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LOGO GRIPHE.

Je suis, mon cher lecteur, ta plus fidelle armie
Au faîte des grandeurs et dans l'adversité,
Je te reste toujours: vois ma fidélité,

Tu ne me perds qu'avec la vie.

Des malheureux amans

Je soutiens seule la constance,

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Et je leur dis: souffrez quelques mois de tourmens
Pour un instant de jouissance.

Dans mes neuf pieds, cherches, en t'amusant,
L'amant
courageux d'Andromède;
Certain pays enchanteur, ravissant,
Où parmi les plaisirs on trouve son remède;

Ce qu'un gourmand aime à remplir;
Un peuple très-fameux, vaincu por Alexandre ;
Un sentiment que tu ne peux comprendre,
Et qui fuit loin de toi quand tu crois le saisir ;
Ce qui contient ton cerveau;

Le fondateur d'un ordre austère,

Où, tout vivant, on se plonge au tombeau.
Mais, j'en ai dit assez, il est temps de me taire ;
Je suis femme, et j'ai peine à subir cette loi.
Adieu, mon cher lecteur, je te laisse avec moi.

CHARADE.

POUR chercher mon premier tu cours jusqu'à la Chine;
Au sein de tes foyers tu trouves mon second;
Pour monter sur mon tout, souvent un lourd Pradon
De son maigre Pégase a fatigué l'échine,

Et n'a remporté qu'un affront.

Mots de l'ENIGME, du LOCOGRIPHE et de la insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme du dernier No. est Placel.

Celui du Logogriphe est Esprit.

Celui de la Charade est Haut-bois,

chez

Baisers de Jean Second, traduction de Tissot. Un vol. in-12. Prix : 2 fr. 50 c., et 5 fr. 25 c. par la poste. A Paris, Fain et comp., imprimeurs-libraires, rue Saint-Hyacinthe, n° 25; et chez le Normant. Le même ouvrage, traduction de P. S. Heu. In-8°, Prix: 2 fr., et a fr. 5o c. par la poste. A Paris, chez Arthus Bertrand, libraire, rue Hautefeuille; et chez le Norman.

PAR

ARMI les divers genres de poésie, celui qui sera toujours le plus cultivé, c'est le genre érotique. Nul autre n'offre autant de facilités, d'attraits et d'encouragemens. La malheureuse indulgence de l'homme pour tous ceux qui flattent bien ou mal ses passions, assure éternellement aux poètes érotiques des lecteurs et des succès. On lira cent idylles, cent madrigaux ou triolets médiocres, avant de jeter un seul coup d'œil sur les odes sacrées de Rousseau ou de Pompignan. Une académie accueillira avec empressement l'auteur de quelques baisers mielleux, et fermera ses portes à l'auteur du Poeme de la Religion.

Aussi la plupart des poètes érotiques connoissent si bien les dispositions des lecteurs, qu'ils s'abandonnent en toute assurance à leur imagination; ils savent qu'on leur fait grace de tout en faveur du sujet, La négligence est regardée comme un aimable abandon, l'incorrection comme un affranchissement nécessaire du joug pédantesque de la grammaire. Se pâmer, se trouver mal à tous momens, c'est une douce sensibilité; ne savoir où l'on est, demander son chemin aux passans, c'est un heureux délire; cueillir toujours des roses ou du miel sur les lèvres de son amante (1), c'est de la grace et de la délicatesse.

Il ne faut donc pas s'étonner que les Baisers de Jean Second aient été goûtés d'un si grand nombre de lecteurs. Ses Sylves, ses Elégies, dont on peut louer en général le style et les pensées, sont demeurées inconnues, tandis que quatre traducteurs français ont pris plaisir à nous transmettre ses Baisers, Dorat, Mirabeau, M. Tissot et M. Heu; mais enfin le prestige commence à se dissiper. Déjà, un des deux nouveaux traducteurs,

(1) Non dat basia, dat Neæra nectar.

JEAN SECOND.

M. Tissot, avoue dans quelques endroits que l'auteur n'est pas clair, et dans d'autres, qu'il n'a pas le sens commun. Cet aveu m'encourage, et me donne plus de hardiesse pour approcher des Baisers de Jean Second le flambeau de la critique. Examinons d'abord le premier, celui de tous qui peut le moins blesser les regards du lecteur:

Cum Venus Ascanium super alta Cythera tulisset
Sopitum, teneris imposuit violis :

Albarum nimbos circumfuditque rosarum,
Et totum liquido sparsit odore locum.
Mox veteres animo revocavit Adonidis ignes,
Notus et irrepsit ima per ossa calor.
O quoties voluit circumdare colla nepotis !
O quoties dixit, talis Adonis erat!
Sed placidam pueri metuens turbare quietem
Fixit vicinis basia mille rosis.

Ecce calent illæ, cupidoque per ora Diones
Aura, susurranti flanine, lenta subit;
Quotque rosas tetigit, tot basia nata repente
Gaudia reddebant multiplicata Deœ.
'At Cytherea natans niveis per nubila cycnis:
Totius terræ cœpit obire globum;
Triptolemique modo, fecundis oscula globis
Sparsit, et ignotos ter dedit ore sonos.
Inde seges felix nata est mortalibus ægris:
Inde medela meis unica nata malis.

.

Salvete æternum, misera moderamina flammæ
Humida de gelidis basia nata rosis.

En ego sum, vestri quo vale canentur honores,
Nota Medusai dum juga montis erunt;
Et memor Encadum, stirpisque disertus amatæ,
Mollia Romulidum verba loquetur amor.

«Vénus ayant transporté à Cythère le petit Ascagne en» dormi, le posa sur un lit de violettes; elle étendit autour » de lui des nuages formés de roses blanches, et embauma » d'un parfum délicieux l'air qui l'environnoit. Bientôt la » vue du jeune Troyen rappelle à la déesse l'image de son >> Adonis : ce souvenir rallume dans son ame tous les feux » dont elle fut jadis embrasée. O combien de fois elle voulut » presser Ascagne dans ses bras! Combien de fois elle s'écria: » Tel étoit Adonis! Mais craignant de troubler le sommeil » paisible de l'enfant, elle couvre de baisers les roses qui l'en>>vironnent; les roses s'enflamment sous les lèvres de la » déesse; le souffle amoureux des zéphyrs s'insinue avec un » doux murmure dans la bouche ardente de la déesse. Autant » elle touche de roses, autant elle fait naître de baisers, » rendent et multiplient ses plaisirs. Soudain, s'élevant légèqui >>rement dans les airs sur un char traîné par des » tans de blancheur, elle commence à se promener dans tout cygnes écla

>> l'univers; comme Triptolème, elle sème des baisers dans le » sein de la terre fécondée, en prononçant trois fois des » paroles mystérieuses. Cette précieuse semence a produit >> cette heureuse moisson qui adoucit les maux des mortels, >> cette unique consolation qui me soutient dans mon mal» heur. Salut, ô soulagemens délicieux d'une malheureuse >> flamme! Salut, baisers humides que des roses fraîches ont >> enfantés, voici votre poète, qui consacrera ses chants à votre » gloire, aussi long-temps que la double colline sera connue » des mortels, aussi long-temps que l'éloquent amour, » protecteur d'Enée et de sa race chérie, répétera les tendres >> accens des Romains qu'il inspira. »

Avant d'examiner le plan de la pièce, jetons rapidement un coup d'œil sur les vers. Les quatre premiers ont d'abord le défaut de rappeler quatre meilleurs vers de Virgile:

At Venus Ascanio placidam per membra quietem
Irrigat, et folum gremio dea tollit in altos
Idalice lucos, ubi mollis amaracus illum
Floribus, et dulci aspirans complectitur umbrá.
.......... Vénus sourit, et cueillant les pavots,
Verse à son cher Ascagne un paisible repos,
Le berce dans ses bras, l'enlève et le dépose
Sur la verte Idalie, où le myrte, où la rose
D'une haleine odorante exhalant les vapeurs,

L'environnent d'ombrage et le couvrent de fleurs (1).

DELILLE.

Après avoir lu ces vers harmonieux de Virgile, on ne conçoit pas comment Jean Second, ayant précisément la même action à représenter, a pu faire un vers tel que celui-ci : Albarum nimbos circumfuditque rosarum.

En rapprochant ce vers de cet autre vers de Virgile, dont la marche est parfaitement la même:

Luctantes ventos, lempestatesque sonoras,

on voit que Jean Second ne connoissoit nullement les règles de l'harmonie poétique (2). Secondement, le que est rejeté beaucoup trop loin à la fin du troisième mot et du cinquième pied; il falloit nécessairement commencer le vers par albarumque. Le mot circumfudit étoit déjà assez long, sans lui mettre

(1) Le myrte et la rose étant des fleurs, je ne sais si on peut dire que le myrte et la rose couvrent Ascagne de fleurs. Il est vrai que M. Delille ne le dit quaprès Virgile. Aussi je me renferme dans un doute respec

tueux.

(2) On trouve souvent dans ses vers de ces finales dures, tempora spicis, julia sculpta, etc.

Son quatrième Baiser finit par ergo ego,

vers,

encore au bout ce que, avec lequel il termine si pesamment le qu'on croit entendre tomber l'Etna sur le pauvre Ascagne. Nimbos rosarum rend mal l'idée de l'auteur, nimbus signifiant toujours une nuée orageuse.

Ce vers, et totum liquido sparsit odore locum, se retrouve dans un autre endroit avec un léger changement: Et totum Cyprio sparsit odore torum.

L'idée et l'expression du vers suivant: Notus et irrepsit ima per ossa calor, sont empruntées de Virgile. Talis Adonis erat, est une exclamation bien froide dans la bouche d'une déesse aussi enflammée que Vénus l'est ici; et cette exclamation paroît bien plus froide encore, quand on se rappelle ce vers de Virgile :

Sic oculos, sic ille manus, sic ora ferebat.

D'ailleurs, l'hémistiche qui précède, o quoties dixit, rend la déesse ridicule; car il semble qu'elle ne cessoit de répéter: Talis Adonis erat, talis Adonis erat, etc. etc.

Mollia Romulidum verba présente deux sens également faux. Ces mots signifient ou la mollesse de la langue romaine, ce qui n'est pas juste, ou bien les tendres accens des Romains inspirés par l'amour; mais Romulidum tout seul ne peut jamais signifier que les enfans de Romulus. (2) M. Tissot a traduit ainsi ce dernier vers:

Les chants harmonieux de la molle Ausonie.

Voltaire a dit la molle Ionie, en parlant des Ioniens, toura-tour esclaves des Grecs et des Perses; mais on ne peut dire la molle Ausonie, en parlant du peuple qui a vaincu l'univers.

Si nous passons maintenant au plan de la pièce, nous trouverons qu'il ne vaut pas mieux que la versification. Jean Second avoit lu sans doute Homère: avec une imagination aussi sensible que la sienne, comment a-t-il été assez peu frappé de certains tableaux de l'Iliade, pour ne placer l'origine du baiser que sept ans après la ruine de Troie (?)? Comment peut-on commettre un si fort anachronisme sur le baiser?

(1) J'aurois pu relever dans cette pièce bien d'autres fautes contre la Jangue latine et contre l'élégance poétique. Je me contenterai d'indiquer totius terrae globum, multiplicata, disertus stirpis.

(2) Jean Second, en prenant dans le premier livre de l'Enéide cette aventure d'Ascagne, devoit faire attention à ce vers que Didon dit à Enée: ...... Nam le jam septima portat

Omnibus errantem terris et fluctibus œstas.

Voilà sept ans que vous errez sur la terre et sur les mers depuis la ruine » de votre patrie. »

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