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naparte réfuta ces calomnies par des proclamations aux peuples vaincus. « Nous ne venons ici, dit-il, ni pour vous conquérir, ni pour changer vos mœurs et votre religion. La république est l'âme de toutes les nations. Malheur aux rois qui ont la folie de lui faire la guerre. »

D. Quels événemens suivirent le refus de la paix ?

R. Deux nouvelles victoires remportées, les 2 et 4 avril, près de Dirnstein et de Hundsmarck. Coupée dans tous ses mouvemens, separée des corps dont dépendait son existence, attaquée, culbutée, battue dix fois par jour, l'armée autrichienne se retirait en désordre sur Vienne, lorsque le prince Charles demanda un armistice pour servir d'acheminement à la paix qu'il n'avait pu négocier d'abord.

D. Bonaparte était-il toujours dans les mêmes dispositions?

R. Par ce qu'on pourrait appeler une coquetterie de conquérant, il fit désirer longtemps la faveur qu'il brûlait d'accorder. Il céda pourtant. L'armistice demandé fut signé le avril; et le 15, des préliminaires de paix le furent dans Léoben, où se trouvait alors le quartier-général français.

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D. Quel lieu fut choisi pour les conférences qui devaient décider des intérêts de la France et de l'Autriche ?

R. Le château de Campo-Formio, près d'Udine, en Frioul.

D. Ne se passait-il rien dans la république de Venise?

R. Toujours ennemi des Français, le sénat avait soulevé contre eux la masse entière de la population. On les massacrait par centaine, et le cri des Vénitiens était : Mort aux Français. Sommé de mettre un terme à ces maux, le doge ne répondit que par des phrases entortillées, et Bonaparte indigné renversa le plus ancien gouvernement de l'Europe. D. Quelle autorité lui substitua-t-il?

R. L'ancienne forme démocratique qui existait avant la révolution de 1209.

D. Ce grand changement se fit-il sans se cousses?

R. Il fallut soumettre des milliers de mutins suscités par l'ancien sénat; mais comme la populace craint toujours qui ne la craint point, il suffit de quelques exemples pour la

faire rentrer dans l'ordre.

D. Quelle tournure prenaient les négocia– tions de Campo-Formio?

R. La plus heureuse. Ces négociations duèrent jusqu'au 7 octobre. Alors on vit paraître, comme pour sécher les pleurs des nations, le traité dont je vais indiquer quelques dispositions principales : La paix sur terre et sur mer; la cession de la Belgique à la France; le partage des états Vénitiens entre la France et l'Autriche.

D. Quel effet cette paix produisit-elle sur les esprits ?

R. Chez les vainqueurs, un enthousasme difficile à peindre; chez les vaincus, une autre sorte de contentement. On peut juger de la satisfaction de ces derniers par ce que fit l'aubergiste de Léoben, chez qui furent signés les préliminaires. Une pendule était dans la chambre où se trouvaient les généraux. Il l'arrêta lorsqu'il vit ceux-ci prendre la plume. Le temps doit suspendre sa course, dit-il, au moment où l'univers est heureux.

D. Que fit Bonaparte après la conclusion de la paix ?

R. Il revint à Paris pour y recevoir, dans des hommages publics, l'expression de la reconnaissance nationale.

D. Ne se passait-il aucun événement en Italie ?

R. Enhardi par l'éloignement de nos armées, le pape soulevait les Romains contre la personne et la suite de l'ambassadeur français, faisait assassiner le général Duphot, et forçait le ministre Joseph Bonaparte à chercher sa sûreté dans la fuite.

D. Qu'ordonna le directoire ?

R. La marche sur Rome des légions qui venaient de vaincre dix peuples ligués. Berthier les commandait. Son approche fit que le peuple se tourna contre le Gouvernement qui l'avait égaré. Jamais on ne vit d'exaspération plus grande. Forcé de fuir à son tour, le pape se retira dans une cellule de la Chartreuse de Pise, et laissa Berthier proclamer dans Rome le Gouvernement républicain.

D. En soulevant Rome, le pape ne se fit-il aucun imitateur?

R. Les rois de Sardaigne et de Naples furent guidés par la même politique. Le premier fut en trois jours chassé par le général Joubert du Piémont, auquel il renonça pour obtenir la paix; le second, en obtenant de l'empereur d'Autriche que le général Mack viendrait commander son armée, prépara sur-lechamp l'ouverture d'une nouvelle campagne. D. Qui commandait alors l'armée française?

R. Le général Championnet, militaire éprouvé par le talent comme par le courage. Mack s'avança suivi d'une armée une fois plus nombreuse que la nôtre, et Championnet, qui avait reçu des instructions en conséquence, se reploya jusque sur les frontières de la république cisalpine. En quittant Rome, il promit au commandant de la garnison qu'il laissait dans le fort Saint-Ange, de les délivrer dans vingt jours, et ne s'occupa plus que des moyens de tenir parole.

D. Maître de Rome, que fit le général Mack?

R. Il fit célébrer son arrivée par des fêtes extraordinaires, et le roi Ferdinand qui l'accompagnait, crut sa gloire intéressée à rétablir le Saint-Siége. « Quittez, écrivit-il au pape, quittez votre modeste retraite; et porté sur les ailes des Chérubins qui transportèrent autrefois Notre-Dame de Lorette, partez et descendez dans ce Vatican que doit purifier votre présence. »>

D. Mack se borna-t-il à prendre Rome? R. Voulant poursuivre ce qu'il appelait ses succès, sans toutefois compromettre la sûreté de son armée, il jugea convenable de n'attaquer qu'une aile des Français; et divisant soudain ses 40,000 hommes en cinq colonnes,

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