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il attaqua par cinq points différens les 6000 que le général Macdonald avait disposés sur la route de Florence à Rome. Sa ridicule supériorité lui fut absolument inutile. Battu partout, il fut culbuté du champ de bataille, débusqué de Calvi où il s'était réfugié, chassé de Rome qu'il s'était conservé comme base d'opération.

D. Est-il quelque place qui tenta de résister?

R. Toutes. Les principales sont Gaëte et Capoue aucune ne nous échappa; et nous ne faisions encore que des préparatifs contre celle de Capoue, lorsque Championnet apprit qu'un corps d'insurgés venait de détruire notre grand parc de réserve. C'était pour nous un coup à n'en pas relever; mais, par un bonheur inexplicable, ni le commandant de Capoue, ni le général Mack ne connurent assez tôt ce désastre de nos armes ; et l'un rendit sa ville, tandis que l'autre achetait 10 millions un armistice qui nous sauvait d'une perte certainc. D. Cet armistice dura-t-il long-temps?

R. A bien prendre, il n'exista qu'à demi ; car à peine le traité fut-il signé, qu'il se manifesta d'horribles insurrections en faveur des Napolitains.

D. Que fit Championnet?

R. Il les soumit par la force des armes; et, sentant que tourner contre Mack lui-même la fureur de la multitude serait tirer les républicains du mauvais pas où ils étaient engagés, il chargea des agens secrets de cette grande et délicate opération. Chassé de son quartier-général, poursuivi partout, ne trouvant aucun refuge, Mack vint de lui-même se constituer prisonnier du général Championnet. Le malin Français, pour qui tout est sujet de chanson, n'épargna pas le général Mack, et je me souviens que l'on chanta beaucoup vers ces temps un vaudeville commençant ainsi :

Plutôt que de se laisser prendre,
Le grand coureur napolitain,
Monsieur Mack, est venu se rendre
Au général républicain.

«Sauvez-moi, j'ai peur, je frissonne :
Pour me tirer de ce mic-mae,

Je viens vous offrir ma personne

. Comme l'on offre du tabac. »

D. Que fit Championnet après la reddition du général Mack ?

R. I entra dans Naples; mais le peuple n'étant plus pour lui, il fallut conquérir la ville. Cette conquête terminée, Championnet

changea le gouvernement du royaume, qui dès-lors prit le nom de république parthénopéenne.

D. Ne se passait-il rien en Italie ?

R. Voyant dans l'éloignement de Bonaparte la possibilité de reconquérir l'Italie, l'empereur d'Autriche chargea le général Kray de s'y porter avec 60,000 hommes, et, de son côté, le directoire en envoya pour s'opposer à Kray, 45,000 commandés par Joubert.

D. Quels mouvemens Joubert opéra-t-il? R. Voyant les déprédations tolérées par le directoire, il se démit du commandement en chef, et la suprême autorité fut confiée à Schérer. Celui-ci ne fut pas plutôt maître de l'armée, qu'il courut attaquer l'ennemi sur l'Adige. C'était le 25 mars 1799, près de Vérone. Schérer tua 9000 hommes au général Kray, et en perdit ensuite 5000, faute d'avoir pu être secondé par le général Lecourbe, qui commandait en Helvétie. Dix jours après, Schérer fut défait à son tour près de Magnano, et forcé de se reployer sur le Mincio en toute précipi tation.

D. Ne pouvait-il appeler l'armée de Naples à son secours ?

R. Le directoire l'avait défendu ; et, com

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mandée par Macdonald, celle-ci devait, en cas d'agression nouvelle, agir indépendamment. D. Que fit alors Schérer ?

R. Ayant jeté une garnison dans Mantoue, il détacha une colonne sur la Toscane; prit, par elle, la ville de Florence et la personne du pape, remplaça l'autorité ducale par un gouvernement républicain; et se concentrant ensuite, se retira des rives du Mincio derrière l'Oglio, qui lui paraissait plus tenable.

D. Dans cette nouvelle lutte l'empereur d'Autriche n'avait-il aucun auxiliaire?

R. Il en avait un bien dangereux pour nous. C'était le Czar dirigeant sur l'Italie 40,000 hommes commandés par Suworow, l'homme le plus bizarrement brave qui ait jamais existé. D. Que fit Schérer devant cette réunion de 100,000 combattans?

R. N'ayant plus que 28,000 hommes à leur opposer, il se retira de l'Oglio sur l'Adda, fit quelques dispositions de défense, et peu sûr de ses talens, remit le commandement en chef au général Moreau.

D. Moreau fut-il heureux ?

R. On ne saurait l'être moins. Complétement battu à Cassano, il dut renoncer à la conservation de l'Italie, et se retira de ville

en ville, de position en position, jusque sur le col de Tende. C'est ainsi que, soixante-dix jours après l'ouverture de la campagne, l'ennemi victorieux pût contempler nos frontières.

D. Isolée par la retraite de Moreau, que fit l'armée de Naples?

R. Elle évacua Naples, et se retira en combattant jusque sur Plaisance. C'était le 16 mai 1799. Quatre jours après, Macdonald attaqua les Russes sur la rive droite de la Trebbia. Il s'y fit des deux parts un effroyable carnage. Trop peu nombreux pour recommencer le lendemain, les Français se retirèrent successivement sur Modène, la Toscane et les états de Gênes.

D. Moreau ne profita-t-il point de ce rapprochement pour mettre nos deux armées en communication?

R. Il fit plus. Battant à Saint-Giuliano les corps qui lui étaient opposés, il redoubla d'ardeur, et joignit l'armée de Naples dans les états de Gênes. C'est par suite de cette jonction que Moreau attaqua les alliés près de Novi (15 août 1799.) Quoiqu'ils fussent 66,000 contre 40,000 Français, ils échouaient sur divers points lorsqu'une attaque inattendue

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