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Rothière, Napoléon sentant qu'il était infailliblement perdu s'il ne concentrait toutes ses forces, avait écrit au vice-roi d'évacuer l'Italie et de se reployer sur la France; mais lorsqu'il vit les alliés compromis à Vauxchamps par la destruction de l'armée de Silésie, il conçut l'espoir de conserver l'Italie, et s'empressa de révoquer ses premiers ordres.

D. Aucun secours n'arrivait-il aux alliés ?

R. Après s'être établi dans la Hollande conjointement avec Bulow, Winzingerode s'emparait d'Avesnes et de Soissons pour se joindre au feld-maréchal Blücher. Instruit bientôt de la défaite de ce dernier, il céda Soissons au duc de Trévise qui l'y remplaça immédiate

ment.

D. Nous avons laissé la grande armée des alliés sous les murs de Troyes A quelles opérations s'y livra-t-elle ?

́R. D'abord à aucunes, parce que les souverains comptaient voir, sans son intervention, la capitale au pouvoir de Blücher. A la nouvelle du désastre d'Alsufiew, Schwartzenberg s'ébranla. Comme il n'avait devant lui que les faibles corps des maréchaux Victor et Oudinot, il s'empara sans beaucoup de peine de Sens, de Pont-sur-Yonne, de Montereau, de

Nogent et de Bray. Il passa même la Seine à ce dernier endroit. Mais il ne tarda point à voir ses progrès se ralentir par l'arrivée subite du duc de Tarente qui se porta de Meaux sur Nangis pour renforcer ses deux collègues.

D. Ne fut-ce point alors que les souverains tinrent conseil pour délibérer sur les mesures nécessitées par ces incidens?

R. Oui, et tous les avis tendaient à s'attacher aux pas de l'empereur dont on ignorait encore les derniers avantages. Mais un autre incident fit changer cette brillante résolution. Le général Haake arrivant bride abattue au quartier général des souverains, annonça qu'après avoir détruit les derniers corps de Blücher, Napoléon se repliait sur la Seine pour y attaquer la grande armée. Alors il ne fut plus question que de reprendre les anciennes positions de la Seine et de l'Yonne, reconquises par les maréchaux depuis l'arrivée du duc de Tarente.

D. Cette alarme de l'ennemi était - elle fondée?

R. On ne peut davantage. A peine Schwartzenberg eut-il transmis à ses lieutenans les délibérations du grand conseil, que de sanglans

combats signalèrent l'arrivée de Napoléon. Les champs de Mormant, de Valjouan et de Montmirail en sont une preuve impérissable. Terrassé partout, l'ennemi qui, un instant avant, comptait pénétrer jusqu'à Paris, né songea plus qu'à se retirer sur Troyes.

D. Que fit Napoléon dans cette conjoncture?

R. Il fondit près de Montereau sur les derrières de l'ennemi qu'il mit dans la plus grande confusion et dont il fit le plus horrible carnage. 6000 hommes, quatre drapeaux et six canons furent en moins de quelques heures arrachés aux alliés (16 février); et lorsque traversant Montereau pour échapper à la mort qui s'attachait à leurs pas, ceux-ci se croyaient hors de tout péril, ils trouvèrent dans les habitans mêmes, des ennemis non moins acharnés que ceux dont ils venaient d'éprouver la fureur : « Comment ferons - nous pour enterrer tant morts? dit un citoyen de Montereau. Jetezles à la Seine, répondit l'empereur. Puisqu'ils veulent voir Paris, ils le verront. »

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D. Quel fut pour les Français l'effet de cette bataille?

R. Celui de se revoir sous les murs de Troyes, qu'ils avaient évacué ainsi que je

l'ai dit pour se mettre à la poursuite de Blucher.

D. Fallut-il les reconquérir?

R. Oui, et c'est de quoi l'empereur s'oc cupa sur-le-champ. Trop vivement pressés les alliés menacèrent d'incendier la ville si on ne leur donnait jusqu'à midi du lendemain pour en compléter l'évacuation. Napoléon y consentit; mais à peine la trève fut-elle expirée que vingt coups de canon mirent les portes. en éclats. Les alliés étaient loin de s'attendre à une pareille précipitation; beaucoup même ne faisaient encore que songer à partir, lorsque les Français fondirent sur eux comme la foudre. Ce moment faillit de mettre en nos mains la personne de l'empereur Alexandre. D. Que fit Napoléon dans Troyes?

R. Justice de plusieurs séditieux, parmi lesquels se trouvait le chevalier de Gouault. Cet homme dont les indignes projets avaient hautement éclaté, est sérieusement plaint par MM. de Beauchamps, Labaume et compagnie.

D. Quelle direction prit la grande armée des alliés?

B. Celle qui la reportait le plus directe

ment derrière l'Aube, où elle fut suivie les maréchaux Victor et Macdonald.

par

D. Retournons à Blücher. Qu'avait-il fait depuis le départ de Napoléon?

R. Remis en corps d'armée les lambeaux de ses cinq corps.

D. Et depuis, qu'osa-t-il entreprendre? R. Se croyant abandonné à lui-même, il jugea n'avoir rien de mieux à faire que de marcher directement sur Paris. En conséquence, il se porta contre le maréchal Marmont qui était en position pour l'observer, et le força de se replier devant lui. Celui-ci fut à La Ferté, joint par le maréchal Mortier qui confia la garde de Soissons au général Moreau; et, désormais suffisamment en force pour n'être pas réduits à la nécessité d'une fuite pure et simple, tous deux se retirèrent en combattant jusque sous les murs de Meaux. C'est dans cette marche que Blücher fut joint par les corps de Bulow et Winzingerode qui, comme je l'ai dit, s'étaient emparés de la Hollande. Ils nous avaient pris dans le trajet les villes de La Fère et de Soissons.

D. Où était l'empereur?

R. A Troyes. Là, les yeux fixés sur les mouvemens des deux armées ennemies, il voyait

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