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niers devint maître absolu du corps qui lui échut en partage, et le duc d'Yorck profita de sa nouvelle autorité pour essayer de couper aux généraux Moreau et Souham, toutes communications avec la place de Lille. Les circonstances lui semblaient d'autant plus favorables, que Pichegru, qu'il regardait comme le seul général capable de lui résister, avait quitté cette partie de la Belgique pour aller ranimer l'ardeur de l'aile droite que plusieurs échecs avaient ralentie. Il en résulta pour les Français une victoire éclatante dans les champs de Tourcoing (18 mai). La gloire en fut attribuée au général Souham; mais non d'une manière tellement absolue, que l'on ne pressentît déjà ce que la patrie pouvait attendre du général Moreau.

D. De quels échecs l'aile droite était-elle donc frappée ?

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R. Elle venait de perdre 4000 hommes et 30 pièces de canon, par la fougue ridicule du conventionnel Saint-Just, qui prétendait enlover Charleroi, bien qu'il ne possédât aucun des moyens les plus essentiels. Pichegru youlant mettre à profit les avantages remportés à Tourcoing, livra plusieurs combats dont l'issue fut la conquête de la place d'Ypres. Pendant

le même temps, Anselme se retirait de Kayserlautern sur Pirmasens ; et Desaix soutenait glorieusement, contre un corps autrichien, un vif engagement près de Schifferstadt. Se voyant sur le point de faiblir, un officier lui demanda ce qu'il ordonnait : La retraite de l'ennemi, répondit Desaix; et l'ennemi fut en effet culbuté.

D. Quels succès avait le général Dugommier sur les frontières d'Espagne ?

R. Il reprenait les places de Saint-Elme, de Port-Vendre, et de Collioure; forçait leurs défenseurs à se réunir au village de Banyulsla-Maiso pour y poser les armes ; et, par ordre de la Convention, faisait élever sur la place de ce village, un obélisque portant ces mots :

Ici, sept mille Espagnols déposèrent les armes devant les républicains, et rendirent à la valeur ce qu'ils tenaient de la trahison.

D. Vous ne m'avez pas encore parlé des grands événemens qui, vers ces temps, ont éclaté sur mer.

R. Il s'en passait alors un terrible. Pour faire cesser la famine qui désolait toutes les parties de la France, le Gouvernement avait dirigé sur l'Amérique un convoi chargé de

ramener des subsistances; et pour mettre ce convoi à l'abri des tentatives d'une flotte anglaise, que l'on savait partie pour inquiéter son retour, l'amiral Villaret-Joyeuse se rendait avec une escadre aux îles Coves et Flores, où il devait l'y joindre. Les deux armées se rencontrèrent le 1er juin. Ni l'une, ni l'autre n'avaient envie d'en venir aux mains, et Villaret lui-même avait ordre de ne combattre qu'à la dernière extrémité; mais le conventionnel Jean-Bon-Saint-André voulut que l'on attaquât, et le feu s'étendit avec une égale fureur. Les deux partis essuyèrent d'effroyables ravages. Villaret perdit six vaisseaux ; mais il vit jaillir de son malheur même, le plus beau trait d'héroïsme qui soit dans les fastes du monde. Le Vengeur...... que le nom de cet immortel navire retentisse dans la postérité! Rasé comme un ponton, et faisant eau partout, il aurait pu se rendre sans flétrir sa gloire; mais il préféra s'engloutir, et descendit dans l'abîme aux cris de vive la liberté!

Est-ce un naufrage, est-ce une aimable fête
Dont le douteux spectacle à mes regards s'apprête
Quelle allégresse brille au front des matelots?
Je les entends crier dans leur zèle civique :
Vive la république!

Tomber, et pour jamais s'engloutir dans les flots! »

D. Que devint le convoi de vivres ? R. I opéra sa traversée pendant que les deux flottes étaient aux primes.

D. Revenons sur le continent.

R. Tandis que Servan battait les Espagnols à la Croix-des Bouquets, Souham prenait la ville de Deynse; et Jourdan, celle de Charleroi. Comme le prince de Cobourg ignorait la reddition de cette dernière, il vint avec toutes ses forces pour la délivrer. Jourdan fut au-devant de lui, et tous deux se rencontrèrent dans la plaine de Fleurus. Pour connaître plus précisément les positions de son adversaire, Jourdan fit lancer, à une certaine hauteur, un aérostat portant des hommes, et fixé au sol par des cordages. Ce moyen surnaturel nit la consternation dans les rangs ennemis; mais toutefois sans pouvoir d'un instant différer la bataille. Les avantages se balançaient partout, lorsqu'une explosion de caissons rompit nos rangs et y porta le désordre. La retraite! criaient les soldats épouvantés. Non, répondit Jourdan, il faut vaincre ou mourir; et ce cri glorieux embrasant tous les cœurs, fut, au sein des revers, le signal de la victoire.

D. Que faisait l'armée du Nord?

R. Elle prenait les villes de Nivelles, d'Os

tende, de Mons, de Bruxelles; culbutait par; tout les corps qui s'opposaient à son passage, et, pour doubler ses forces, se joignait à l'armée de Sambre-et-Meuse.

D. Et l'armée du Rhin?

R. Portée à 28,000 hommes, elle écrasait dans les retranchemens de Platzberg le général Mollendorff, qui avait commis la faute de ne pas l'attaquer lorsqu'elle n'était que de 18,000.

D. Et celle de la Moselle ?

R. Elle obtenait au camp de Tripstadt des succès éclatans : l'ennemi perdit dans ce combat son artillerie, ses magasins, 5000 hommes et son courage.

D. Qu'entreprirent les armées du Nord et de Sambre-et Meuse après leur jonction ?

R. Cette jonction n'ayant pas reçu l'agrément du comité de salut public, les deux armées furent obligées de se séparer de nouveau. Malgré l'énorme faute que fit ici le comité, Louvain et Malines tombèrent en notre pouvoir. Des succès si rapides portèrent la Convention à décréter, non-seulement l'investissement des places que l'ennemi n'avait point évacuées, mais encore la peine de mort contre toute garnison qui ne se rendrait pas dans les

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