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forçant le maréchal Ney de se reploy er devant lui.

D. Pressé par ce mouvement concentrique, que fit Napoléon ?

R. Il courut attaquer, près de Wurtzen, l'armée de Silésie que Macdonald s'efforçait en vain d'arrêter, la défit complétement, et força Blucher d'aller chercher un refuge dans le camp suédois. Cet avantage remporté, il confia la défense de Dresde au maréchal Gouvion Saint-Cyr, quitta la contrée et se porta sur Leipsick pour réaliser, dans la plaine de Wachau, un grand dessein qui l'occupait depuis long-temps.

D. Quelle était la force de la garnison de Dresde?

R. 33,000 hommes, non compris 10 à 12,000 qui se trouvaient soit dans les hôpitaux, soit en subsistance. De ces derniers, beaucoup étaient des lambeaux échappés au désastre de Kulm.

D. Quel jour Napoléon entra-t-il dans Leipsick?

R. Le 14 octobre. C'était l'anniversaire de Jéna. Enthousiasmé par le souvenir de ce jour glorieux, le roi Murat attaquait avec 6000 hommes de cavalerie le corps entier de Witt

genstein qui était en position près de Wachau.

D. Que fit l'empereur en arrivant à Leipsick? R. Comme toutes les forces de la coalition n'étaient plus qu'à une faible distance, il disposa ses différens corps pour un engagement général.

D. Cet engagement eut-il lieu?

R. Le 16, vers 8 heures du matin, trois colonnes ennemies, que précédaient 200 pièces de canon, s'avancèrent contre les corps de Poniatowski, de Victor et de Lauriston, qui défendaient trois villages importans, parmi lesquels se trouvait celui de Wachau.

D. Où était l'empereur?

R. Il se portait au galop des murs de Leipsick sur les points attaqués. Son arrivée, sur la partie supérieure de la plaine, fut immédiatement suivie d'une canonnade qui augmenta par degrés, et qui bientôt fit un bruit si épouvantable qu'à peine les soldats pouvaient en tendre les commandemens répétés par les chefs de peloton. On se battit ainsi jusqu'à neuf heures du soir. Alors l'ennemi avait perdu 25,000 hommes et deux lieues de terrain.. D. Et nous?

R. 4000 hommes tout au plus; et, ce qu'il

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y a de plus admirable, c'est que nos 160,000 braves avaient constamment lutte contre 350,000. Il faut avoir assisté à cette bataille pour se faire une idée de l'intrépidité française. L'empereur y donna surtout de grandes preuves de courage. Voyant un régiment d'infanterie qui restait sans bouger sous le feu des canons autrichiens: Quel est ce régiment? dit-il à l'officier qu'il voit à la tête. Le 22o léger. -Cela n'est pas possible, je le connais, il ne resterait pas les bras croisés à se laisser mitrailler. Ces mots sont pour l'ennemi plus fatals que la foudre; il dit, le régiment s'élance et les canons sont enlevés.

D. A quoi les deux partis consacrèrent-ils le lendemain de cette journée ?

R. A de nouvelles dispositions pour recommencer le 18 au matin.

D. Se battit-on le 18?

R. Avec plus de fureur que jamais. La victoire allait encore sourire aux Français, lorsque, par une perfidie concertée, les Saxons nous abandonnèrent pour se joindre à nos ennemis. Il est facile de penser combien cette défection nous devint funeste. Le vide qu'elle mit dans nos lignes isola plusieurs de nos corps d'armée, et il fallut consacrer à recon

quérir les positions, des efforts dont il eût été si avantageux de pouvoir faire un autre emploi. On rapporte qu'en arrivant chez l'ennemi, le commandant de l'artillerie saxonne dit gaiement au prince royal de Suède : J'ai brûlé la moitié de mes munitions contre vous, et je vais brûler le reste contre les Français: propos d'autant plus horrible qu'il joint l'odieux de l'impudeur à l'infamie du crime.

D. A quelle nombre la défection des Saxons réduisit-elle les Français ?

R. A 112,000, dont chacun avait quatre ennemis à combattre.

D. Quel parti peut s'attribuer l'honneur d'avoir vaincu à Leipsick?

R. C'est une question que les alliés euxmêmes 'n'osent approfondir. Le fait est que nous couchâmes sur le champ de bataille, et que nous imposâmes, par la fierté de notre attitude, ces mêmes ennemis qui croyaient nous épouvanter par leur nombre.

D. Le roi de Saxe trempa-t-il dans la défection de ses troupes?

R. Cet opprobre n'a pas souillé ses cheveux blancs.

D. Que fit Napoléon après la bataille ?
K. Il voulait recommencer à combattre;

mais comme 250,000 coups de canon tirés depuis deux jours avaient réduit les munitions presqu'à rien, il décida que l'armée se reploierait sur Erfurt pour s'y réapprovi

sionner.

D. Quand s'effectua la retraite ?

R. Le lendemain dès la pointe du jour. L'ennemi vit à peine notre mouvement rétrograde, qu'il s'ébranla pour attaquer Leipsick; mais l'empereur avait eu soin d'en mettre toutes les issues en état de défense. On se battit long-temps aux portes de la ville avant que l'ennemi parvint à pénétrer dans la ville même. Quand il y fut, le carnage devint horrible; ce n'était que torrens de boulets, de balles et de mitraille, dévorant à la fois des bataillons entiers, et suspendant par des monceaux de morts le cours épouvantable des ruisseaux de sang. Plus de 20,000 Français restaient encore à passer, lorsqu'un bruit affreux annonça que le pont sautait. Dès-lors plus de refuge pour eux : ces 20,000 braves étaient à la discrétion de 400,000 ennemis.

D. N'accusa-t-on pas l'empereur d'avoir fait sauter le pont pour sauver sa personne? R. Les mépris du monde entier ont fait justice de cette calomnie.

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