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premiers hommes, disent bon, bon, au lieu de dire excellent Les répétitions de phrases s'excusent jusqu'à un certain point de la même manière; mais l'incohérence au moins apparente de quelques pensées, et ces sortes de refreins qui reviennent quelquefois à chaque verset d'un Pseaume, ne peuvent bien s'expliquer que par le systeme que l'auteur de cet ouvrage cherche à établir. Laissons-le lui développer.

«Il reste, dit-il, à découvrir dans ces cantiques les beautés » de composition et d'ensemble, fruits de la régularité du » plan et de la sagesse de la distribution, sans être dévoyé » par les écarts apparens de l'ode. Le principal moyen de » parvenir à ce but sera de remonter à la coupe primordiale » des Pseaumes, et d'en faire l'application à chacun d'eux.

» ... Il n'existe aucun Pseaume qui n'ait été chanté en » musique auprès du sanctuaire, au moins par une voix isolée, » et pour une partie de ce cantique, quand elle n'étoit pas » chargée de l'exécuter en plein.... Le choeur des chautres, » ajoute-il ailleurs, n'intervenoit pas toujours à l'exécution » des Pseaumes dans le temple de Jérusalem; et lorsqu'il y » étoit admis, ce n'étoit jamais qu'un seul et même chœur. » Nos deux chœurs alternatifs n'étoient pas connus des Hé» breux. Ils distinguoient ces cantiques en monologues com» plets ou incomplets, et en dialogues. Un Pseaume chanté » par une seule voix est un monologue complet, quand le » chœur n'y paroît point: il devient incomplet par l'intro» duction du choeur; et rarement le choeur est omis dans les >> Pseaumes dialogués, ceux où plusieurs voix isolées se funt. >> eptendre. >>

Cela posé, l'auteur exécute son travail sur le Pseautier, c'est-à-dire qu'il cherche quels sont les Pseaumes qui étoient chantés par une seule voix, ceux qui l'étoient par plusieurs; et dans ceux-ci, quels étoient les versets chantés par la pre mière voix, ceux qui l'étoient par la seconde, par la troisieme, etc.; enfin, quels étoient ceux qui l'étoient parle chœur Il est clair qu'on n'exige pas que deux personnes qui se répondent mettent dans leurs idées la liaison qu'on a droit d'attendre de celui qui fait un discours suivi: il est clair encore que ces demi-phrases qu'on trouve quelquefois répétées à chaque verset d'un Pseaume, loin de sembler des défauts, deviendront de véritables beautés, lorsqu'on supposera que ce sont des refreins qui étoient chantés par les choeurs. Par exemple, dans le Pseaume 135, chaque verset finit par ces mots: Quoniam in sæculum misericordia ejus (1): et cette répéti

(1) Dans le Pseautier de Milan, au lieu de ces mots, on trouve ceux⚫i: Quoniam bonus.

tion paroît assez fastidieuse, au moins dans nos églises, où ces mêmes mots sont à chaque instant chantés par les deux choeurs. Mais si on suppose que la première partie du verset est chantée par une seule voix qui expose successivement tous les bienfaits du Créateur, et que c'est le choeur qui répond à chaque partie de ce tableau par l'expression de sa reconnoissance toujours la même, il me semble que ce refrein donne alors au Pseaume entier une solennité, et à ce tableau une magnificence à laquelle il est impossible de rien ajouter.

Je ne suis point de l'avis de l'auteur dans les motifs qu'il prête à David, et qui, selon lui, l'engagèrent à distribuer ses pseaumes de cette maniere: « Il falloit, dit-il, à un peuple

conduit par les sens une musique plus attrayante et plus » diversifiée qu'une simple psalmodie à deux choeurs consé

cutifs. Des dialogues avec le choeur ou sans le càœur, et » des monologues complets ou incomplets avoient pour lui » des charmes tout autrement séduisans et enchanteurs. Il ne » devoit quitter qu'à regret le temple du Très-Haut, et le » plaisir qu'il avoit savouré à y entendre et comparer plu»sieurs voix, à prononcer sur leur agrément, leur éclat, leur » flexibilité, à discuter le mérite de la touche ou du jeu des » instrumens qui accompagnoient ces voix et le chœur, le » passionnoit pour ce genre de spectacle.... Le roi prophète » connoissoit le caractère de son peuple; il n'a rien omis » pour le captiver, etc. »

Il y a dans ces réflexions une sorte de bonhomie qui est bien respectable sans doute, mais que j'aime encore mieux trouver dans les hommes que dans les livres, Ne diroit-on pas que le roi David appeloit les Juifs dans le temple du TrèsHaut comme à un spectacle, pour l'amuser, et lui donner le plaisir de juger des voix, de prononcer sur leur éclat, leur flexibibité, de discuter le mérite de la touche ou du jeu des instrumens, etc.? Si cela est, il ne reste plus qu'à chercher si le lendemain de chaque fête, il ne paroissoit pas quelque Feuilleton où l'on rendoit compte de la manière dont chaque partie avoit été exécutée, et où on discutoit aussi le mérite de chaque acteur.

Ce peuple étoit conduit par les sens! Eh! quel peuple ne l'est pas? Croit-on que notre psalmodie, toute monotone, toute uniforme qu'elle est, ou du moins qu'elle paroît à notre auteur, n'influe pas aussi très-puissamment sur l'imagination, et que l'Eglise, sans avoir pour objet de donner du plaisir au peuple, n'ait pas cherché à distribuer ses fêtes de manière à remuer nos ames par le moyen des sens? La musique des Juifs pouvoit être plus belle et plus agréable : nos choeurs alter

natifs me semblent avoir quelque chose de plus solennel et de plus majestueux; peut-ê re mème sont-ils plus adaptés au goût général et aux habitudes du peuple. Si j'avois le temps, de développer ici cette vérité, ce n'est point parmi nos docteurs et nos théologiens que j'irois chercher des autorités; je les trouverois parmi nos philosophes, et sur-tout dans celui d'eux tous qui a le mieux connu la musique. Voyez ce que J. J. Rousseau dit de ces grands chœurs a diverses parties, dont l'harmonie, si ravissante pour nous, lui paroît entièrement contraire à la nature. « Lorsque j'entends, dit-il, chanter >>nos Pseaumes à quatre parties, je commence par être saisi, >> ravi de cette harmonie pleine et nerveuse; et les premiers >> accords, quand ils sont entonnés bien juste, m'émeuvent jus» qu'à frissonner. Mais à peine en ài-je écouté la suite pen»dant quelques minutes, que mon attention se relâche, le >> bruit m'étourdit peu à peu; bientôt il me lasse, et je suis » enfin ennuyé de n'entendre que des accords.» Le même philosophe prouve très-bien dans un autre endroit, que le peuple, dont il faut au moins consulter les habitudes, quand on veut s'occuper de ses plaisirs, ne chante presque jamais qu'à l'unisson; et enfin il prétend que ce plain-chant Grégorien, qui paroît au premier coup d'oeil si simple et si monotone, est pourtant un reste précieux, et le seul que nous ayons de cette ancienne musique grecque qui, au rapport de tous les auteurs, influeit si puissamment sur les ames.

Non, je ne conviendrai jamais que notre psalmodie, exécutée par un peuple entier, soit moins belle et moins touchante que des parties exécutées par une ou deux voix qui se répondent symétriquement. Je n'accorderai pas même à notre auteur que ces Pseaumes qui, dans la distribution de nos. offices, reviennent toujours les mêmes, aux mêmes jours de la semaine, et aux mêmes heures de chaque jour, puissent, par leur retour trop fréquent, exciter la critique, et qu'enfin nous ayons, même à cet égard, quelque chose à envier aux Juifs. Ecoutez, au moment que le soleil commence à éclairer notre horizon, ces chants qui s'élèvent; dans un instant il éclairera un horizon différent, et les mêmes chants salueront son retour dans les divers pays. Lorsqu'il sera parvenu au milieu de sa course, il entendra d'autres chants s'élever vers lui, et le même cri de reconnoissance, parti de tous les points de la terre, le poursuivra dans sa course entière. Demain, et le jour suivant, le même concert recommencera encore, siècle en siècle, de génération en génération, de pays en pays, il ne cessera d'entendre retracer les mêmes bienfaits, exprimer les mêmes sentimens, et toujours aux mêmes heures, de la

et de

même manière, dans le même langage. Quelle sublime monetonie! Quelle ravissante uniformité!

Ils sont tombés ces temples superbes que l'antiquité païenne éleva à ses Dieux fabuleux, et à peine pouvons-nous retrouver dans nos livres quelques restes de ces chants poétiques qui les firent autrefois retentir. Il est tombé aussi le temple des Juifs, et, comme eux, il ne se relevera plus; mais dans ce temple, le vrai Dieu fut autrefois honoré, et ces mêmes chants par lesquels on y célébroit autrefois sa bonté et sa puissance, se sont conservés. La terre entière les répète, la terre entière est devenue le temple de Dieu. Du milieu de nos villes, et du milieu de nos campagnes, le même concert s'élève vers lui. Fermez nos églises, renversez-les, il s'élevera du milieu des chaumières. Non, il n'est plus au pouvoir humain de l'arrêter, ou de le faire cesser.

Je ne sais enfin si la pompe avec laquelle notre auteur prétend que les Pseaumes étoient chantés dans le temple des Juifs, valoit mieux que la simplicita avec laquelle nous les récitons; mais lorsque, dans un jour de 'solennité, je parcours des yeux une vaste campagne, j'aime à me dire que, de toutes ces humbles églises dont la flèche attire de loin mes regards, les mêmes chants s'élèvent au même instant et de la même manière vers le même Dieu, et que le pauvre habitant de nos villages ne fait pas moins pour lui que le riche habitant de pos superbes villes; et lorsque je songe que ces chants sont ceux qui furent autrefois composés pour un temple plus magnifique, et que, depuis plus de quatre mille ans, on les répète avec les mêmes accens, je ne puis que m'écrier encore: Quelle sublime monotonie! Quelle ravissante uniformité!"

Je dois avouer que l'application que l'auteur a faite de ses principes aux divers Pseaumes, ne m'a point paru toujours également heureuse. Par exemple, dans le Pseaume qui commence par ces mots : Exurgat Deus et dissipentur inimici ejus, il suppose que ce premier verset étoit chanté par une seule voix; que le second, et fugiant qui oderunt cum a facie ejus, étoit chanté par une seconde voix, et que le chœur répondoit à ce dialogue par le troisième verset: Sicut deficit fumus deficiant. Cela peut être vrai; mais à moins que l'auteur n'ait retrouvé la partition de cette musique, il lui seroit difficile de le démontrer. Il n'y a pas de raison pour qu'on ait employé deux voix à réciter successivement ce qui pouvoit être très-bien dit par une seule; et ici le chœur ne me paroît encore faire autre chose qu'achever la phrase qui a été commencée par les deux voix. Tout cela me paroît arbitraire; et s'il m'étoit permis d'avoir un sentiment en matière pa

reille, je croirois au contraire que ce Pseaume étoit commencé par le chœur.

Ces paroles, exurgat Deus dissipentur et inimici ejus, sont les mêmes qui étoient prononcées dans le désert au moment que les Lévites levoient l'arche, soit qu'on eût à s'avancer contre l'ennemi, soit qu'on voulût simplement changer de station. Aïebat Moïses: c'est l'expression de l'Ecriture; mais il est probable que ces paroles de Moïse étoient répétées par le peuple entier. Il me semble qu'elles renferment l'expression d'une ardeur et d'un enthousiasme dont un homme seul n'est pas capable. Doit-on supposer que David eût voulu en affoiblir l'effet, et qu'il eût établi l'usage de faire dire par une seule voix, dans le temple, ces paroles qui s'étoient transmises d'âge en âge comme le cri d'un peuple entier plein de confiance en son Dieu ?

Ces observations sont peu importantes, et je desire sincerement que l'auteur continue son travail, dont il ne publie encore que le premier volume. Je ne dirai rien de sa traduction, qui m'a paru avoir le mérite de toutes les traductions des Pseaumes, c'est-à-dire celui d'édifier, et de se faire lire avec intérêt. QUAIRARD.

VARIÉTÉ S.

SITTÉRATURE, SCIENCES, ARTS, SPECTACLES, ET NOUVELLES LITTÉRAIRES.

N. B. L'importance des pièces officielles publiées cette semaine, nous oblige à donner, dans ce numéro, plus d'étendue à la partie politique.

- M. Barthez, médecin consultant de S. M. l'EMPEREUR et Roi, membre de la Légion d'honneur, associé de l'Institut, président de la Société médicale d'émulation, distingué par de vastes connoissances, de longs et d'ntiles services, et par des travaux nombreux qui ont enrichi les sciences anatomiques, physiologiques et médicales, est mort mercredi dernier, 16 octobre, dans un âge avancé, à la suite d'une maladie longue et aiguë.

L'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de

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