Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

sons. L'ennemi perdit, il est vrai, plus de 4000 hommes; mais il avait sur nous l'immense avantage de pouvoir en faire le sacrifice. D. A qui le combat de La Fère Champenoise fut-il le plus glorieux?

R. Au colonel Leclerc qui, arrivant de Sézanne avec un régiment de cavalerie, s'interposa, comme un rempart d'airain, entre l'ennemi vainqueur et nos soldats renversés.

D. Quelle direction prit la retraite des deux corps français ?

R. Celle de Paris par Sézanne. L'ennemi les suivit, et l'on se battit avec des avantages variés à Sézanne, à Chailly, à La Ferté-Gaucher, à Moutis, à Trilport, à Meaux et à Ville-Parisis. Arrivés sous les murs de Paris, les deux maréchaux, que secondait une partie de la garde nationale, luttèrent jusqu'à quatre heures du soir contre toutes les forces des alliés, et l'on eût dit, à voir l'ardeur de nos troupes, que chaque Français briguait avec joie l'impérissable honneur de mourir en héros à l'aspect de ses dieux. La postérité n'oubliera jamais le noble dévouement des élèves de l'Ecole polytechnique. Seule, pour ainsi dire, contre toutes les vieilles bandes du Nord, cette jeunesse intrépide se montra l'égale de ceux

sous qui le monde avait tant de fois tremblé. On se rappelle les derniers mots d'un de ces preux. Percé de vingt coups mortels, il n'a plus qu'un souffle de vie; mais son cœur expirant pousse encore ce soupir patriotique sur ses lèvres décolorées :

Pleure qui voudra Rome et lui reste fidèle,

Je ne peux la venger, mais j'expire avec elle.

Paris capitula le 30 mars; les maréchaux l'évacuèrent le 31 pour se porter sur Fontainebleau. Et presqu'immédiatement après l'ennemi vint s'établir dans la reine des cités. : D. Où était l'impératrice?

R. En route avec son fils et ses ministres pour transporter dans Blois le siége du Gou

vernement.

D. Et l'empereur?

R. Précédant sa garde, qui elle-même accourait à grands pas, il arrivait à franc-étrier par Fontainebleau pour secourir Paris. Parvenu à l'auberge de la Cour de France, il trouva le général Belliard qui l'instruisit de l'état des affaires. Le sénat avait prononcé sa déchéance et rappelé les Bourbons. A cette nouvelle il jugea couvenable de concentrer

ses forces pour reconquérir Paris, et retourna à Fontainebleau pour prendre ses mesures. Il allait en partir lorsqu'il apprit que le duc de Raguse, dont tout le corps d'armée était en position sur les hauteurs d'Essonne, venait avec ses troupes de passer à l'ennemi. Ce malheur fut sa chute. Ne pouvant plus arrêter le torrent de l'infortune, il abdiqua l'empire et dépouilla les grandeurs. «Qui aurait pu croire, disait il, un pareil trait de Marmont? Un homme avec lequel j'ai partagé mon pain, que j'ai tiré de l'obscurité, dont j'ai fait la fortune et la réputation!

[ocr errors]

D. Où se retira l'empereur?

R. A l'île dElbe. Ses adieux à sa garde firent couler des pleurs de tous les yeux. «Chère aigle, s'écria-t-il en embrassant l'étendard, que les baisers que je te donne retentissent dans la postérité ! » Il partit; mais ce ne fut pas pour long-temps. Moins d'un an après, il reparut sur le continent, marcha sur Paris, s'adjoignit dans sa route tous les corps envoyés pour le combattre, et remonta sur le trône dont il était tombé, le 20 mars 1815, jour anniversaire de la naissance de son fils.

D. De quoi s'occupa l'empereur ?

R. De réunir tous les partis qu'avait soulevés son retour, pour consolider par un parfait accord la révolution qu'il venait d'opérer. H convoqua les chambres, et se fit reconnaître en champ de Mai, dans la dignité qu'il venait de reconquérir: « Nous ne voulons, dit-il, nous mêler des affaires de personne, mais malheur à qui se mêlerait des nôtres !» D. De quel œil les puissances virent-elles son retour?

R. Avec un si grand effroi, qu'elles résolurent de se liguer de nouveau contre lui. Alors, tout ce que l'Europe avait de baïonnettes se tourna une seconde fois contre la France. Napoléon brava tout. Seul pour ainsi dire, contre le monde entier, il déploya pour triompher toutes les ressources de son génie. Les Prussiens et les Anglais furent les premiers ennemis qui se présentèrent. Dès qu'il vit leurs armées se déployer en Belgique, il' se porta avec 80,000 hommes, contre les 250,000 qui menaçaient la frontière du Nord.

[ocr errors]

D. Que s'ensuivit-il?

R. Une bataille terrible près de Fleurus (16 juin), sur le champ même, où 20 ans auparavant, Jourdan avait foudroyé les 90,000 Autrichiens du prince de Cobourg. Napoléon

voyant les Prussiens séparés des Anglais par un intervalle de plus de 15 lieues, et, jugeant par le caractère particulier de ses deux adversaires, Blücher et Wellington, que la lenteur habituelle du dernier lui donnerait un immense avantage dans le cas où il battrait les Prussiens, attaqua brusquement le maréchal Blücher, qui ne s'attendait point à l'être, et lui fit éprouver en moins de quelques heures, une perte de 25,000 combattans.

D. Que devint l'ennemi ?

R. Il s'enfuit avec une telle précipitation, qu'il fut impossible aux vainqueurs de l'atteindre. Cette victoire, déjà si éclatante, aurait encore été bien plus complète, sans les fautes réitérées que fit le maréchal Ney. L'empereur avait dit avant la bataille : « Si Ney, exécute bien ses ordres, il n'échappera pas un canon de l'armée Prussienne; elle est prise en flagrant délit ». Mais la fatalité voulut que l'illustre maréchal cessât d'être lui-même.

D. Ayant écrasé les Prussiens, de quoi s'occupa l'empereur ?

R. De fondre sur les Anglais (18 juin). Il les trouva près du Mont-Saint-Jean, et, quoique totalement séparé de son aîle droite qu'il avait confiée au maréchal Grouchy, il ne balança point à attaquer, dans la proportion

« ZurückWeiter »