniblement travaillé toute leur vie à faire dire à la postérité, qu'ils furent des auteurs corrects et élégans, seront forcés de comparoître devant elle, chargés de toutes les négligences qui annoncent les mauvais écrivains! Et pour comble d'injustice, ceux qui les montreront en cet état auront le courage de dire qu'ils les font voir tels qu'ils ont été.

Travaillez maintenant, hommes célèbres; polissez, limez vos ouvrages; tâchez de ne rien offrir au public qui ne soit digne de la réputation que vous vous êtes acquise : avec du temps et de la peine, vous en viendrez peut-être à bout; et dans ce cas, si un critique trop sévère s'élève contre vos succès, le public lui-même s'élévera contre le critique, et vous vengera de son injustice. Mais qui vous protégera contre cette armée d'éditeurs toujours aux aguets pour surprendre tous les chiffons mal déchirés par vous, et qui n'attendent que le moment de votre mort, pour les faire imprimer, comme faisant suite à vos œuvres; qui iront de tous les côtés 'mendier les divers billets que vous aurez écrits pour en faire le même usage, qui peut-être publieront jusqu'à ceux mêmes que vous leur aurez adressés, et qui se vanteront encore d'être vos amis et vos admirateurs? Amis maladroits, mille fois plus redoutables pour vous que les censeurs mêmes les plus injustes, puisque ceux-ci au moins ne cherchent des faules que dans les ouvrages que vous avez vous-mêmes exposés à la censure, et que les autres vous poursuivent jusque dans

le fond de votre retraite, pour y surprendre tous vos secrets et toutes vos foiblesses: admirateurs imprudens qui ramassent toutes les ordures de votre cabinet, et qui les vendent au public comme des trésors précieux; charlatans ridicules, qui ne nous font voir de vous qu'un portrait défiguré, chargé de haillons, et qui nous crient encore que Vous voilà tel que vous fútes.

Mon intention n'est pas de me rendre ici le champion de M. de Mirabeau, ni de défendre jamais sa mémoire contre ceux qui l'attaqueront franchement, c'est-à-dire en lui opposant les actions qu'il a faites, et les écrits qu'il a publiés. Certes, ce n'est pas moi qui me porterai pour défenseur d'un tel homme, et d'un tel écrivain. Je pense au contraire qu'il ne fut ni un homme assez remarquable, ni un auteur assez distingué, pour qu'on ait pu raisonnablement se flatter, que son nom, placé sur le frontispice d'un livre, suffiroit à le faire. acheter. Mon unique intention, c'est de dire, et de bien faire entendre à tous les lecteurs, que ce livre, quand même il ne seroit pas de M. de Mirabeau, ne seroit et ne pourroit être encore qu'un fatras inutile, un recueil de paperasses, indigne de l'attention publique. Mon unique but, c'est de ne laisser passer aucune occasion de verser sur de parcils livres tout le mépris qu'ils méritent.

Des lettres inédites, des mémoires, des extraits de mémoires', le tout faisant suite, etc. Il me semble que tous les hommes qui se sont fait un nom fameux par leurs actions ou par leurs écrits, devroient se liguer contre tout éditeur d'un recueil qui porteroit un pareil titre: il s'agit ici de leur intérêt le plus cher, il s'agit de leur gloire même, qui est toujours par quelque endroit attaquée dans ces sortes de compilations. Je dis plus; tous les amis de la bonne littérature devroient aussi réunir leurs efforts pour les décréditer; car, enfin, il n'est pas vrai que tout ce qui est tombé d'une plume célèbre, soit fait par cette raison seule pour nous intéresser. Au' con

traire, un mauvais ouvrage, lorsqu'il est produit par un bon écrivain, n'en doit paroître que plus mauvais; et il me semble encore que, par respect pour son auteur (on sent bien que je ne parle pas de M. de Mirabeau ), par celui qu'on doit aux bonnes études, par celui qu'on doit au bon goût; loin d'en multiplier les copies, il faudroit, s'il étoit possible, en effacer jusqu'au souvenir. Qu'on y prenne garde, les grands hommes en tout temps sont rares; mais le nombre de ceux qui préten→ dent à ce titre est toujours fort grand; et si on s'accoutume à estimer, à rechercher un ouvrage, sur le nom seul de celui qui l'a fait, sans considérer ni le fond, ni la manière dont le sujet est traité, on ne manquera jamais d'écrivains qui se croieront assez importans pour pouvoir se présenter au public dans leur négligé. Alors plus d'études, plus de travail : tout homme qui aura une fois fait un livre estimable, croira avoir acquis le droit d'en publier de mauvais, sans que sa gloire ou ses intérêts en souffrent; son exemple en entraînera d'autres qui en publieront de plus mauvais encore; et de proche en proche, la paresse deviendra le défaut de tous les auteurs, et la négligence celui de tous leurs ouvrages.

Proscrivons donc ce fatras d'écrits inutiles, dont le moindre inconvénient est d'en faire naître de plus inutiles encore. Surtout n'ayons point d'indulgence pour les éditeurs de lettres, je dis, de ceux même qui font imprimer des lettres qui ne leur ont pas été adressées, de ceux même qui, en le faisant, n'ont du moins pas violé le dépôt qui leur fut confié par l'amitié. A plus forte raison, repoussons sans ménagemens ceux qui publient des lettres de leur ami, des lettres où ils nous le font voir sous des traits tantôt communs et tantôt odieux, et qui nous disent : «< Voilà mon ami, le voilà tel qu'il fut. » Car enfin, mettons les choses au pire, et supposons (ce qui étoit le cas de Voltaire et du plus grand nombre de ses correspondans), que ce soient des conspirateurs qui s'écrivent. Je dirois à un éditeur : De quel droit révélez-vous les secrets de votre

complice ?

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