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passage de cette rivière. De son côté, Moncey triomphait avec une étonnante rapidité. Parvenu à se rendre maître de toute la province de Bilbao, il se disposait à marcher en avant, lorsqu'une dépêche lui annonça qu'entraîné par l'exemple de la Prusse, le roi d'Espagne venait de signer la paix avec la république française. A cette nouvelle, les armées de Schérer et de Moncey prirent des canton

nemens.

D. Que faisait l'armée d'Italie ?

R. Elle soutenait sur les frontières de Piémont une foule de combats d'autant plus acharnés, qu'elle avait à défendre l'intégrité du territoire contre des légions bien supérieures en nombre. Kellermann venait de tuer ou disperser, avec 500 hommes, 3000 Piémontais qui étaient venus l'attaquer dans le poste fortifié de Campo-di-Pietri, lorsque Schérer vint, suivi de 1.2,000 hommes tirés d'Espagne, le remplacer dans son commandement. Si ce dernier s'était trouvé abandonné à ses propres talens, il aurait probablement perdu toutes les contrées que son prédécesseur avait conquises; mais, éclairé des conseils de Masséna, qui déjà commençait à briller parmi les généraux, il remporta, dans les champs de Loano,

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une des victoires les plus complètes de cette guerre. C'était le 24 novembre. Il fallait marcher à l'ennemi; et, pour traverser les neiges, les glaces, les bois et les rochers, les soldats manquaient totalement de chaussure. Ce puissant motif ne put les arrêter; chaque soldat s'en fit avec des chiffons fixés par des lanières, et montrait, en riant, ces escarpins de nouvelle espèce. 4000 morts, 5000 prisonniers, un matériel immense et l'occupation des villes de Savone et de Vado, furent le glorieux résultat de cette éclatante journée. Certain de n'être point inquiété, Schérer fit prendre des quartiers d'hiver; et comme il s'attachait à réprimer les dispositions maraudeuses du soldat, ceux qui le connaissaient disaient fert plaisamment qu'il ne châtiait les pillards que par jalousie de métier.

D. Que devenait l'armée de Sambre-etMeuse?

R. Déployée entre Neuss et Coblentz, elle franchissait le Rhin sous le feu doublé de 200 pièces de canon qui, échangeant leurs boulets avec un effroyable mugissement, la couvraient tout entière d'une voûte de fer, de flamme et de fumée. Jourdan qui, dès le premier jour, s'empara de Dusseldorff, poursuivit ses succès,

défit l'ennemi en cent endroits, et sans offenser en rien les droits de la neutralité prussienne, porta le siége devant Mayence, que, de son côté, Pichegru avait déjà fait investir. Ce dernier n'était plus le héros qu'admiraient les héros du monde entier. L'ambition avait flétri son cœur, et il trafiquait de ses sermens pour livrer sa patrie. Qui le croirait? Malgré les affreux soupçons qui planaient sur sa tête, Pichegru fut préféré à Jourdan pour le commandement en chef des deux armées réunies. Il jeta 10,000 hommes dans Manheim, et déclara qu'ayant des ressources suffisantes dans les réquisitions dont il était libre de frapper le pays conquis, la république pouvait être sans inquiétude sur cet objet. Mais ce n'était qu'un raffinement de trahison. Ainsi qu'il le prévoyait, la misère, la défiance, l'insubordination, ne tardèrent point à se mettre dans l'armée. Cette armée naguère si brillante, si confiante, si soumise. ne fut bientôt qu'un ramas de bandes indisciplinées qui, dévorées par le besoin, se révol taient contre leurs propres chefs.

Quand Pichegru jugea la position des Français suffisamment critique, il en prévint l'ennemi. Celui-ci revint à la charge, et bientôt l'armée française se trouva rejetée, avec une

horrible confusion, sur l'autre rive du fleuve qui lui avait coûté tant de peine à franchir. On aime à citer l'admirable conduite que tint dans cette déroute le jeune capitaine Marmont, aujourd'hui duc de Raguse; et l'on observa qu'il n'existait point alors dans l'armée un soldat à qui la conduite de Pichegru inspirât plus d'horreur.

Tandis que l'armée soutenait sur la rive gauche du Rhin une série de combats plus ou moins acharnés, le général Montaigu, isolé par Pichegru dans Manheim avec ses 10,000 compagnons, tendait ses vénérables mains aux fers de l'esclavage. Cependant, fatigué de travaux meurtriers et sans fin, le général autrichien Clairfait commençait à sentir le besoin d'une suspension d'armes. Il la conclut avec Jourdan, au défaut de Pichegru qui refusait d'y consentir, et le cours de la Nahe fut choisi pour la ligne de démarcation.

CAMPAGNE DE 1796.

PREMIÈRE GUERRE D'ITALIE.

D. QUELS étaient nos adversaires en Italie ? R. D'abord les légions que nous avions vaincues, ensuite celles de Rome, de Naples, de Parme, de Modène, de Gênes, de Venise, que l'empereur d'Autriche s'était attachées, et qui formaient, avec les siennes, un effectif de 150,000 combattans.

D. Qu'avions-nous à leur opposer?

R. 35,000 hommes au plus.

D. Quels étaient les deux généraux en chef? R. Chez les Autrichiens, Beaulieu; chez les Français, Bonaparte. Ce dernier est l'officier d'artillerie dont j'ai parlé au siége de Toulon.

Nul ne sut mieux que lui le grand art de séduire,
Nul sur ses passions n'eut jamais plus d'empire,
Et ne sut mieux cacher sous des dehors trompeurs
Des plus vastes desseins les sombres profondeurs.

D. Où commencèrent les hostilités?

R. A Montenotte, le 11 avril 1796. Les Autrichiens, qui se liaient par leur gauche aux Piémontais, campés à Dégo, eurent d'abord

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