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une ombre d'avantages; mais l'intrépidité du colonel Rampon, qui, renfermé dans une rèdoute, soutint avec 1200 hommes l'assaut réitéré de 12,000 ennemis, contribua puissamment à changer la fortune. Tranquille sur la résistance de Rampon, Bonaparte tailla les Autrichiens en pièces, et fit culbuter, par Masséna, les Piémontais qui venaient à leur

secours.

D. Où se retira le général Beaulieu ?

R. A Millesimo. Il était défait, mais non tellement qu'il ne pût encore se joindre aux Piémontais.

D. Quel était l'esprit de l'armée ?

R. Mauvais. Jamais, à la vérité, on n'avait vu' d'aussi profonde misère que celle qui régnait alors. Les soldats manquaient de tout. Voici les champs de la fertile Ivalie, leur dit Bonaparte; l'abondance est devant vous, il faut la conquérir. Ce peu de mots calme les esprits; on court aux armes, on marche au feu; et, culbutés de nouveau, les Autrichiens nous cèdent l'entrée du Piémont.

D. Citez-moi quelques traits éclatans dé courage.

R. Suivi de six grenadiers, le général Joubert eut l'audace d'attaquer 1500 Autrichiens

retranchés dans les ruines d'un château. Ses compagnons y périrent, et lui tomba blessé presque mortellement.

D. Quelle fut la perte de l'ennemi à Mil– lesimo ?

R. 12,000 hommes, 22 canons, et 15 drapeaux.

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D. Beaulieu ne vengea-t-il pas cette défaite? R. Il tenta de nous surprendre dans Dégo; mais sa nouvelle attaque ne fut qu'un nouvel échec. C'est à cette occasion que le Directoire témoigna son contentement aux généraux Bonaparte, La Harpe, Rampon et Vignolles.

D. Ces témoignages étaient fondés; mais en prenant l'offensive, Bonaparte n'avait-il pas désobéi au Directoire ?

R. C'est l'opinion générale; mais on ne punit point les fautes que le succès justifie. Si pourtant l'ordre dont on parle fut en effet donné, Bonaparte fit, en ne s'y conformant pas, un coup de témérité qui pouvait le conduire à l'échafaud. Ou ce général fut bien imprudent, ou il était bien sûr de ses plans de campagne.

D. Que firent les Piémontais après la défaite de Beaulieu?

R. Le général Colli, qui commandait, crut

ne pouvoir sortir du mauvais pas où il se trouvait engagé, qu'en se retranchant sous les murs de Céva.

D. Parvint-il à s'y maintenir?

R. Il en fut chassé, le 17 avril, par le général Augereau. Atteint, à Mondovi, il perdit 2000 hommes, huit bouches à feu et 15 caissons; nous céda Mondovi, Fossano, Besnes, la Trinita, Cherasco, Carignano, Alba, et se retira sous les murs de Turin pour défendre au moins la capitale du Piémont. « Soldats, dit alors Bonaparte à l'armée, vous avez en quinze jours remporté 6 victoires, pris 21 drapeaux, 50 pièces de canon, plusieurs places fortes, conquis la partie la plus riche du Piémont ; vous avez fait 15,000 prisonniers, tué ou blessé plus de 10,000 hommes..... Mais, soldats, il ne faut pas le dissimuler, vous n'avez rien fait puisqu'il vous reste encore à faire; ni Turin, ni Milan, ne sont à vous; les cendres des vainqueurs de Tarquin sont encore foulées par vos ennemis...... »

D. Que fit le roi de Sardaigne en voyant les succès de nos armes ?

R. I trembla pour ses états et demanda la paix. La paix lui fut accordée; mais à des conditions si dures, que les plus cruelles

chances de la guerre, ne pouvaient être plus funestes pour sa puissance.

D. Détaillez-moi quelques-unes de ces conditions.

R. L'abandon de la Savoie, ainsi que des comtés de Nice, de Beuil et de Tende; l'occupation, par nos troupes, de huit d'entre les principales forteresses; le passage pour les renforts que la France enverrait en Italie; la démolition de cinq places fortes désignées; et l'interdiction de toute construction ou réparation d'ouvrages sur la frontière du sol républicain. Il est facile de sentir combien la situation de l'armée d'Italie devint prépondérante par ce traité.

D. Que fit le général Beaulieu à la nouvelle de cette paix?

R. Il sentit que la perte d'un allié le réduirait à la nécessité de se retirer derrière le Pô, et il passa ce fleuve pour couvrir le Milanais. Ce fut vainement, les Français le franchirent à leur tour; et, défait partout où il tenta de résister, Beaulieu fut rejeté jusque sur l'autre rive de l'Adda.

D. Quel effet produisit cette retraite sur les princes de l'Italie ?

R. Celui qu'avait produit sur le roi de Sar

daigne notre marche sur Turin. Pour conjurer l'orage, le grand-duc de Toscane fit cesser les vexations que les Anglais exerçaient contre nos vaisseaux dans le port de Livourne ; et l'infant duc de Parme fit, au général Bonaparte, des propositions d'accommodement. D. Comment furent-elles reçues?

R. Avec toute la joie que pouvait donner un ennemi de moins à combattre. Ce fut Bonaparte qui dicta le traité. L'infant s'obligeait à fournir 2 millions de francs, 1200 chevaux de trait garnis de leurs colliers, 400 chevaux de dragons, 100 chevaux de selle pour les officiers supérieurs de l'armée, 10,000 quintaux de blé, 5000 quintaux d'avoine, 2000 bœufs, et 20 tableaux, librement choisis par le vainqueur, dans les galeries de Parme et de Plaisance. Tremblant de perdre la communion de saint Jérôme, le duc offrit 2 millions à Bonaparte, pour conserver cet admirable tableau. « Honoré de la confiance de la république, je n'ai pas besoin de millions, répondit le général en chef. Tous les trésors des deux duchés ne valent point à mes yeux la gloire d'offrir à ma patrie un chef-d'œuvre du Dominiquin.

D. La république de Venise ne trembla t-elle pas aussi pour son indépendance?

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