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vingt-quatre heares qui suivraient la sommation de le faire. Effrayés de ce décret, les Autrichiens, que Schérer bombardait depuis quelques jours, nous rendirent la place de Landrecies. Peu de jours après, Namur, Anvers, Liége, Nieuport et l'île de Cassandria se rendirent également.

D. Ne se passait-il rien dans l'île de Corse?

R. Le conventionnel Paoli s'y étant fait un parti considérable, essayait de la soustraire aux républicains pour la faire passer sous la domination des Anglais. On envoya contre lui le général Lacombe-Saint-Michel, et ils commencèrent une série de violens combats. Paoli aurait infailliblement succombé si, chassés de Toulon, les Anglais n'étaient venus à son secours; mais ce renfort fit que nous perdîmes, avec les places de Calvi et de Bastia, l'ile de Corse tout' entière.

D. Quelles opérations signalaient l'armée d'Espagne ?

R. Les généraux Frégeville, Delaborde et Moncey, s'emparaient des vallées de Ronceveaux et de Bastan, du camp de Saint-Martial, des places de Tolosa, de Saint-Sébastien et de Fontarabie; Dugommier qui, malgré plusieurs perfidies du comte de La Union,

vènait d'entrer en vainqueur dans Bellegarde, battait, avec 25,000 Français, 50,000 Espagnols à la montagne Noire, et succombait ensuite sous le poids de ses propres lauriers; Pérignon profitant des terreurs de l'ennemi, prenait la place de Figuières, et s'entendait dire par un des officiers vaincus: Si, au lieu de 10,000 Espagnols, j'avais eu sous mes ordres 3000 Français, vous n'auriez jamais été maître du fort. La campagne de 1794 se termina sur ce point par un avantage considérable, , que Moncey remporta le 28 novembre sur 8000 Espagnols retranchés à Bergara. D. Comment la fortune nous servit-elle au Nord?

R. D'un côté, nous éprouvions un échec à Kayserlautern; mais, de l'autre, les Autrichiens étaient forcés de nous rendre les places de Trèves, de Valenciennes et du Quesnoy. Lorsque Schérer somma le commandant du Quesnoy d'ouvrir ses portes, s'il ne voulait pas que sa garnison fût passée au fil de l'épée, ce commandant répondit qu'une nation n'avait pas le droit le décréter le déshonneur d'une autre, et que, dans tous les cas, il saurait faire respecter la sienne. Il tint parole pendant vingt jours, c'est-à-dire, jusqu'à ce

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qu'il ne lui restât plus aucun moyen de défense; et lorsqu'il se vit forcé de capituler, il compléta son héroïsme, en déclarant que sa garnison n'ayant jamais eu connaissance de la sommation faite, il devait être considéré comme le seul rebelle aux ordres de la Convention. Schérer le fit conduire à Paris; mais comme il ne figura sur aucune des listes de cette sanglante époque, on se plaît à croire qu'il fut traité en prisonnier de guerre.

D. A quelles opérations se livrait l'armée

de Sambre-et-Meuse?

R. Elle culbutait les Autrichiens près de Liége, investissait Maestricht, prenait Aix-laChapelle, remportait une victoire éclatante dans la belle plaine d'Aldenhoven, et soumettait à son joug la place de Juliers, qui contenait d'immenses approvisionnemens.

D. Et celle du Nord?

R. Elle forçait les 7000 hommes dont se composait l'avant-garde du duc d'Yorck, de poser les armes dans les marais de Boxtel, prenait Berg-op-Zoom, Bréda, Bois-le-Duc, et rejetait avec une perte considérable les Anglais sur la rive'opposée de la Meuse et de l'Aa.

D. Ne reprocha-t-on pas à Pichegru de n'avoir pas profité de ses succès ?

R. Oui, et le général Daendels le lui dit même d'une manière assez crue; mais Pichegru s'en excusa sur ce que la carte du pays ne donnait pas de détails suffisamment instructifs. Si l'on en juge par l'épouvante des Anglais, Pichegru n'aurait pas rencontré de résistance invincible: on se rappelle qu'un tambour de dix-huit ans fit à lui seul dix prisonniers.

D. Que fit ensuite Pichegru?

R. Ayant dans la ville de Bois-le-Duc une base à ses opérations, il défit les Anglais dans les marais d'Oude-Watering, et fit prendre Venloo par le général Laurent, tandis que, de son côté, l'armée du Rhin s'emparait de Rheinfels prêt à sauter avec elle, et se réunissait à l'armée de la Moselle pour investir Mayence.

D. Maestricht, que Jourdan avait fait investir, parvint-elle à nous résister?

R. Cette place, qui avait bravé pendant trois mois les 100,000 hommes de Louis XV, se rendit, après onze jours de tranchée, aux 40,000 du général Kléber. Nous dûmes en partie cette prompte reddition aux assiégés eux-mêmes. La garnison du fort Saint-Pierre sachant qu'un détachement français gardait

l'entrée des carrières qui communiquaient aux casemates, descendit dans les casemates pour égorger le détachement; mais celui-ci prêtant l'oreille, entendit un bruit sourd qui lui découvrit sa véritable position s'élancer dans le souterrain, culbuter les troupes qui le franchissaient, arriver aux casemates, et s'emparer du fort, se fit aussi rapidement que la pensée. Quatre jours après, c'est-à-dire, le 8 novembre, Nimègue, qui contenait 1200 hommes, et que protégeaient 30,000 Anglais rassemblés sur le Wahal, se rendit au général Souham. Les assiégés essayèrent de chercher un refuge dans le camp anglais; mais un boulet de canon venant à couper le cable de leur bac, ces malheureux se virent abandonnés à la merci des flots. Voyant que leurs alliés se bornaient à les regarder périr, Souham envoya plusieurs canots pour les sauver.

D. N'est-ce point alors que la Convention décréta l'invasion de la Hollande ?

R. Oui, et le général Moreau fut chargé de cette expédition. Il débuta par attaquer sur des bateaux l'île de Bommel et le fort de Grave; mais il arriva ce qu'il arrive toujours lorsque les lauriers du succès ne viennent pas justifier

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