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Michon, Statistique monumentale du dép, de la Charente, 1844 et années suiv.

G.

CHARENTE-INFÉRIEURE (Département

To

de la). (Géographie et Statistique.) pographie. Le département de la CharenteInférieure est un de nos départements maritimes de l'ouest. Baigné, au couchant, par l'Atlantique, et au sud-ouest par la Gironde, estuaire de la Garonne, il a pour limites, au sud le département de la Gironde; au sud-est celui de la Dordogne; à l'est celui de la Charente; au nord-est celui des Deux-Sèvres; au nord celui de la Vendée. Il a été formé, en grande partie, de l'ancienne Saintonge, et il comprend en outre le petit pays d'Aunis.

Ce département a une étendue superficielle de 634,685 hectares. Cette étendue est ainsi répartie, selon la nature du sol et des proprié tés :

Contenances imposables.

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tie centrale, et va se jeter dans l'Océan, après avoir baigné Saintes et Rochefort, et y avoir reçu, par la droite, la Boutonne, et par la gauche, la Seugne. Au nord de la Charente, la Sèvre-Niortaise forme généralement la limite entre notre département et celui de la Vendée; au sud de la Charente, entre cette rivière et la Gironde, la seule rivière notable est la Seudre, qui porte aussi ses eaux à la mer.

Quoique plat, l'aspect du pays n'en est pas moins très varié. Les côtes sont ou plates, ou bordées de dunes', ou formées par des falaises calcaires. Sur plusieurs points du littoral s'étendent d'immenses marais; l'intérieur du pays, notamment le cours de la Charente, présente un grand nombre de localités pleines de charme et d'intérêt. Le sol est de natures et de qualités très-diverses; le sol des coteaux et celui des plateaux des parties centrales et orientales du département est de nature crayeuse. C'est aussi sur un tuf crayeux (banche) que reposent les terres dites champagnes, lesquelles produisent le vin le plus propre à être converti en eau-de-vie.

Outre plusieurs canaux destinés à l'assainissement des parties marécageuses, le département possède deux canaux navigables, celui de Brouage, dans le sud, et celui de Niort à la Rochelle, dans le nord. Ce dernier est en cours de construction.

Le système de communication est établi au moyen de 23 grandes routes, dont 9 royales et 14 départementales. Le parcours des premières est de 429,361 mètres, et celui des secondes de 408,737.

Deux îles assez considérables, celles de Ré et d'Oléron, gisent sur la côte du département la première, vis à-vis de la Rochelle, a 28 kilomètres de longueur sur 4 de largeur ; la seconde est un peu plus étendue : elle s'étend au midi de la précédente, à l'opposite des em. bouchures de la Charente et de la Seudre. Climat. La température est généralement douce et tempérée, et le climat salubre, si ce n'est dans le voisinage des marais.

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Productions. Histoire naturelle. Le gibier de toute espèce abonde dans le dépar tement; parini les animaux sauvages, le loup et le sanglier sont assez communs dans les parties boisées.

Le chêne est l'essence dominante des forêts; parmi les arbres fruitiers, le pommier, le prunier et le noyer tiennent le premier rang.

Le département n'a pas d'exploitations métalliques, mais il possède d'autres richesses minérales. Il a d'excellentes pierres de taille, de la marne, du plâtre, des tourbières, etc.

Divisions administrative et politique. Le chef-lieu du département est la Rochelle.

Il est divisé en 6 sous-préfectures ou arrondissements communaux : la Rochelle, Jonzac,

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Industrie manufacturière et commer. ciale. La distillation des eaux-de-vie, l'exploitation des marais salants, celle des parcs d'huîtres vertes et la pêche de la sardine occupent le premier rang dans l'industrie locale; le cabotage occupe aussi un grand nombre de bras. Il existe dans le département des raffineries de sucre, des fabriques de vinaigre, des poteries, des bonneteries, des tanneries, des fabriques de grosses étoffes de laine, etc. Le commerce est principalement alimenté par les productions locales en vins, eaux-de-vie, sels et céréales.

Foires. Enfin, elle fait partie de

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82,076 hab. 83,322

50,508

57,233 105,033

81,773

460,245.

Industrie agricole. — L'agriculture du département est florissante; la moitié du sol est consacrée à la culture céréale, et le tiers de l'autre moitié à celle de la vigne. Environ 79,000 hectares sur 654,685 sont couverts de bois; une étendue à peu près égale est consacrée aux pâturages, et 14,000 hectares seule. ment sont en landes incultes.

On estime que le département renferme : 20,000 chevaux et mulets, 104,000 bêtes bovines, 323,000 bêtes ovines, presque toutes de race indigène.

On évalue ainsi le produit du sol :

Céréales..
Pommes de terre.

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1,100,000 hectol. 180,000 1,212,000 1,600,000

Sur ces 1,600,000 hectolitres de vins, un tiers est consommé dans le pays, un autre tiers est converti en eaux-de-vie, et le reste est exporté, principalement en Bretagne.

Outre le froment, le maïs et le sarrasin sont cultivés dans le département. Parmi les plantes industrielles, il faut mettre en première ligne le safran, le lin, le chanvre et les plantes oléagineuses.

Le nombre des foires du département s'élève à 605; elles se tiennent dans 126 communes. Les principaux articles de commerce sont le gros et le menu bétail, les chevaux, les grains, les fourrages, les laines, le sel, les vins, les eaux-de-vie, etc.

Le département a 8 bureaux de douanes : la Tremblade, Marennes, Château d'Oléron, Rochefort, Charente, la Rochelle, SaintMartin, Marans.

Les amiraux la Galissonnière, LatoucheTréville, Duperré, le conventionnel BillaudVarennes, le physicien Réaumur, le président Dupaty, Tallemant des Réaux, sont nés sur le territoire du département de la CharenteInférieure.

Gauthier, Statistique du département de la Charente-Inférieure; 1829, in-4°.

Lesson, Fastes historiques, archéologiques, biographiques du dép. de la Charente-Inférieure; 184243, in-8°.

Chaudruc de Crazannes, Antiquités celtiques et gauloises du dép. de la Charente-Inférieure (Mémoires de la Société royale des antiquaires de France, t. IV). G.

CHARGE. (Beaux-Arts. ) Cette expression, dans les arts, est presque synonyme de caricature. (Voyez ce mot.) Seulement elle est loin d'avoir la même extension, et elle se restreint à un seul des moyens qu'emploie la caricature. La charge est, à proprement parler, la reproduction très-exagérée des défauts physiques; souvent même, elle s'attaque à la beauté, et parvient à la ridiculiser en obtenant sa ressemblance, malgré d'étranges modifications dans les proportions de l'ensemble ou des parties. Les caricatures de Dantan seraient des charges si l'artiste s'était contenté de proposer au rire public le grotesque des traits qu'il reproduit, et s'il n'y avait pas joint de vives et joyeuses allusions aux habitudes, à la position, au talent, au moral de ses victimes, qu'il sait (art difficile!) ridiculiser dans ce qu'elles ont de plus cher sans blesser leur vanité. Certains artistes, devenus illustres dans la grande peinture, ont cultivé la charge avec succès, et lui ont dû des plaisirs qu'ils ne trouvaient peut-être pas aussi vifs dans l'exécution de leurs chefs-d'œuvre. Michel-Ange y

excellait. David, le peintre austère et laborieux, égayait pour lui et ses voisins les longues séances de la Convention, en caricaturant avec une singulière persistance le profil de Lanjuinais, dont il faisait, en quatre coups de plume, et sans même regarder le papier, un portrait monstrueux dans sa ressemblance, et qu'il reproduisit vingt ans plus tard avec la même facilité.

Une autre acception du mot charge, usitée surtout dans les ateliers où se réunissent les artistes en herbe, est usitée pour désigner une mystification souvent spirituelle, quelquefois niaise et grossière, parfois poussée jusqu'à la cruauté. Faut-il citer ces mauvaises plaisanteries tombant dru comme grêle sur le malheureux qui vient faire là son apprentissage? Faut-il dire les ridicules questions adressées au nouveau venu, et l'obligation où il est d'y répondre; les discours d'une demi-heure qu'il doit prononcer sur un mot insignifiant; les immersions, les suspensions, les expositions sur l'échelle dans des postures tout à fait inusitées; puis, si le persécuté se fâche et se rebelle, le duel simulé, et la mort habilement jouée d'un des mystificateurs? Faut-il énumérer tous ces ennuis, toutes ces terreurs, toutes ces angoisses, toutes ces douleurs imposées au novice? Il nous suffira de dire qu'il n'y a pas longtemps, l'atelier d'un de nos premiers peintres a été fermé parce que des charges de ce genre, poussées à leur dernière limite, s'étaient terminées par la mort de la victime. Cette sorte d'épreuves est encore fort en usage dans certaines écoles militaires, où les élèves de première année, se trouvant supérieurs en grade et en autorité aux nouveaux camarades qui leur arrivent, les tourmentent impitoyablement, et leur font attendre avec impatience l'année suivante, où les persécutés deviendront à leur tour persécuteurs, et se vengeront à leur tour de la tyrannie qu'ils subissent par la tyrannie qu'ils exerceront. Les moindres inconvénients de cette malheureuse coutume sont de nombreux duels, sérieux cette fois, qu'amènent les vacances, époque à laquelle peuvent enfin éclater les colères contenues pendant toute l'année.

Au reste, les mystifications artistiques sont loin d'être toutes mauvaises, et parmi les plaisanteries d'atelier, beaucoup sont plei. nes d'esprit piquant et de malice innocente. Certains hommes de notre époque, écrivain célèbre, homme d'État haut placé, administrateur habile, se sont illustrés par la charge avant de se faire autrement connaître, et ont attaché leur nom à des plaisanteries aussi spirituelles qu'inoffensives.

St. A. C.

CHARIVARI. On nomme ainsi une espèce de concert dérisoire, exécuté à l'aide d'us

tensiles bruyants, et dans lequel la batterie de cuisine, aidée par les crécelles les plus discordantes et les instruments les plus faux, joue le principal rôle. Ces sérénades (car c'est généralement pendant les heures nocturnes que se fait entendre cette grostesque musique), ces sérénades s'adressaient autrefois aux époux qui convolaient en secondes noces ou contractaient des mariages rendus ridicules par une différence d'âge trop marquée. Certains accidents matrimoniaux, certains abus trop excentriques de l'autorité conjugale rassemblaient de même autour de la maison désignée d'avance les patients musiciens de cet étrange concert, et on a vu, pendant plusieurs nuits de suite, un tapage infernal tenir le sommeil éloigné d'un toit voué au ridicule.

Cette manière un peu barbare d'exprimer la réprobation publique commençait à disparaître des mœurs plus civilisées, lorsque les oscillations politiques qui suivirent les événements de 1815, donnèrent au charivari un emploi différent de celui qu'il avait jadis affectionné. La nouvelle constitution, qui permettait au peuple de se choisir des représentants, sans lui donner les moyens de récompenser les mérites des uns et de témoigner sa réprobation à l'infidélité des autres, mit aux mains des partis les instruments charivariques. Les fonctionnaires publics qui préféraient les bienfaits de la faveur venue de haut lieu aux charmes plus modestes de la popularité, durent trembler pour leur sommeil menacé. Ces bruyantes et peu respectueuses manifestations avaient leur bon côté; mais elles avaient leurs inconvénients, et peu à peu, soit que l'habitude ait rendu plus difficiles à s'émouvoir les susceptibilités populaires, soit que les mesures répressives aient enfin lassé les discordantes vengeances de l'opinion, les fonctionnaires ont conquis des nuits tranquilles, et les parjures politiques n'ont plus à craindre le charivari que dans leur conscience, assez muette d'ordinaire.

La presse a recueilli l'héritage de ces tapages nocturnes, condamnés et mis à mort par l'autorité supérieure. Elle leur a pris leur nom et leur fonction: il y a une dizaine d'années, fut fondé un petit journal qui s'intitula le Charivari, et entreprit une guerre acharnée contre les crimes, les fautes, et surtout les ridicules politiques. Il ne pouvait vivre-tâche gigantesque!-qu'à la condition expresse d'avoir de l'esprit sept fois par semaine. Malgré de fréquentes perturbations dans son organisation intérieure, il n'a pas succombé. La Caricature, le Figaro, sont morts à la peine; le Corsaire, fondu dans un journal plus récent, a subi le sort d'une femme célèbre qui entre en ménage; le Charivari marche encore dans sa force et dans sa liberté, trébuchant quelque

fois, mais se retrouvant toujours sur ses pieds, et faisant résonner joyeusement les tonnerres de sa grosse caisse et les sons aigus de son carillon.

St A. CHOLER.

CHARLATAN. (Morale.) Ce mot semble venir de l'italien, ciarlare, jaser, babiller, bavarder, parler avec volubilité. On donne ce nom à ces hommes qui, sans études, sans connaissances de l'art de guérir, le pratiquent, distribuent comme spécifiques des remèdes de leur invention, et trompent le public dans les carrefours et ailleurs pour s'enrichir à ses dépens; tel était l'homme dont parle Phèdre :

Malus quum sutor, inopia deperditus,
Medicinam ignoto facere cœpisset loco,
Et venditaret falso antidotum nomine,
Yerbosis adquisivit sibi famam strophis.
Abimé de misère, un pauvre savetier,

Changeant de nom, d'état et de métier,
s'était fait médecin: grâce à quelque faconde,
Il débitait sa drogue, et passait à la ronde

Pour n'avoir pas d'égal en son nouveau métier. L'espèce à laquelle appartenait ce savetier n'est pas perdue. Chaque âge, chaque nation a ses charlatans. Il y en aura tant qu'il y aura des hommes crédules.

Le duc de Rohan, celui qui mourut en 1638 des blessures qu'il avait reçues à la bataille de Rhinfeld, le duc de Rohan, voyageant en Suisse et se trouvant indisposé, demande un médecin. On lui amène le plus habile du canton, le docteur Thibaud. « Votre visage ne m'est pas inconnu, lui dit le duc. - Cela se conçoit, monseigneur; j'ai eu l'honneur de servir dans votre maison. Et en quelle qualité ? En qualité de maréchal. Et vous voilà médecin? Tout comme un autre. Mais comment traitez-vous vos malades? Comme je traitais les chevaux de Votre Altesse; il en meurt quelques-uns, à la vérité, mais beaucoup guérissent. Ainsi de grâce, monseigneur, ne me décelez pas, et laissezmoi gagner ma vie avec messieurs les Suisses. »

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Figaro n'est pas le premier, comme on voit, qui ait donné aux hommes des médecines de chevaux.

Le Charlatanisme est fondé sur le besoin que les hommes ont de guérir, besoin que la médecine ne peut pas toujours satisfaire.

Le domaine du charlatanisme est infini, et sa clientèle est innombrable; elle abonde partout où sont en majorité les ignorants et les sots; et où cela n'est-il pas ?

Louis XIV est à toute extrémité: est-ce dans les lumières de la faculté de médecine, est-ce dans la science et le zèle de Fagon que la cour met son espérance? non. On fait venir du fond de la Provence un paysan brutal et grossier, qui administre son élixir au grand roi, et impose silence au premier médecin, devant qui tous les docteurs étaient accoutumés à se

taire. «< L'empire que ce malotru avait pris étoit tel, dit le duc de Saint-Simon, que Fagon, à bout de son art et de ses espérances, s'étoit limaçoné en grommelant sur son båton; sans oser répliquer, de peur d'essuyer pis. >>

Voyez dans la place publique comme la foule se presse autour de cet orateur empanaché et galonné, qui semble donner ce qu'il vend!

On voit sans cesse les charlatans faire fortune, et sans cesse on s'en étonne; rien de si simple pourtant. Un habile médecin avait eu quelque temps à son service un domestique fort intelligent. Cet homme, un beau matin, le quitte sans motif, et dix ans se passent sans que le docteur en entende parler. Le docteur traversant un jour la place publique, s'arrête pour écouter un charlatan fort disert qu'entourait un nombreux auditoire. Quel est' son étonnement de reconnaître en lui son cidevant laquais! Rentré à la maison, il rêvait à cette singularité, quand le docteur en plein vent se présente. « Eh bien, Bourguignon, te voilà donc médecin? Pour vous servir, monsieur.» Et Bourguignon de raconter comme quoi, croyant l'état de médecin plus profitable que celui de valet, il lui a pris fantaisie d'en essayer; comme quoi, à l'aide de quelques formules qu'il avait retenues, il en imposait aux bonnes gens; comme quoi même il en avait guéri à l'aide de quelques recettes dont il avait gardé copie; comme quoi enfin, en dix ans, il avait assez gafment amassé une fortune égale peut-être à celle que monsieur avait très-péniblement gagnée en trente. << Cela ne peut se concevoir, s'écria le médecin, car enfin tu n'es qu'un charlatan. - D'accord, docteur; et c'est justement pour cela que je réussis. » Et conduisant son ancien maître à la fenêtre : « Sur soixante personnes qui se promènent là, combien croyez-vous qu'il y ait de têtes sensées? - Six ou sept, tout au plus, répond le docteur. - Je vous en donne dix, réplique le charlatan, et ce sont vos pratiques; tout le reste est à moi. »

Il n'y a charlatanisme que dans l'homme qui trompe sciemment pour escroquer l'argent ou l'estime; il serait donc par trop rigoureux d'en voir dans certaines supercheries que d'honnêtes gens se sont permises dans l'intérêt d'autrui. Personne n'était moins charlatan que ce bon Corvisart; il donnait pourtant à l'impératrice Marie-Louise des pilules de mie de pain sucrée qui la guérirent d'un mal qu'elle n'avait pas, ou plutôt du mal qu'elle avait, mais qui siégeait dans son imagination, que purgeait cet innocent remède : la probité a ses fraudes comme la piété.

L'homme qui trompe parce qu'il est trompé, et qui tient pour vérité l'erreur qu'il prône,

n'est pas un charlatan non plus, mais une dupe.

Le mot charlatan s'applique par extension à tout homme qui en impose par de belles paroles, par d'artificieuses démonstrations. Il y a des charlatans en science, en littérature, en politique, en administration, en dévotion même. Tabarin, Cagliostro, Tartufe furent des charlatans, mais le plus dangereux de tous c'était le dernier sans contredit.

Aussi ne vois-je rien qui soit plus odieux
Que les dehors plâtrés d'un zèle spécieux;
Que ces francs charlatans, que ces dévots de place,
De qui la sacrilége et trompeuse grimace
Abuse impunément et se joue à leur gré

De ce qu'ont les mortels de plus saint et sacré (1).
A. V. ARNAULT.

CHARLEROI. (Géographie et Histoire.) C'est l'une des principales forteresses de la Belgique, et la ville la plus moderne de ce royaume. Jusqu'en 1666, ce n'était qu'un petit village du comté de Namur, appelé Charnoy, et dépendant de la seigneurie de Giliers. A cette époque, le comte de Castel-Rodrigo, voulant protéger le pays contre les attaques des Français, l'entoura de murailles et y éleva quelques fortifications qu'il détruisit l'année suivante : car il se vit forcé de livrer Charleroi aux troupes de Turenne, le 2 juin 1667. Louis XIV fit relever et achever les fortifications de cette place par Vauban; et, lorsque le traité d'Aix-laChapelle (1668) lui en eut assuré la possession, il y appela des habitants, en offrant, à ceux qui viendraient s'y fixer, des exemptions de tailles, de gabelles, de logements de gens de guerre el de toute autre espèce d'impôts. Le prince d'Orange dirigea plusieurs tentatives contre Charleroi, notamment en 1672 et en 1677; mais il ne put parvenir à s'en emparer. L'administration française était douce pour cette ville; aussi prenait-elle chaque jour de nouveaux développements: en 1676, elle s'augmenta par la construction de l'entre-ville et de la ville-basse. La paix de Nimègue rendit Charleroi aux Espagnols; mais cette ville ne resta pas longtemps en leur pouvoir; car Louis XIV, vainqueur à Neerwinden, la fit bombarder et s'en rendit maître. Il l'abandonna par le traité de Ryswick (1697). Les Français y rentrèrent en 1701, et la remirent encore aux Espagnols, au traité d'Utrecht (1713).

Dans la guerre qui éclata pour la succession d'Autriche, sous le règne de Louis XV, et pendant ces glorieuses campagnes de Flandre que dirigeait le maréchal de Saxe, les Français s'emparèrent de Charleroi (1746); mais, par la paix d'Aix-la-Chapelle, cette place fut remise sous l'obéissance espagnole. En 1792, les Fran

(1) Molière.

çais y rentrèrent en vainqueurs; ils la possédèrent un an, et la défection de Dumouriez la fit retomber, l'année suivante, au pouvoir de l'Autriche. En 1794, les ennemis y avaient établi le centre de leurs positions. De là ils gênaient beaucoup les manoeuvres de l'armée française. Jourdan et Pichegru opérèrent enfin leur jonction, investirent la place et forcèrent le gouverneur à se rendre à discrétion. Les Autrichiens, ignorant le dénoûment du siége, venaient au secours de la place, lorsque Jourdan se porta au-devant d'eux, et les vainquit à Fleurus.

En 1815, sitôt que les alliés connurent le retour de l'empereur, ils augmentèrent les fortifications de Charleroi et de plusieurs autres places. Cependant Napoléon ne tarda pas à s'en emparer, et il y établit le centre de ses opérations. Ce furent, en effet, les plaines de Charleroi, Fleurus et Ligny, qui furent les témoins des derniers succès de l'empire. Après la bataille de Waterloo, Charleroi retomba au pouvoir des alliés. Cette ville, qui avait été incorporée par le gouvernement français dans le département de Jemmapes, fait maintenant partie du Hainaut, et son histoire n'est plus distincte de cette province.

Comme toutes les villes modernes, Charleroi, où l'on compte 6,150 habitants, se distingue par la régularité de ses rues, et ses maisons sont, en général, bien bâties. Mais, c'est surtout comme centre industriel que Charleroi a de l'importance; la houille et le minerai de fer y abondent, et les carrières de pierres de taille et de marbre y sont fort nombreuses. « Les charbonnages exploités, dit M. Wauters, y étaient, en 1838, au nombre de quatre-vingt-deux, qui occupaient 8,345 ouvriers et employaient cent dix-huit machines à vapeur (d'une force totale de 3,197 chevaux), parmi lesquelles quarante-huit servaient à l'extraction des produits, vingt à l'épuisement des mines et cinquante à l'approfondissement de nouveaux puits. Les quantités de houille extraites s'élevaient, année moyenne, à 724,359 tonneaux, s'exportant en Brabant par le canal de Charleroi, dans la province de Namur et en France par la Sambre canalisée. » En outre, en 1838, on comptait, dans l'arrondissement de Charleroi, trentedeux hauts fourneaux, vingt-trois verreries et d'importantes clouteries. Un fait à citer, c'est que Charleroi n'eut jamais de corps de métiers.

Non loin de Charleroi, et sur la route de Beaumont, on remarque les immenses constructions de l'abbaye d'Alne. Ces bâtiments furent incendiés en 1793 par la division française que commandait le général Charbonnier, lors de la retraite de l'armée de Dumouriez. Il ne reste plus de l'église, qui paraît

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