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parti républicain. C'est ce qui leur fit dire par Bonaparte : « Chaque jour votre peuple se rend plus digne de la liberté; il acquiert chaque jour de l'énergie ; il paraîtra sans doute un jour avec gloire sur la scène du monde?» D. Comment la France voyait-elle les. grandes actions de Bonaparte?

R. Avec admiration sans doute, mais avec une coupable tolérance pour certains journaux vendus à l'esprit de parti. Il en est un qui osa demander la convocation d'une cour martiale pour juger Bonaparte.

D. Quel était le sentiment du Directoire?

R. Une profonde pitié pour toutes ces infamies. Persuadé que Bonaparte en éprouvait autant, il lui écrivit en ces termes : « Vous n'aurez pas de peine à abandonner les jactances des uns, et les calomnies des autres au mépris qu'elles méritent pår elles-mêmes, et plus encore par l'esprit qui les dirige. » D. Quelle grande opération se fit après la défaite de Wurmser?

R. La reprise du siége de Mantoue. Ce fut le général Saluguet qui en fut changé. Il rejeta dès le premier jour les ennemis dans la place.

D. Que faisait Wurmser?

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R. Renforcé de plusieurs régimens, il reprenait l'offensive. Ce fut vainement. Complétement défait à Roveredo, à Trente, à Bassano, il n'eut d'autre ressource que celle de fuir encore, et comme il n'était plus de force à tenir la campagne, il résolut de se joindre à la garnison de Mantoue.

D. Bonaparte ne fit-il rien pour l'en empêcher?

K. Il chargea le général Sahuguet de suspendre un instant les opérations du siége pour couper à Wurmser tous les ponts de la Molinella; mais Sahuguet n'exécuta qu'imparfaitement son ordre, et le général autrichien parvint. à son but. Le jour même de cette jonction, les généraux Augereau et Victor prirent, dans Legnago, 1600 hommes et un matériel immense que Wurmser y avait jetés pour protéger sa retraite.

D. Réuni à la garnison de Mantoue, Wurmser ne fit-il rien pour sa délivrance?

R. Les combats de Saint-Georges, de la Favorite, de Duc-Castelli, sont autant de sorties qu'il fit pour reprendre l'offensive; constamment battu, il fut chaque fois obligé de rentrer dans la place. C'était pour les vaincus une cruelle nécessité; car il y régnait une épi

démie qui enlevait les hommes par centaines. De 25,000, dont la garnison se composait à l'arrivée de Wurmser, plus de 10,000 avaient déjà péri par la contagion.

D. L'Autriche n'envoyait-elle aucun secours à ses armées défaites?

R. Instruit qu'elle faisait pour cela d'immenses préparatifs, Bonaparte consolida ses conquêtes par la création d'un gouvernement républicain. Il abolit toutes les institutions féodales, parce que la liberté ne saurait exister en même temps que l'esclavage; il respecta toutes celles qui tenaient à la religion, parce qu'il avait besoin de l'amitié des fanatiques ; il ménagea le clergé parce que rien n'est impla cable dans ses vengeances comme les ministres d'un Dieu de miséricorde ; il substitua des emplois civils aux priviléges nobiliaires, parce que les nobles contiendraient leurs ressentimens tant qu'ils auraient l'espoir de ressaisir par l'intrigue l'autorité qu'ils tenaient de l'ignorance.

D. Ne se passait-il rien sur d'autres points?

R. Le général Garnier étouffait, dans la république de Gênes, des insurrections qui venaient de s'y manifester; la paix se signait à Paris, entre le Directoire et le roi de Naples; et le général Gentili délivrait du joug

britannique l'île de Corse, que Paoli avait livrée aux Anglais.

D. Que devenaient les armemens de l'Autriche pour secourir ses armées d'Italic? R. Mis à la tête des nouvelles légions, le général Alvinzi s'avançait à grands pas.

D. Que fit Bonaparte en cette conjoncture? R. Il évacua les villes de Bassano, de Vicence, de Trente, de Roveredo, et se portant rapidement sur l'Adige, préluda par divers engagemens partiels à la grande bataille qu'il méditait.

D. Où les deux armées se rencontrèrentelles?

R. Au pont d'Arcole. Le carnage qui s'y fit est au-dessus de tout ce qu'on peut décrire. Là, comme à Lodi, une artillerie formidable embrassait toute la largeur du pont et jetait de l'hésitation dans nos rangs. Grenadiers, dit Bonaparte en saisissant un drapeau, qu'est devenue votre intrépidité? N'êtes-vous donc plus les vainqueurs de Lodi, et ne suivrez-vous pas votre général? Il dit, s'élance, et l'armée le suit; mais tous ses efforts échouèrent contre les torrens de mitrailles que vomissaient les canons autrichiens. On se battit ainsi les 15, 16 et 17 novembre; et ce fut une fausse attaque,

opérée sur les derrières de l'ennemi par un officier des guides, à la tête de 25 hommes et de 12 trompettes qui décida de la victoire, par l'épouvante dont elle frappa les compagnons d'Alvinzi. Complétement en déroute, les Autrichiens repassèrent la Brenta avec une perte de 10,000 hommes, d'un nombreux matériel, de plusieurs étendards, et d'une multitude d'échelles préparées pour assiéger Vérone. « Demain, écrivit Bonaparte, au Directoire, j'attaquerai la division Davidowich; je la battrai si elle veut m'attendre, et je la poursuivrai jusque dans le Tyrol. J'attendrai ensuite la reddition de Mantoue, qui ne peut pas tarder plus de 15 jours. »

D. Comment tint-il parole?

R. En écrasant Davidowich près de Campara.

D. La bataille d'Arcole n'offre-t-elle aucun fait particulier?

R. J'en vais citer un. Dans la nuit du 17 au 18, Bonaparte, visitant les avant-postes, trouve un factionnaire endormi. Il s'en approche doucement, lui prend son fusil et continue la faction. Au bout d'un instant le soldat se réveille. Je suis perdu, dit-il, en reconnaissant le général en chef. Rassure-toi,

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