Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

fondeur, dans chaque lieu, température qui ne diffère pas essentiellement de celle des puits profonds, se rapproche assez de la température moyenne de l'air pour être prise comme telle, sans erreur sensible. M. Kupffer a cependant reconnu qu'elle en différait assez souvent, et que les lignes qui uniraient les points où la température constante du sol est uniforme, lignes qu'il nomme isogéothermes ne suivent pas exactement les lignes isothermes. ROZET.

CAXAMARCA, ou CAJAMARCA. (Géographie et Histoire.) Ville de la république du Pérou, département de Livertad, province de Caxamarca, dont elle est la capitale. C'est une jolie ville, située près de la rivière du même nom, dans une charmante vallée, à 1464 toises au-dessus du niveau de la mer. Elle a joué un grand rôle dans l'histoire de la conquête du Pérou. On y voit encore le palais du cacique Astopilco, dans ce palais l'appartement où fût assassiné l'inca Atahualpa, et dans cet appartement, la chambre qu'il promit de remplir d'or jusqu'à une certaine hauteur, pour payer sa rançon. Dans une chapelle qui fait partie du même palais, est la pierre qui servit de tombeau à l'inca, à l'endroit même où il fut étranglé par les Espagnols. Sur la grande place de la ville, on voit les fondements en pierre de la petite batterie à l'aide de laquelle Pizarre commença le massacre des Indiens. Outre ces souvenirs encore debout, on remarque dans la ville l'église appelée la Matris et celle du monastère de la Conception. Caxamarca possède un collége. Sa population, composée de 7,000 habitants, est industrieuse, et se livre à un commerce actif.

A trois milles environ de Caxamarca, se trouvent de fameux bains d'eaux thermales que les Indieus connaissaient déjà, et qui sont très-fréquentés de nos jours. C'est là qu'Atahualpa avait établi sa résidence, lorsque Pizarre arriva dans la ville où devaient s'exercer si cruellement les premiers actes de la domination espagnole.

CAZBIN OU KAZBIN. ( Géographie. ) Ville de Perse, dans la province d'Irak-Adjemi. Fondée par le chah Schabur-Sulectaf, et rebâtie par Haroun al-Raschid, c'est une des principales cités de l'Iran; elle est plus grande que Téhéran, mais moins peuplée : elle renferme 60,000 habitants.

La ville de Cazbin est située dans une contrée fertile et pittoresque, arrosée par le Kaswinend et le Girdanreed. Elle est partagée en neuf quartiers et renferme trois palais, de belles mosquées, des bazars magnifiques, des caravansérails, des bains, plusieurs colléges. Il se fait un commerce considérable dans cette grande ville, qui exporte principalement les produits de ses manufactures; car l'industrie

y est très-développée : on y fabrique de riches étoffes de soie, des étoffes de coton, des bijoux, des montres, des armes. Les habitants sont passionnés pour la musique, et passent pour les meilleurs musiciens de la Perse.

Cazbin est la patrie de Sekeria-Ben-Mohamed, de l'iman Rasti et de l'iman Redschmeddin-Ali-ben-Omar Klatidi, qui tous se sont distingués dans les sciences ou les lettres. G.

CÉCIDOMYIE. (Histoire naturelle.) Groupe d'insectes de l'ordre des diptères, créé par Meigen et ayant pour caractères : tête hémisphérique; antennes de la longueur du corps, offrant ordinairement vingt-quatre articles dans les mâles et quatorze dans les femelles; pieds allongés; ailes frangées, ayant trois nervures longitudinales,

[ocr errors]

Les cécidomyies, de même que les cynips, parmi les hyménoptères, produisent sur les arbres des excroissances de galle, et c'est de là qu'a été tiré leur nom ( du grec, xnxíc, galle, et uvia, mouche. ) Les femelles sont munies d'un oviducte rétractile, en forme de tarière, qui leur sert à percer certaines plantes, pour y déposer leurs œufs il se produit, l'endroit de la blessure, une espèce de galle qui prend un grand accroissement : cette galle renferme la larve qui y trouve à la fois l'abri et la nourriture, et qui n'en sort qu'à l'état d'insecte parfait. Les excroissances occasionnées par la piqûre des cécidomyies acquièrent quelquefois des dimensions considé rables et ont des formes très-variées : on les rencontre le plus souvent sur les pins, les genévriers, le lotier, la vesce, le genêt commun, etc. Ces diptères se multiplieraient beaucoup trop et pourraient nuire à nos arbres, si la nature n'avait pas remédié à ce mal en créant d'autres insectes, désignés par les zoologistes sous le nom d'Eulophes (voy. ce mot), qui détruisent un grand nombre de leurs larves.

On connaît plus de vingt espèces de ce genre, et presque toutes habitent l'Europe et même les environs de Paris: nous indiquerons comme type: la Cécidomyie du saule, Cecidomyia salicina, Degéer.

Degéer, Mémoires pour servir à l'histoire des insectes, tome VI.

Meigen, Dipterologie.

[blocks in formation]

dans des lieux marécageux; leur peau est nue et muqueuse; leur anus est presque terminal; leur langue n'est pas bifurquée; leurs écailles sont de petites plaques situées dans le derme lui-même, principalement au voisinage des plis circulaires dont le tégument des cécilies est annelé de distance en distance. D'après tous les caractères que nous venons d'indiquer, on voit que les cécilies sont bien de véritables amphibiens; un caractère important toutefois semble leur manquer, c'est celui des métamorphoses; mais, d'après M. Müller, il paraîtrait qu'une jeune cécilie, conservée au musée de Leyde, aurait éprouvé quelque chose de semblable à des métamorphoses.

Les cécilies n'atteignent pas une taille considérable; elles ont rarement deux pieds de longueur, et leur diamètre n'a pas même un pouce: on ne leur voit aucune trace de mem. bres. On en connaît dix espèces que MM. Duméril et Bibron ont réparties dans les quatre genres Cæcilia, Siphonops, Epicrium et Rhinotrema.

Les cécilies ont été longtemps classées avec les poissons, à côté des anguilles qui leur ressemblent par leur forme allongée. Linné, et tous les naturalistes qui le suivirent jusqu'à G. Cuvier, les placèrent avec les reptiles dans l'ordre des serpents. MM. de Blainville et Duméril, les premiers, les mirent dans la classe des amphibiens, et c'est là leur place véritablement naturelle.

Les cécilies se trouvent dans l'Amérique méridionale, au Mexique, au Brésil, dans la Guiane; d'autres espèces viennent de Java et Ceylan; enfin on en a signalé aux îles Seychelles et au Gaban. Nous ne citerons qu'une seule espèce, la cæcilia bivittata, Cuv. qui a été figurée dans notre Atlas, HISTOIRE NATURELLE, planche XVIII, figure 10.

G. Cuvier, Règne animal.

Duméril, Mémoires du Muséum.
Blainville, Sur la position sériale des Cécilies, etc.
E. DESMAREST.

CÈDRE. (Économie forestière.) Le nom de cèdre a été appliqué à beaucoup d'arbres appartenant, pour la plupart, à la famille des conifères; ainsi, on avait le cèdre blanc, cupressus thuyoïdes; le cèdre de la Caroline ou cèdre rouge de Virginie, juniperus virginiana; le cèdre de Sibérie, pinus cembra; le cèdre acajou, cedreta odorata, etc., etc. Aujourd'hui on réserve exclusivement ce nom au cèdre du Liban et à deux espèces ou variétés du même genre, le cèdre d'Afrique ou cèdre argenté, et le cèdre de l'Inde ou cèdre des monts Himalaïa.

1. CÈDRE DU LIBAN, pinus cedrus, Linné; cedrus Libani, Barrelier.

Le cèdre du Liban est un très-grand arbre,

toujours vert, de la tribu des abiétinées, famille des conifères; ses racines se composent d'un fort pivot et de puissantes ramifications latérales qui le fixent solidement au sol; sa tige, ordinairement simple, s'élève en pyramide comme dans le sapin et le mélèze; cependant, sur les sujets isolés, elle se partage souvent en plusieurs branches, à une distance variable du sol, ce qui provient presque toujours de ce que la flèche a été brisée; légèrement redressées à leur origine près du tronc et un peu inclinées à leur extrémité, ses branches s'étendent en forme de palmes aplaties dans le sens horizontal; et, couvertes supérieurement d'un épais feuillage, elles constituent des étages de verdure distincts, qui donnent à l'arbre un aspect imposant et majestueux, auquel on le reconnaît de loin; les palmes inférieures s'étendent beaucoup en longueur et en largeur, tandis que les plus rapprochées de la cime deviennent subitement plus courtes et plus dressées: de sorte que l'arbre se présente en forme de cône très-ouvert; le trone lui-même, bien qu'il s'élève à une grande hauteur, offre le même caractère, et son diamètre décroît très-rapidement, parce que, parmi les ramifications inférieures, il en est de très-grosses; lorsqu'au contraire le cèdre croft en massif serré, son tronc file droit, et la partie inférieure se dépouille de branches à la manière du pin et du sapin, végétant dans ces mêmes conditions.

Les feuilles du cèdre du Liban, linéaires, acuminées et d'un vert-foncé, sont disposées, comme dans le mélèze d'Europe, une à une autour des pousses de l'année, et par bouquets à l'extrémité de petits rameaux situés sur du bois plus âgé; la floraison est monoïque; les fleurs måles sont disposées en chatons simples, ovoïdes, jaunâtres, érigés sur la face supérieure des branches; les fleurs femelles sont égale. ment disposées en chatons simples, ovoïdes, rougeâtres; les unes et les autres naissent en mai et juin; mais elles ne sont bien apparentes qu'en septembre; la fécondation a lieu dans le courant d'octobre, et peu de temps après les chatons femelles se transforment en cônes, qui se développent également dans une position verticale sur la face supérieure des branches; ceux-ci contiennent de la graine féconde vers le mois de juillet de la deuxième année; mais la dissémination naturelle ne commence que vers la fin de l'automne, et n'a lieu, le plus ordinairement, que pendant l'hiver ou le printemps, et quelquefois même que dans le courant de l'été de la troisième année; lorsque l'hiver est doux, la semence commence souvent à germer dans les cônes mêmes avant de se répandre. Au nombre de deux généralement, à l'aisselle de chaque écaille du fruit, les graines sont pourvues supérieurement d'une aile

membraneuse qui favorise la dissémination, et inférieurement d'une petite vésicule remplie d'un liquide limpide, visqueux, exhalant une forte odeur de térébenthine. Dans les cônes recueillis quelques mois avant l'époque de la dissémination naturelle, elles peuvent conserver cinq à six ans leurs facultés germinatives; mais extraites, elles les perdent promptement. C'est à l'âge de vingt-cinq à trente ans que les cèdres commencent à donner des fleurs des deux sexes; mais dans les premières années les graines avortent ou sont stériles; et pour obtenir du plant bien constitué, il est prudent de n'employer que de la semence provenant de sujets ayant au moins soixante ans d'âge.

Jusqu'à ce jour le cèdre n'a été trouvé croissant spontanément que sur des montagnes, souvent à une grande élévation au-dessus du niveau de l'Océan. On sait que le mont Liban en fournissait aux anciens des quantités fort considérables pour les constructions civiles et navales; mais, d'après le témoignage d'un grand nombre de voyageurs, cette montagne ne possède plus actuellement que quinze à seize très-vieux cèdres, plus ou moins sillonnés par la foudre, et une quarantaine de sujets beau⚫ coup plus jeunes; et, chose remarquable, soit que le sol ne puisse plus supporter cette production; soit que, par suite de modifications dans le climat, le jeune plant ne puisse résister aux froids rigoureux de ces sommets, presque toujours couverts de neige; soit enfin que l'épais gazon qui couvre la terre sur quelques points et l'épaisse couche de débris de cônes et d'écorces qui la couvre sur quelques autres ne permettent plus la germination des graines, on n'y voit plus du tout de jeune peuplement naturel: ce qui a fait dire que désormais les destinées du cèdre du Liban étaient entre les mains des cultivateurs européens. Mais on sait positivement aujourd'hui que cette essence forme des forêts considérables sur différents autres points du globe. Dès le milieu du seizième siècle, Pierre Bélon en signala de fort importantes sur les monts Taurus et Amanus; en 1832, M. Boré en rencontra une sur le sommet d'une montagne de l'Asie Mineure entre Tabarieh et Damas; et enfin, dans ces dernières années, les troupes françaises ont découvert sur plusieurs points des monts Atlas des masses boisées composées presque exclusivement de cèdres. Ainsi, non loin de Blidah, sur la chaîne du Mouzaïa, on voit cette belle essence occuper une étendue de cinq mille hectares environ, vers mille quatre cents mètres d'élévation au-dessus du niveau de la mer. Là elle couronne quelques crêtes de montagnes, mais elle s'étend principalement en massifs compactes dans les gorges, à toutes les expositions qui lui présentent un abri con

tre les violences du vent, et où la terre végétale, formée des débris d'un schiste argileux et d'un calcaire gris compaete, présente de l'épaisseur et de la fraîcheur; le versant nord du mont Ciga, près le camp de Teniat-el-Haâd, quatre cents mètres environ au-dessus de l'Océan, est aussi couvert d'un bois de cèdres d'une merveilleuse richesse de végétation; enfin les montagnes de l'Ouarensénis (province d'Oran) renferment des étendues boisées de plusieurs lieues carrées, dont le cèdre forme la presque totalité du peuplement.

Bien que son origine géographique nous indique que cette essence est un arbre des montagnes, les beaux sujets que possèdent la France, l'Angleterre et l'Allemagne, nous prouvent qu'elle réussit bien dans les plaines et même à une latitude nord assez considérable, puisque Loudon en cite de très-vigoureux en Écosse et en Saxe. Il paraît néanmoins que, surtout dans son jeune âge, elle redoute les grands froids, et principalement les alternatives de gelées et de dégels; l'hiver rigoureux de 1789, d'après le témoignage de Varennes de Fénille, fit périr la plupart des jeunes cèdres; et beaucoup, parmi les plus âgés, perdirent leurs feuilles; et en 1840, les rigueurs du mois de mars, qui suivirent un mois de février très-doux, causèrent le même accident à un grand nombre de sujets, qui se sont du reste parfaitement rétablis.

Toutes les expositions abritées contre les violences du vent semblent convenir au cèdre du Liban; il préfère cependant celles du nord et du nord-est : il est également peu difficile sur la nature et la qualité du sol, pourvu qu'il soit profond; on peut en voir d'assez vigoureux au bois de Boulogne, sur une terre des plus maigres; et le beau cèdre du Jardin du Roi, à Paris, a parfaitement végété sur un sol rapporté, composé en grande partie de plâtras et autres débris de démolitions de la ville. Cependant, les individus les plus remarquables par leur végétation et leur accroissement annuel, en France comme en Angleterre, se trouvent sur des terres franches ou dans un sable substantiel et profond; les sols caillouteux, facilement pénétrables aux racines, lui conviennent aussi parfaitement; mais il redoute les terrains trèscompactes et particulièrement les terrains marécageux, de même que les sables siliceux trop maigres et surtout trop arides.

Les pépiniéristes sèment le cèdre du Liban en terrines, sur couches tièdes, dans un mélange de terre franche et de terre de bruyère, maintenu dans un état moyen d'humidité; ils garantissent avec le plus grand soin le jeune plant de l'action du vent et du soleil ; et ils l'élèvent en pots jusqu'à ce qu'il soit assez fort pour être transplanté à demeure. Cependant dans les situations abritées, surtout

contre les ardeurs du soleil, le cèdre se repro-, duit naturellement avec la plus grande facilité. C'est ainsi que, dans les forêts de cèdres de l'Algérie, on rencontre tous les âges mélangés, depuis le plant de l'année jusqu'à l'arbre séculaire; et, en France, sous les sujets qui donnent abondamment de la graine féconde, on voit aussi beaucoup de petits cèdres provenant de la dissémination naturelle; et ceux d'entre eux qui se trouvent protégés contre le vent et les rayons ardents du soleil, et qui ne périssent point, foulés aux pieds ou détruits par la binette, réussissent et s'élèvent d'eux-mêmes sans aucun soin.

Le cèdre du Liban croît très-lentement dans les dix premières années de sa vie; mais ensuite sa croissance est très-rapide, et il acquiert des dimensions fort remarquables; sur le mont Liban, on en voit qui n'ont pas moins de 11 à 12 mètres de circonférence à un mètre du sol; et, dans les forêts de l'Algérie, suivant M. Renou, il n'est pas rare d'en rencontrer qui out 4 à 5m de circonférence à la même distance du sol; le cèdre du Jardin du Roi, planté en 1734 par Bernard de Jussieu, avait, à la hauteur de 1m 45, une circonférence de 2,13 en 1786; de 2,81 en 1812; et de 3m,25 en 1844. Dans un sol substantiel et frais, l'accroissement annuel est encore plus considérable; et un grand nombre d'observations faites, tant en France qu'en Angleterre, établissent que, dans ces conditions, le cèdre a environ 14m de hauteur sur 0,75 de diamètre vers l'âge de 30 ans, 18m de hauteur sur un 1m de diamètre vers l'âge de 50 ans, et enfin 25 à 30 mètres de hauteur sur 1,50 à 2m de diamètre vers l'âge de 90 à 100 ans. Sur les montagnes où il croft spontanément, cet arbre vit trèslongtemps, puisque voilà quatre siècles environ qu'on cite quelques individus du mont Liban qui sont encore pleins de vie : il paraît que dans les plaines, et dans nos climats, il aurait une durée bien moindre; car Loudon cite quelques sujets qui, à peine âgés d'un siècle et demi, étaient arrivés à un état complet de décrépitude.

Le cèdre du Liban n'est encore cultivé en Europe que comme arbre d'ornement;par son port superbe et sa perpétuelle verdure, il produit un effet magnifique dans les grands parcs et les bosquets d'hiver. Les forêts d'Afrique prouvent qu'il réussit aussi parfaitement en massif serré, et qu'alors il a la plus grande analogie avec notre pin et notre sapin, sous le rapport de la végétation et du repeuplement naturel; il ne paraît pas, d'ailleurs, plus difficile à multiplier que ces deux essences, et tout fait présumer qu'en le soumettant au même traitement qu'elles, il serait facile de le faire entrer dans la grande culture forestière : on est, du reste, fort loin d'être d'accord sur

le mérite de son bois. Les uns, sur la foi des témoignages anciens et des livres sacrés, lui attribuent la force, la durée, l'éclat et l'incorruptibilité; d'autres, au contraire, ne lui reconnaissent aucune de ces qualités précieuses. Suivant M. Renou, le bois de cèdre qui croît en Afrique a la plus grande analogie avec celui de notre sapin; mais il est plus cassant, et il lui est inférieur pour les constructions. Suivant Loudon, le bois de cèdre est d'un blanc-rougeâtre, léger, spongieux, facile à travailler, mais peu durable, exposé à se déjeter, et ne pouvant être employé qu'en bois de fort échantillon; enfin le bois de cèdre aurait aussi, d'après M. Loiseleur-Deslonchamps, fort peu de mérite comme bois de chauffage, brûlant vite, pétillant beaucoup et dégageant peu de chaleur. L'arbre que nous connaissons sous le nom de cèdre du Liban serait-il différent de celui qui fut, dans l'antiquité, si célèbre sous le même nom ? on bien encore n'aurait-il toutes ses qualités qu'à un âge très-avancé?

II. CÈDRE D'AFRIQUE, CÈDRE ARGENTÉ, cedrus argentea, Renou.

paraît

Les forêts de cèdres de l'Algérie présentent deux variétés mélangées; l'une ne diffère en rien du cèdre du Liban, l'autre présente quelques différences caractéristiques: ses folioles, plus grosses, se redressent en se contournant, et semblent converger vers un sommet com: mun; leur face supérieure est d'un blanc mat, produisant sur la nuance verte du feuillage un reflet argenté; ses branches s'inclinent beaucoup plus vers le sol; ses cônes sont plus petits que ceux du cèdre du Liban ; plus rustique que ce dernier, et il le domine presque partout. Il forme les sept dixièmes environ du peuplement de la forêt du Mouzaïa, près de Blidah; et là, il n'est pas rare de rencontrer des sujets qui semblent parcourir les phases de leur plus grand accroissement, et qui déjà n'ont pas moins de 5, 6 et 7 mètres de circonférence à un mètre du sol. Le bois du cèdre argenté est, suivant M. Renou, d'un blanc nuancé de jaune; sa contexture est serrée et homogène; mais il est moins pesant que celui de l'autre variété ; du reste, tous les autres détails concernant le cèdre du Liban peuvent lui être appliqués.

III. CÈDRE DE L'INDE OU DES MONTS HIMALAÏA, cedrus devdara, Roxburgh.

Ce cèdre ne diffère de celui du Liban que par quelques caractères spécifiques : ainsi ses cônes sont plus gros, et ses folioles plus larges, d'un vert-foncé, sont recouvertes d'une poussière glauque très-fine; ses jeunes pousses, d'abord pendantes, comme dans le saule pleureur, se redressent à l'automne et au printemps suivant. Il croît spontanément au nord de

Finde dans le Népaul et sur les montagnes Indo-Tartares, où on le trouve quelquefois vers 3,600 mètres au-dessus du niveau de la mer. Introduit en Angleterre en 1822, il a bien réussi en pleine terre jusqu'au nord de l'Écosse; il est plus rustique que le cèdre du Liban, et ne redoute ni les hivers rigoureux ni les gelées tardives; il croît aussi plus rapidement dans le jeune âge, et il n'est pas rare d'en voir dans l'Inde qui ont environ 45 mètres de hauteur sur 3 mètres de diamètre; il se multiplie de semence, de bouture et de greffe sur le cèdre du Liban. Son bois, d'un grain fin, serré, homogène, très-résineux, répand un parfum fort agréable et prend un poli qui rivalise avec le magnifique poli de l'agate; il est employé à toutes sortes d'usages et dure trèslongtemps, qu'il soit exposé à l'air ou dans l'eau; en un mot, il semble posséder toutes les qualités que les anciens reconnaissaient au cèdre du Liban. On en a trouvé, suivant Lambert, de parfaitement sains dans des charpentes de temples indiens qui n'avaient pas moins de 200 ans. Selon Loudon, la culture, le sol et l'exposition qui lui conviennent sont les mêmes que pour le cèdre du Liban. Cet arbre commence à se répandre en France; essayé en Afrique, il a parfaitement réussi.

Loiseleur-Deslongchamps, Histoire du cèdre du Liban, Paris, 1838.

Loudon, Arboretum britannicum, t. IV; Londres,

1839.

Victor Renou, Notice sur les forêts de cèdres de l'Algérie, dans les Annales forestières, janvier 1844. Marquis de Chambray, Traité pratique des urbres résineux conifères, à grandes dimensions, que l'on peut cultiver dans les climats tempérés; Paris, 1845. J. AUREILLE.

CEINTURE. (Antiquité. ) Zona, Cingulum; Ζώνη, Ζωστήρ; tels étaient les noms de la ceinture chez les Romains et chez les Grecs. De même que beaucoup d'autres parties du costume, elle portait encore un nom différent selon le sexe auquel elle servait : appelée en grec Zwotne, quand il s'agissait d'une ceinture d'homme, elle s'appelait Závtov, quand elle faisait partie de la toilette d'une femme (1). Les plus belles ceintures étaient faites en tissu maillé ou en filet. L'ouvrier qui les fabriquait s'appelait Ζωνιοπλόκος (2).

La ceinture était principalement destinée à relever la tunique, Zúvvvobat (3), précaution qu'on prenait, dans le but de rendre les mouvements plus libres, pour travailler, pour combattre, pour chasser; la sculpture et la peinture antiques représentent souvent les hommes armés portant la ceinture par-dessus la cuirasse. A Rome, le maître de la cavalerie avait une ceinture de cuir rouge brodée à l'ai(1) Maris Attic. s. v. Závtov.

(2) Th. Magister, p. 168, ed. Ritschel.; en latin Zonarius.

(3) Callim. Dian. 13.

guille, et attachée par une boucle d'or d'un riche travail (1). La ceinture dont parle Homère (2) semble avoir fait partie de la cuirasse, qu'elle servait à maintenir au moyen d'une boucle, ajoutant en même temps une protection de plus à la partie du corps qu'elle entourait; c'est à cet emploi de la ceinture que Minerve devait le surnom de Zwornpía, sous lequel elle était adorée en Béotie et chez les Locriens Épicnémidiens (3). La cuirasse des anciens ne descendait pas assez bas pour pro téger les parties inférieures du tronc recouvertes par une espèce de cotte ou de jupon qui pendait, attaché à la ceinture, en guise d'ornement. Pour remédier à ce défaut, on employait une es. pèce de ceinturon de métal, bordé de cuir et garni de laine, qu'on appelait mitra, et qui garantissait le bas-ventre (4); Caylus en a donné le dessin dans son Recueil d'Antiquités (5).

Les hommes employaient leur ceinture en guise de bourse pour porter leur argent (6). Souvent un petit sac y était suspendu, et plus souvent encore, le pli, appelé sinus, que formait la tunique tirée en haut, servait de poche et recevait différents objets.

Comme le vêtement retroussé indiquait un homme occupé, travaillant, se livrant à quelque exercice, de même la ceinture détachée et la tunique tombant jusqu'aux pieds indiquaient des circonstances contraires, et l'on s'habillait spécialement ainsi pour accomplir un sacrifice [veste recincta (7)], pour célébrer une cérémonie funèbre [discincti (8), incinclæ (9)].

Les jeunes filles se ceignaient habituellement la taille, même quand elles ne relevaient pas leur tunique, et quittaient le jour de leur mariage cette ceinture, appelée pour cette raison Ζώνη παρθενική (10). La Flore du Musée de Naples est ainsi vêtue.

La sangle destinée à soutenir la selle sur le dos du cheval portait les mêmes noms que la ceinture, et était souvent précieuse par la matière et par le travail (11). Les termes zona, cingulum, s'employaient aussi dans la langue des géographes et des astronomes pour désigner les cinq zones terrestres (12).

LÉON RENIER.

(1) Lydus, De Magist. II, 13. (2) I., IV, 138; V. 539; X, 77; XI, 236. (3) Paus. IX, 17, 3. — Steph. B. s. v. Zwotńp. (4) Hom. I., IV, 137, 187; V, 707, 837. -Schol. ad II. IV, 187.

(8) V, pl. 96, fig. t.

(6) Plaut. Merc. V, 2, 84. — Aul. Gell, XV, 12. - Sueton. Vitell. 16.

- Ovid. id. Metam. VII, 192.

(7) Virg. Æn. IV, 818 (8) Sueton. Aug. 100. (9) Tibull. III, 2, 18. (10) Jacobs, Anthol. II, p. 873. — Brunck, Anal. III, 299. Sen. OEd. II. 3, 17. Hom. Od. V, 251. — Longus, 1, 2. Ovid. Epist. Her. II, 116; IX, 66. Festus, s. v. Cingulum. — Catull. II, 13; LXIV, 28. (11) Ovid. Rem. Am. 236. Claud. Epig. 34, 36. (12) Virg. Georg. I, 235. — Plin. H. N. II, 68. --- Macrob. Somn. Scip. II.

--

« ZurückWeiter »