Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[blocks in formation]

'AINSI l'homme, des Dieux humble et dévot client,
Allume à leurs genoux son cierge suppliant.
Pour des dons superflus et trop long-temps funestes
Crains de solliciter les puissances célestes.
Vois Sejan, vois la haine attachée aux grandeurs,
D'un abyme à ses pieds ouvrir les profondeurs;
Ses titres éclatans renfloient de longues pages:
C'est un arrêt de mort; il tombe, et ses images,
Ces monumen, si fiers avec lui condamnés,
Roulent, par les bourreaux honteusement traînés.
Vois les Romains en foule expier leur bassesse;
Entends-t retentir la hache vengeresse,
Et les chevaux d'airain mutilés par le fer?
Sous les soufflets bruyans entends-tu siffler l'air ?
La forge en frémissant s'alluine; le feu brille :
Ce Séjan colossal dans les fournaux pétille;
Déjà coule à torrens le bronze révéré;
Déjà ce front superbe et d'un people adoré,
Ce front qui fut jadis le second de la terre,
Et disputoit l'encens aux maîtres du tonnerre,
Devient vase, trépied, plat, cuvette, bassin.

Va, cours; que des lauriers suspendus par ta main
De tes toits couronnés embellissent le fuite;
Immole une victime et prépare une fête.
Ce jour pour les Romains est un jour fortuné;
Séjan, le fier Séjan au supplice est traîné.
Quel spectacle! on s'étonne, on célèbre sa chute;
Enfin à ses fureurs je ne suis plus en butte;
Je ne l'aimai jamais. Quels dédains, quel orgueil !
Comme il laissoit tomber un insolent coup-d'œil !
De quoi l'accuse-t-on ? Qu'a-t-il osé commettre?
Où sont les délateurs, les témoins? Une lettre
Des roches de Caprée est venue au sénat;
Sa prolixe longueur est un crime d'Etat.
J'entends, et ne veux pas en savoir davantage.
- Mais le peuple, le peuple? Il suit l'antique usage:
Quand on est condamné, peut-on ètre innocent?
Il bait le malheureux, adore le puissant.
Si le sort à Séjan n'eût pas été contraire,
Du lion endormi dans son triste repaire
Si l'imprudent sommeil avoit été surpris,

Dans ce même moment tout ce peuple à grands cris
Salueroit empereur ce Séjan qu'il outrage.

Feu THOMA 5.

LES BLÉS ET LES FLEURS,

FABLE.

PLUS galant que sense, Colin voulut jadis
Réunir dans son champ l'agréable à l'utile,
Et cultiver des fleurs au milieu des épis:
Rien n'étoit à son gré plus sage et plus facile.
Parmi ses blés, dans la saison,

Il va donc semant à foison

Bluet, coquelicot, et mainte fleur pareille
Qu'on voit égayer nos guérêts,
Quand Flore, en passant chez Cérès,
A laissé pencher sa corbeille.

Dans peu, se disoit-il, que mon champ sera beau!
Avant l'ample récolte aux moissonneurs promise,
Que de bouquets pour Lucette et pour Lise!
Partant, que de baisers! Oui, cadeau pour cadeau,
Ou rien pour rien, c'est ma devise.

Le doux printemps paroît enfin;
Le bluet naît avec la rose :
En mai, le bonheur de Colin
Faisoit envie à maint voisin;
En août, ce fut toute autre chose.
Tandis qu'il n'étoit pas d'endroits
Où la moisson ne fût certaine;

Que les trésors de Beauce au loin doroient la plaine;
Qu'enfin le laboureur n'avoit plus d'autre peine
Que celle de trouver ses greniers trop étroits.

[ocr errors]

Trop tard désabusé de ses projets futiles,
D'un ceii obscurci par les pleurs,

Colin, dans ses sillons stérilement fertiles,
Cherche en vain les épis étouffés sous les fleurs.

Vous qui dans ses travaux guidez le foible enfance,
Ceci vous regarde, je crois :

Chez vous on apprend à la fois

Le latin, la musique, et l'algèbre, et la danse.
Au temps du bon Rollin c'étoit tout autrement :
Enseigner moins, mais mieux, entroit dans son système :
Colin, vous diroit-il, ne songeons qu'au froment;

Le bluet viendra de lui-même.

M. ARNAULT.

ENIGME.

On voit marcher sous ma tenture
Et l'honnête homme et le fripon:
On me voit de toute mesure,
Neuf ou revêtu d'un jupon;
Mais toujours en habit de soie
Je n'étale chaque saison;
Et lorsque ta main me déploie,
J'intercepte ton horizon.

Toujours sur un pied je voyage,

Et cependant, tout seul, je ne puis faire un pas;
Mais, suivant le nouvel usage,

Quand je marche, chez moi le haut se place en bas.
Ainsi, pour les gens à la mode,
Je deviens utile et commode.

LOGOGRIPHE.

NON, il n'est rien de plus dur que mon cœur ;
Si vous m'ôtez denx pieds il n'est rien de plus tendre.
Rendez-les moi, je m'adresse au Seigneur :
Lors il m'entend. Ne peux-tu me comprendre?

CHARAD E.

UNE charade, Eglé ! Vons n'avez qu'à vouloir :
En musique aisément mon premier se fait voir;
Vous êtes mon second, sans art et sans parure;
Ne soyez pas mon tout, l'amour vous en conjure.

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme du dernier No. est Café.

Celui du Logogriphe est Tarif.

Celui de la Charade est Ré-forme.

SUPPLÉMENT aux Observations sur les Corps cristallisés renfermés dans les laves, qui ont paru dans le cahier de la Bibliothèque Britannique du mois de juin dernier, et dans le N° 115 du Journal des Mines.

QUOIQUE la question qui fait le sujet de ces Observations n'ait pas eu son origine dans le Mercure, c'est un sujet de physique terrestre et de géologie assez important pour en donner la suite dans ce recueil.

Il parut dans le Journal de Physique du mois de mai de l'année dernière, un système sur l'action du feu des volcans, où l'on considère les cristaux que renferment les laves comme des cristallisations formées dans la lave même et de sa substance pendant le refroidissement lent de sa masse.

Persuadé, au contraire, que ces cristaux sont étrangers à la lave, et formés antérieurement par la voie humide dans les couches que les feux volcaniques ont réduites en fusion, laissant intacts ces cristaux, parce qu'ils n'ont pas assez d'intensité pour les fondre, je donnai les Observations que je viens de citer, où j'ai démontré, par les faits et par leurs conséquences immédiates, que mon opinion est parfaitement

fondée.

Pendant cette discussion, une lettre de M. Patrin, sur la formation des basaltes, parut dans la Bibliothèque Britannique du mois de mai dernier; l'auteur la termine ainsi :

« J'ai fait voir, dit-il, dans l'article Basalte du nouveau » Dictionnaire d'Histoire Naturelle, que les systèmes des » Volcanistes et des Neptuniens, pris séparément, sont inad» missibles; mais qu'en les combinant d'une manière conve»nable, on trouve la véritable solution du problème. J'ai

fait voir que la matière du basalte étoit véritablement » sortie des volcans, non dans un état de fusion comme la » lave, mais sous une forme tantôt pulvérulente et tantôt » vaseuse, dans le temps où les volcans étoient encore sous» marins; de sorte que cette matière étoit délayée dans les » eaux de la mer, ensuite déposée, et enfin cristallisée, soit » en prismes, soit en sphéroïdes, selon les circonstances. L'ar »ticle cité contient le détail des preuves; et j'ai eu la satis

>> faction de voir M. Humboldt, si bon juge en cette ma»tière, déclarer, en présence de plusieurs savans qui se trou» voient rassemblés chez lui à son retour d'Amérique, que » de toutes les hypothèses qu'on avoit publiées sur la forma» tion des basaltes, c'étoit celle qui lui paroissoit de tous » points la plus satisfaisante. » Telle est la conclusion de M. Patrin.

L'hypothèse qu'elle établit, que les basaltes ne sont pas sortis des volcans dans un état de fusion, mais sous une forme tantôt pulvérulente et tantôt vascuse, et que cette poudre et cette vase, délayée dans les eaux de la mer, s'est déposée et cristallisée pour former des basaltes, est si étrange et si opposée à tout ce que l'on connoît des volcans, qu'elle me détermina à faire des Remarques, pour en montrer l'impossibilité elles ont été insérées dans la Bibliothèque Britannique du mois de juillet suivant, et dans le N°..... du Journal des Mines.

M. Patrin a fait une réponse à ces Remarques, qui a paru dans la Bibliothèque Britannique du mois de septembre, dans laquelle il revient à son opinion, que les cristaux contenus dans les laves y ont été formés pendant leur refroidissement, renvoyant aux articles Augite (schorl-pyroxene) et Leucite du nouveau Dictionnaire d'Histoire Naturelle, où « il croit avoir » démontré que ces cristaux, de même que tous les cristaux » volcaniques, ont été formés postérieurement à l'éruption » des matières qui les composent. » Cette réponse m'engage à ajouter de nouvelles réflexions sur ces questions importantes en géologie et en physique terrestre : ces réflexions font le sujet de cet article. (1)

Les lecteurs du Mercure qui s'occupent de géologie et des phénomènes volcaniques, liront avec intérêt la suite de cette discussion car des questions de cette nature doivent se terminer par le triomphe des faits et des observations exactes.

Ayant déjà traité à fond la question principale, j'examinerai seulement ici la manière dont M. Patrin présente les argumens qu'il veut réfuter, et le silence qu'il garde sur les

autres.

J'ai terminé les Observations que je viens d'indiquer par une suite de conclusions qui découlent des faits que j'ai établis La seconde de ces conclusions est en ces termes : « Les corps cristallisés que renferment les laves leur sont étrangers; ils ont été formés antérieurement par la voie humide dans des

(1) Tous les articles du nouveau Dictionnaire d'Histoire Naturelle qui concernent les volcans et la géologie, ont été faits par M. Patrin.

« ZurückWeiter »