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ne fût de se joindre à la grande armée des alliés, se disposait à se déployer sur Troyes, lorsque de nouveaux avis vinrent changer sa détermination. Il faisait un temps affreux. La neige qui tombait par torrens dérobait à chacun des partis la position de son adversaire; mais rien ne put les empêcher d'en venir aux mains. (1 février) Plus heureux qu'à Brienne, l'ennemi garda le champ de bataille. D. Où l'armée française se retira-t-elle ?

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R. Sur Troyes. Au lieu de s'attacher à ses pas, les souverains alliés perdirent dans le château de Brienne un temps considérable à délibérer sur les moyens qu'ils emploieraient pour tourmenter sa retraite. Il fut décidé que l'armée de Silésie se dirigerait sur Paris par Châlons et les rives de la Marne, que la grande armée s'y porterait par Troyes et les bords de la Seine, et que leur liaison serait constamment assurée par divers corps de troupes sayamment disposés entre elles.

D. Napoléon parvint-il à gagner Troyes? R. Oui, et de la manière la plus heureuse. L'accueil que cette ville fit à l'armée découragea nos jeunes soldats déjà épuisés par les fatigues et les privations. 6000 environ quittèrent leurs étendards pour aller porter la cons

ternation dans leur pays, et furent à peine remplacés par l'entrée en ligne de la division Hamelinaye.

D. L'empereur parvint-il à se maintenir dans Troyes?

R. Il prouva du moins par divers avantages remportés sous les murs contre l'avant-garde de la grande armée qu'il pouvait y faire une glorieuse résistance. Son intention première était de défendre Troyes, mais apprenant que Blücher opérait un mouvement décousu contre Paris, il évacua la ville et se porta sur Nogent. Ce fut le général Mortier qui soutint cette retraite. Il s'en acquitta avec autant de courage que de ruse et d'habileté.

D. Que firent les alliés après le départ de Napoléon ?

R. Ils prirent possession de Troyes. Ce fut alors que les royalistes de cette ville firent. éclater leurs intentions pour les princes français de l'ancienne dynastie. Excités par le baron de Vidranges et par le chevalier de Gouault, plusieurs reprirent les croix de SaintLouis qu'ils portaient avant la révolution, et une vingtaine environ signèrent une adresse à l'empereur Alexandre pour lui demander le retour des Lys.

D. Quelle fut la réponse de ce prince?

R. Que loin de vouloir donner un roi à la France, les souverains alliés ne venaient que la consulter sur ses intentions.

D. Que pensez-vous de cette réponse? R. J'y croirais si elle n'était pas rapportée par M. Alphonse de Beauchamp.

D. Revenons à Blücher.

R. I chassait devant lui le faible corps du duc de Tarente qui, n'ayant pu se maintenir dans Châlons, se reployait sur Meaux où Sooo gardes nationaux l'attendaient.

D. Dans quel ordre marchait Blücher?

R. Avec une dissémination qui prouvait toute sa sécurité. Son avant-garde venait d'éprouver un échec à la Ferté-sous-Jouarre (9 février), lorsqu'il apprit que Napoléon se portait de la Seine sur la Marne, et n'était déjà plus qu'à une faible distance. Alors l'embarras du général ennemi fut extrême. Ne sachant plus comment réunir à temps ses cinq corps éparpillés. il prit le parti d'ordonner la retraite dans l'intention vague de rejoindre la grande armée.

D. Où était l'empereur?

R. A Sézanne où l'avaient joint les maré

chaux Ney et Marmont. Blücher avait laissé totalement isolé le faible corps d'Alsufiew. Ce corps fut détruit à Champ-Aubert (10 février), et Napoléon se porta sur Montmirail où Blücher concentrait les élémens de son armée. D. Quel nouveau combat signala cette rencontre?

R. Le plus violent. Arrivés les premiers, les corps de Sacken et de Yorck furent tailles en pièces par la garde impériale. (11 février) 4000 hommes, 200 voitures et 26 canons sont les pertes matérielles dont l'ennemi fait aujourd'hui l'aveu. C'en était fait des deux corps en déroute si, présageant autre chose que des revers, les habitans de Château-Thierry ávaient songé à détruire le pont qu'ils ont sur la Marne. Néanmoins les alliés essuyèrent encore, au défilé des Cacquerets, un échec aussi funeste à leur gloire qu'à leur prépondérance.

D. Blücher ne faisait-il donc rien pour sauver ses lieutenans?

R. Au lieu de voler à leur secours avec les deux corps qui lui restaient, il se reploya sur Bergères pour couvrir Châlons, et dépêcha le comte de Witte au général Schwartzenberg pour l'engager à attaquer Napoléon par son

flanc droit, et tirer de cette manière l'armée de Silésie de l'abîme où elle était tombée.

D. La reprise de Château-Thierry, par les Français, coûta-t-elle beaucoup de monde à l'ennemi ?

R. 2000 hommes environ. Rien n'égalait l'ardeur des habitans à venger, avec la patrie, la dévastation de leurs propriétés.

D. Que fit Blücher dans cette circonstance?

R. Jugeant que la crainte d'être assailli par la grande armée déciderait l'empereur à sè reployer sur Sézanne, il reprit l'offensive contre le duc de Raguse qui campait à Etoges et qui vint aussitôt prendre position près de Vauxchamps. Mais il se trompait, l'empereur parut comme la foudre (13 février), écrasa l'armée de Silésie dans tous les sens, lui fit couper la retraite par Grouchy, et chargea Drouot de compléter sa défaite par le jeu redoublé de 30 bouches à feu. Cette seule affaire coûta aux alliés 3000 hommes, 15 canons et dix drapeaux.

D. Eût-elle quelqu'influence sur les destinées de l'empire?

R. Les plus grandes, et je vais le démontrer. Immédiatement après la journée de la

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