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avec pitié Blücher s'exposer sans but aux mêmes chances qui lui avaient déjà coûté tant de milliers d'hommes, et se disposait à manœuvrer sur ses derrières pour achever de l'anéantir. Parti de Troyes le 27 février, Napoléon franchit par un temps et des chemins affreux tout l'intervalle qui le séparait de Blücher, et joignit près de Craone son ennemi déjà fort embarrassé de sortir de ses mains. C'est alors qu'on vit commencer entre eux un combat d'autant plus acharné, qu'il devait avoir la plus grande influence sur le sort des partis (7 mars). L'ennemi fut battu, parce que tel semblait être son sort; mais cette victoire nous coûta 5000 hommes, et c'était beaucoup trop dans une circonstance où, jusqu'au dernier conscrit, tout était précieux. Alors la ville de Reims venait d'être reprise par le général Corbineau.

D. Où se retira l'ennemi?

R. Sur le plateau de Laon. Napoléon à qui il ne restait que 30,000 hommes avait formé le projet d'attaquer dans cette position formidable les 100,000 de son adversaire, lorsqu'il apprit que dans la nuit qui suivit la bataille de Craone, le maréchal Marmont s'était laissé surprendre dans ses bivouacs par

le corps du général Yorck. Ce maréchal avait perdu 3000 hommes, 130 caissons et 40 bouches à feu.

D. Quelle influence eut-il sur les résolutions de l'empereur?

R. Aucune, si l'on en juge par les ordres qu'il donna. Laon fut attaqué dans tous les sens avec un acharnement et un courage dont l'histoire des nations offre peu d'exemples; mais ce fut en vain que les premiers soldats de la terre se surpassèrent pendant deux jours, dans la proportion d'un contre quatre, pour emporter cette position. Ce que n'avaient pu jusqu'alors vingt peuples conjurés, un roc l'effectua, et, frémissant de son impuissance, Napoléon se vit forcé d'ordonner la retraite. Tandis qu'elle s'opérait sur Soissons, Marmont, que sa défaite avait séparé de l'armée impériale, quitta le confluent de la Suippe pour porter son quartier-général dans Fismes. D. L'empereur ne donnait-il aucun repos à l'armée ?

R. Ce repos que nécessitaient et les fatigues inouies essuyées jusqu'alors, et le besoin de réorganiser l'armée, commençait à rétablir les forces épuisées de nos soldats, lorsque l'empereur apprit que Reims venait d'être enlevé

au général Corbineau par le transfuge SaintPriest. Il lui parut alors digne de lui de reconquérir cette ville importante sous les yeux mêmes de l'armée victorieuse, et il quitta Soissons pour accomplir son projet. Instruit de ce mouvement, Marmont s'ébranla pour agir de concert; le corps ennemi fut écrasé dans sa conquête; Saint-Priest lui-même fut blessé mortellement, et vers une heure da matin, nous rentrâmes dans les murs de Reims guidés par les acclamations de nos concitoyens, et surtout éclairés par les feux éclatans d'une illumination générale.

D. Instruit de l'échec des Français contre le roc de Laon, que fit le prince de Schwartzenberg ?

R. Il reprit l'offensive contre les maréchaux Oudinot et Macdonald qui opéraient séparément, et qui dans cette circonstance firent briller de tout son éclat la gloire du nom français. Surpris dans Bar, les 15,000 hommes d'Oudinot en tuèrent 2400 aux 40,000 que le généralissime commandait en personne ; et, attaqués spontanément dans La Ferté, les 10,000 de Macdonald ne se retirèrent devant les forces triples du prince de Wurtenberg, qu'après avoir vengé la mort de 600 des leurs

par celle d'un nombre au moins égal d'ennemis. Bientôt après les champs de Bar-sur-Seine virent réitérer ces hécatombes d'une manière non moins sanglante.

D. Quelle influence ces combats eurentils sur nos opérations?

R. Celle de prouver aux maréchaux que, privés des secours de l'empereur, ils ne pouvaient que périr sur la rive droite de la Seine. Macdonald venait alors de prendre le commandement en chef des deux corps dont la force totale n'excédait pas 25,000 hommes. Il évacua Troyes que l'ennemi pilla immédiatement, et porta sa ligne de défense entre Nogent et Montereau.

D. Que faisait l'empereur ?

R. Il voyait tout de Reims où nous l'avons laissé. Jugeant qu'il fallait interdire à la grande armée des alliés toutes communications avec l'armée de Silésie, il se porta rapidement contre elle. On se battit à La Fère Champenoise, à Plancy, à Méry, et notamment à Arcis-sur-Aube, où le corps de Macdonald se joignit à l'armée impériale. L'issue de ce dernier combat n'ayant pas été favorable aux Français, l'empereur ordonna la retraite, et

prit immédiatement l'habile résolution de manoeuvrer sur les derrières de l'ennemi. . D. Quel était son but?

R. De creuser un abîme aux alliés en soulevant contre eux la masse entière d'une population belliqueuse, ce qui les eût totalement isolé des seules ressources auxquelles leur existence tenait encore.

D. Quel parti prit l'ennemi?

R. De marcher droit sur la capitale sans s'inquiéter de ce qui se passait sur ses derrières. Mais comme il fallait masquer cette manœuvre à l'empereur, on détacha contre lui un corps d'environ 12 à 15,000 hommes avec ordre de présenter constamment un front supérieur à son importance réelle. Napoléon crut en effet avoir à sa suite toute l'armée des alliés, et continua de se replier sur les Vosges.

D. Où étaient les corps des maréchaux Marmont et Mortier ?

R. Entre Reims et Soissons. Forcés par des masses trop nombreuses, et guidés d'ailleurs par des ordres positifs, ils manœuvrèrent de manière à rejoindre au plutôt l'armée impériale.

D. Que se passait-il dans les Pays-Bas ?

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