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fit céder notre aile droite, et rendit la retraite commune à toute l'armée.

D. Comment cette retraite s'opéra-t-elle ?

R. En assez bon ordre jusqu'au village de Pasturana. Là seulement, 400 travailleurs embusqués coupèrent la retraite à notre matériel, et causèrent un encombrement dont l'ennemi tira le plus grand avantage. 12,000 hommes furent perdus par chacun des partis, mais nous eûmes à regretter de plus que les alliés 40 voitures, 20 canons, et la personne mille fois plus précieuse du général Joubert. Une balle l'atteignit dès le commencement de l'action. En avant, disait-il encore d'une voix mourante. J'ai dit que les Français faisaient chanson de tout, et le désastre de Novi en est

une preuve immortelle.

D. Que devint l'armée après cette défaite ? R. Elle se retira sur Gênes, où bientôt après elle fut jointe par une nouvelle armée des Alpes, dont le directoire avait ordonné la formation. Championnet, qui la commandait, se mit à la tête des forces réunies, et prépara tout pour conserver à la république cette partie de ses conquêtes.

D. Que devenaient les garnisons françaises laissées dans les villes de Naples et de l'Italie?

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R. Assiégées à la fois par les Anglais et par le peuple, toutes se rendaient avec plus ou moins de gloire. Celle d'Ancône fit surtout une résistance héroïque. Elle n'était que de 1500 hommes contre 20,000 assiégeans; mais, décidé à s'ensevelir sous les ruines de la place, l'intrépide général Monnier répondait aux sommations du général Frœlich : « Les Français ne peuvent être long-temps malheureux, notre cœur nous le dit; et puisque la victoire doit venir nous délivrer, il faut qu'elle nous trouve au poste d'honneur. »

CAMPAGNE DE 1796.

Reprise des opérations en Allemagne.

D. En terminant le récit de la campagne de 1795, nous avons laissé les armées de Rhin-et-Moselle et de Sambre-et-Meuse, en état d'armistice sur la rive gauche du Rhin; détaillez-moi la force de chacune et les adversaires qu'elles avaient à combattre ?

R. Forte de 66,000 hommes, l'armée de Rhin-et-Moselle avait à lutter contre 92,000 commandés par l'archiduc Charles; de même force que la première, celle de Sambre-et

Meuse se trouvait en présence de 82,000, aux ordres de Warstenleben. Ainsi, tout balancé, les Autrichiens avaient sur Pichegru et Jourdan une supériorité numérique de 30,000 hommes.

D. Quelle était la situation des armées ?

R. Florissante pour les Autrichiens, effroyable pour les Français. C'était l'ouvrage de Pichegru aussi, prévoyant que ses trahisons éclateraient au premier jour, ce général cédat-il à Moreau le commandement en chef de l'armée de Rhin-et-Moselle.

D. A quelle époque reprirent les hostilités? R. Le 19 juin 1796. Le plan des Français était que Moreau battrait et poursuivrait l'armée de l'archiduc, tandis que, se bornant à rester sur la défensive, Jourdan occuperait, loin de son collègue, l'autre partie des forces autrichiennes.

D. Quelles furent les premières opérations? R. Une série de combats couronnée par le passage du Rhin devant le fort de Kehl. Ici, le général Desaix paya tellement de sa personne, qu'enflammé d'un noble dépit, un grenadier qu'il masquait dit fort énergiquement : « Si cela continue je me brûle la cervelle, cet homme est toujours devant moi. »

D. Que fit l'archiduc en cette occasion?

R. Il tenta, mais vainement, de résister. Battu à Renchen, à Radstadt, à Ettingen, à Neresheim, il prit le parti de se retirer précipitamment sur Donawert pour y passer le

Danube.

D. Que faisait l'armée de Sambre-et-Meuse?

R. Après s'être long-temps battue sur la rive gauche du Rhin, et avoir vu révoquer par le directoire un armistice qu'elle avait forcé l'ennemi de demander, elle passait le Rhin dans les environs de Mayence, s'emparait de Francfort, de Koenigstein, de Wurzbourg, et des grands approvisionnemens que ces villes contenaient.

D. N'est-ce point alors que Jourdan se démit du commandement en chef?

R. Malade depuis long-temps, il le céda momentanément à Kléber. Celui-ci prit les places de Koenigshoffen, de Bamberg, de Rothemberg, et ne s'arrêta que parce qu'il vit tout-à-coup dans l'armée ennemie une supériorité numérique qu'il était loin d'attendre: c'était l'archiduc qui, secrètement détaché avec 28,000 hommes de l'armée opposée à Moreau, était venu se joindre à Warstenleben pour accabler celle de Sambre-et-Meuse.

D. Quel parti prit Kléber?

R. Celui de remettre le commandement à Jourdan.

D. Et Jourdan ?

R. De borner sa course aux rives de la Nab, d'ordonner la retraite, et de se battre en l'opérant. C'est ainsi qu'il se reploya jusque sur la Nahe, où l'arrivée de renforts considérables le mit à même de prendre des positions. D. Qu'était devenu Moreau ?

R. Victorieux partout, il avait forcé le passage du Danube, et ne se trouvait plus qu'à une faible distance de la capitale de l'Autriche. « Qu'il aille jusqu'à Vienne, avait dit l'archiduc, pourvu que je batte Jourdan.» Mais l'isolement où le mit la retraite de l'armée de Sambre-et-Meuse, le força lui-même à chercher sa sûreté dans un mouvement rétrograde.

D. N'est-ce pas ce mouvement que l'histoire désigne sous le nom de retraite du Danube ?

R. Précisément. Harcelé dans cette retraite par des forces toujours supérieures, Moreau ne dut qu'à son génie le bonheur d'échapper, sans perte, aux périls qui l'environnaient. C'est ainsi qu'il passa sur le ventre aux Autrichiens déployés à Neubourg pour l'empêcher

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