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D. Comment ce malheur arriva-t-il done? R. L'empereur ordonne au général Dulauloy de faire sauter le pont dès que l'ennemi paraîtra; et celui-ci en confie l'exécution au colonel Montfort, qui lui-même croit pouvoir en charger le caporal Lafontaine. Tout est préparé, l'ennemi paraît et le pont n'est plus.

D. Si les Français combattant dans la ville se trouvaient encore entre le pont et l'ennemi, comment l'ennemi pénétra-t-il jusqu'au pont sans avoir rejeté les Français de l'autre côté de la rivière ?

R. Voilà précisément la source de tous les contes débités sur ce grand désastre. Les troupes qui se présentèrent au pont n'étaient pas de celles qui se battaient dans Leipsick. Reconnaissant au contraire, ou le danger ou l'impossibilité de s'y introduire, elles filèrent autour des remparts, gagnèrent le pont et causèrent la méprise.

D. A combien évalue-t-on les pertes des deux partis dans les trois derniers jours?

R. A 130,000 hommes et 48 généraux tués, blessés ou pris. L'ennemi eut pour sa part 80,000 hommes hors de combat. C'était beaucoup sans doute, mais nous eûmes à regretter de plus que lui 150 bouches à feu qui

ne purent trouver passage. Parmi nos morts on distingua surtout le prince Poniatowski. Ce héros, qui périt criblé de balles en traversant l'Elster, venait de recevoir dans le bâton de maréchal d'empire, le sceptre glorieux des vertus du guerrier.

D. Quelle était encore la force des Français ?

R. 80,000 hommes, non compris plusieurs milliers de traînards que l'on désignait sous le nom de fricoteurs.

D. Quelle route prit l'armée ?

R. Celle de Mayence par Francfort. D. Ne fut-elle point inquiétée dans son mouvement?

R. Elle courut de véritables dangers au défilé de Kœsen, mais elle en sortit par l'intrépidité des généraux Guilleminot et Bertrand.

D. L'ennemi se borna-t-il à cette tentative?

R. Il en fit une terrible près de la ville de Hanau. Persuadés que toute l'armée serait prisonnière s'ils parvenaient à l'acculer contre l'angle formé par le Rhin et le Mein, 70,000 Austro-Bavarois qui nous avaient devancés, nous attendaient à ces nouvelles Thermophyles. L'armée leur passa sur le ventre; le

général Wrede, qui les commandait, y périų, 10,000 des leurs restèrent sur le champ de bataille ; et victorieux au sein même des revers, nous rentrâmes sur le territoire de la patrie pour garantir ses limites de toute invasion.

D. Qu'étaient devenues les garnisons françaises des places fortes de l'Allemagne?

R. Plusieurs se défendaient encore avec une rare intrépidité. Celles d'Anvers et de Hambourg, que commandaient Carnot et Davoust, serviront surtout de modèle aux générations à venir.

D. Quelles sont celles qui s'étaient rendues?

R. Wurtzbourg, Brême, Stettin, Modlin, Erfurt, Torgau, Dresde et Dantzick.

D. L'ennemi observa-t-il fidèlement les traités qu'il conclut avec elles?

R. Sous ce rapport comme sous beaucoup d'autres sa gloire n'est pas intacte. Il avait accordé aux garnisons de Dresde et de Dantzick la faculté de rentrer librement en France; mais à peine se furent-elles rendues, qu'il viola ses traités et les déclara prisonnières?

D. Quelle influence cette double violation eut-elle sur les destins de l'empire?

R. La plus grande, et je le prouve. Pour jeter du vide dans le système défensif de la France, les alliés laissèrent passer les dépêches par lesquelles Rapp et Saint-Cyr annonçaient leur prochaine rentrée. Alors Napoléon comptant sur elles, leur assignait sur la frontière. un espace à défendre et attendait leur arrivée pour garnir cet espace. Comme elles n'arrivèrent point, la France resta constamment à découvert du côté de la Suisse.

D. Rapp et Saint-Cyr ne pouvaient-ils donc informer l'empereur de l'indigne attentat dont ils étaient l'objet ?

R. L'ennemi avait eu soin d'y porter obstacle. Plusieurs vaillans officiers tentèrent, il est vrai, cette périlleuse entreprise; mais le seul capitaine Feisthamel parvint à braver tous les dangers, et lorsqu'il arriva le temps était passé de remédier au mal.

CAMPAGNE de 1814.

D. RÉDUIT à combattre sur le territoire de l'empire, quelles mesures prit Napoléon?

R. Il chargea les ducs de Bellune, de Raguse et de Tarente, de couvrir le Rhin depuis la Hollande jusqu'à la Suisse; négocia l'évacuation de l'Espagne avec Ferdinand VII, qu'il renvoya dans ses états, et fit offrir aux alliés de sacrifier au rétablissement de la paix tout ce que la France possédait de territoire au-delà des Alpes, du Rhin et des Pyrénées. D. Que répondirent les souverains?

R. Que voyant dans la France grande et forte une des plus fermes bases du système social, ils ne voulaient et n'entendaient faire la guerre qu'à la seule personne de l'empereur Napoléon.

D. Que fit Napoléon pour déjouer leurs desseins?

R. Il convoqua le Corps législatif et proposa d'immenses levées tant en hommes qu'en argent; mais au lieu d'une servile adulation, il entendit pour la première fois la voix sévère de la vérité. La commission demanda « Qu'avant tout l'empereur garantit aux Français les

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