Tel est le fruit d'une absurde chimère: Eh bien, messieurs, ce fidèle portrait, Vous effarouche, et rend l'aveu pénib'e! Vont répandant une agréable ivresse, Mais, de sang- froid se proclamer poète, S'exta-ier sur ses productions, Et revêtir ses folles visions Du nom ponpeux d'influence secrète ! Voilà l'excès que je dénonce ici. Et, plût au ciel qu'un rimeur trop crédulé, Ne ressentit que le trait adouci ! Voyez, de loin, s'accroître sur ses traces De nos auteu s c'est sur-tout la manie: On vient apprendre à la postérité Que le mérite est proscrit par l'envie, Pareils travers n'ont point en vous fait naître Si vous rimez, c'est sans prétention; Je vous l'accorde, et c'est beaucoup, peut-être. Ne rompt-il point, tandis qu'on fait une ode, Et cette femme, empruntant de l'esprit, D'un soin vulgaire.... Ah, chut, j'en ai trop dit! Lorsqu'il se trouve aux Petites-Maisons. Par M. DESPERROUX. LA CONQUÊTE DE LA PRUSSE, ODE. LES Dieux n'exhalent point une menace vaine: Refuse à leur autel l'encens accoutumé. Que l'horrible Python, d'une haleine homicide, Signale le trépas de ce monstre abhorré. Tel l'Achille français excite l'épouvante; Où sont ces légions gardiennes de la Sprée, La France vit long-temps leur coupable délire Au gouffre qui sembloit entr'ouvert sous ses pas. Proposant à Lutèce, ou des fers, ou le deuil. « Cède, ville superbe, ou soudain écroulées, » Tes maisons par la flamme expieront tes refus; » Tes dômes, tes splendeurs aux pieds seront foulées, » Et sur tes rives désolées » L'étranger ébloui ne s'arrêtera plus. » Imprudente fureur, qui de soudaines lances Ils n'eussent du Grand-Peuple embrassé les drapeaux! Long-temps ils ont chéri ce lien tutélaire; Jena, dans ses champs, a vu frémir les ombres Leur sang, qui d'un long fleuve a rougi les sillons. Le vaincu s'est partout creusé des précipices; O grand roi! F'avenir, qui t'ouvroit ses ténèbres, Le voyois-tu ce sceptre, ouvrage de ta gloire, Qu'alors que ce vainqueur, juge des grands courages Sur ta tembe sacrée, écartant les profanes, Sur un art dont sa gloire a franchi la hauteur. Vivans, l'estime auroit associé vos ames; Marchent d'un pas émule, et non d'un œil jaloux. Triomphant de la borne, éclipse ses rivaux. ENIGME. UN pied, de ma longueur Il l'est aussi de ma largeur: Par M. B.... Cependant du quarré je n'ai point la figure. LOGOGRIPHE. AVEC six pieds, je suis un des mets les plus sains; Avec quatre, je cours à travers la Castille. CHARADE. QUATRE pieds forment tout mon bien; Mon dernier vaut mon tout, et mon tout ne vaut rien. Le mot de l'Enigmę du dernier No. est Soupir. Celui du Logogriphe est Mercure, où l'on trouve cure, mer, créme, múre. Celui de la Charade est Ver-tige. Nota, Le mot du Logogriphe de l'avant-dernier numéro est Bücher. REFLEXIONS Sur l'ouvrage du Père Bouhours, intitulé: De la Manière de bien Penser dans les Ouvrages d'esprit. Un vol. in-12: article faisant suite à l'extrait de l'Histoire de Pierre d'Aubusson, du même auteur. (1) E Le Père Bouhours, dans cet ouvrage, semble avoir pris pour modèle les Dialogues de Cicéron sur l'Orateur. La liberté de la conversation permet de discuter à fond les questions littéraires et oratoires; et ce cadre fait éviter la monotonie qui se fait sentir dans les préceptes, quand ils sont rangés dans un ordre trop méthodique. Une autre raison peut avoir engagé le Père Bouhours à préférer cette manière à toute autre: il obtenoit de grands succès dans la sociéte par son élocution facile et polie; habitué aux applaudissemens que l'on donnoit à ses discours, ne devoit-il pas présumer qu'on accorderoit la même faveur à des entretiens dont il seroit l'auteur ? Ce motif, qui décida peut-être Platon, Xénophon et Cicéron, renommés tous par leur éloquence dans la conversation, à donner à leurs préceptes la forme du dialogue, a pa engager le Père Bouhours à marcher sur les traces de ces grands maîtres, dont il avoit étudié avec soin le génie et les écrits. Mais cette espèce de talent a ses écueils. Les succès de société habituent souvent à faire briller son esprit aux dépens du bon sens et de la raison. A l'abri de quelques phrases sonores et bien tournées, on peut faire passer les plus grandes absurdités; le cercle indulgent dont on est entouré ne cherchant que le plaisir, est peu scrupuleux sur les moyens par lesquels on le lui procure; et il arrive qu'un beau parleur devient un mauvais écrivain, quand il veut mettre ses productions au grand jour. Le Père Bouhours, doué d'un esprit juste et solide, a évité une grande partie des écueils auxquels les applaudissemens exagérés qu'il recevoit pouvoient l'entraîner. Cependant, il ne s'est pas préservé d'une certaine abondance de mots que l'habitude d'improsiver donne presque toujours: on voit que, dans les momens où le style le plus familier seroit préférable, il court après la phrase, et fait ses efforts pour donner de l'harmonie à la période. On croit toujours entendre un homme (1) Cet ouvrage est rare. Il s'en trouve quelques exemplaires relids. chez le Noruant. Prix : 3 fr. |