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peine rassemblés, cherchaient à défendre leurs positions, une obscurité désespérante rendait tous leurs efforts inutiles, lorsqu'un citoyen, qui n'avait que sa maison pour fortune, proposa d'y mettre le feu: elle servira, leur dit-il, de torche pour vous éclairer; et sans attendre que l'on délibérât sur sa proposition, il apporta lui-même la flamme qui devait le réduire aux horreurs de la misère : tant il est vrai que dans un homme libre, l'amour de la patrie l'emporte sur toutes les considérations. D. Que faisait-on sur les autres points?

R. Dans le comté de Nice, Masséna culbutait 800 Piémontais à Castel-Genest, et les massacrait ensuite avec de l'artillerie, portée à bras sur la pointe des rochers; en Espagne, le comte de La Union reconquérait, sur le général Turreau, des communications importantes que son lieutenant, don Ricardos, avait perdues au combat de Geret; en Allemagne, Hoche succombait près de Kayserlautern, et conseillait aux conventionnels, qui se répandaient en reproches contre lui, de prendre à l'avenir un petit bout d'arrêté pour fixer la Victoire; en France, Pichegru, qui voulait délivrer Landau, soutenait, à Bertheim, un combat d'autant plus acharné qu'il avait des

Français pour adversaires : c'était le duc de Bourbon, à la tête de ce qu'on appelait alors les bataillons nobles. Pichegru enleva, six jours après, le village de Dawendorff, et repoussa jusque sous les murs d'Haguenau les Autrichiens qui le défendaient. Dans ce dernier combatil crut devoir allouer une somme de 1200 fr. au bataillon de l'Indre; mais les braves qui le composaient répondirent fièrement au général, qu'un soldat trouvait sa récompense dans le succès de ses efforts, et joignirent à la somme qui leur était accordée, celle de 642 fr. qu'il 'ils distribuèrent aux veuves et aux enfans de ceux d'entre eux qui venaient de perdre la vie. D. La ville de Toulon n'était-elle pas déjà au pouvoir des Anglais?

R. Un perfide républicain, que la postérité connaîtra sous le nom d'amiral Trogoff, la leur avait livrée le 27 août 1793. Elle fut reprise le 19 décembre, et telle était la lâche férocité de nos ennemis, que la ville entière aurait été la proie des flammes si les forçats n'avaient réparé le mal fait par les Anglais. Toulon n'en fut pas moins saccagée de fond en comble, et, ce qu'il y eut de plus effroyable dans le sort qu'elle éprouva, c'est que, malgré les représentations du général Dugom

mier, le comité de salut public traita ses habitans comme s'ils avaient tous trempé dans le complot de l'amiral Trogoff..

D. N'est-ce point au siége de Toulon que se distingua, pour la première fois, un personnage devenu fameux dans les annales du monde?

R. Ce personnage était le capitaine d'artillerie Bonaparte, ou, si l'on veut, l'homme le plus étonnant que l'Univers ait produit: c'était un assemblage de toutes les qualités propres à subjuguer les hommes.

D. Fixez mes idées par des détails.

R. Bonaparte joignait aux plus grands talens militaires le génie qui crée, le sang-froid qui combine au sein même des dangers, l'intrépidité qui est la première vertu du soldat, l'imagination qui est la source des prodiges, et cette éloquence du moment qui transporte les guerriers et renverse les empires. Un conventionnel blâmait la position d'une batterie : faites votre métier de député, lui dit fièrement Bonaparte, laissez-moi faire le mien d'artilleur; la batterie restera là, et je réponds du succès. Tous les canonniers venaient de périr autour de lui; à l'instant il saisit le refouloir des mains d'un mourant, charge les pièces,

et seul continue le feu. On a parlé long-temps d'une maladie de peau qu'il avait. Il la gagna dans cet acte de courage : le mourant avait la gale et sa sueur était imprimée sur le refouloir. D. Comment allaient les affaires d'Espagne?

R. Secondé par un traître, nommé Dufour, don Ricardos nous enlevait les places de SaintElme, de Port-Vendre, et de Collioure, après quoi les deux armées prirent des quartiers

d'hiver.

D. Et celles d'Allemagne ?

R. Hoche, toujours irrité de sa défaite et visant à débloquer Landau, réparait sur les hauteurs de Freschweiler et de Werdt, les revers que nous avions dans le midi. A six cents francs pièce les canons Prussiens, dit-il à ses soldats.-Adjugés, répondent ceux-ci, en les enlevant tous. Une légère insurrection venant à se manifester pour obtenir que les hostilités ne fussent pas suspendues, Hoche mit à l'ordre du jour que les rebelles n'auraient pas l'honneur de marcher au premier combat, et tous vinrent à ses pieds implorer leur pardon. Ce général possédait éminemment l'art de séduire le soldat par la popularité. Comme deux boulets de canon venaient de lui tuer deux chevaux entre les jambes : je

crois, dit-il en riant, que ces Messieurs voudraient me faire servir dans l'infanterie.

D. Dans quelle situation était la ville de Landau?

R. Un effroyable bombardement y avait porté tous les ravages de l'incendie, et pour comble de maux, la garnison était livrée aux horreurs de la plus affreuse misère. Toutefois ces ravages et ces maux n'influaient en rien sur le courage des assiégés. Wurmser, qui commandait les troupes ennemies, eut une entrevue avec le général Gilot qui défendait la place. Ne savez-vous pas, dit le Prussien, ce que vous devez à votre nouveau roi Louis XVII? Je sais, répondit le Français, qu'honoré de la confiance nationale, je dois mourir pour la justifier.

D. Quel fut le sort de Landau ?

R. Hoche accomplit ce que Pichegru avait vainement tenté. Il délivra cette place en battant complétement l'armée qui l'assiégeait. Cette bataille, qui eut lieu le 26 décembre, près de, Geisberg, nous rendit, avec le fort Vauban, les places de Lauterbourg, de Spire et de Guemersheim.

D. Quel emploi Hoche fit-il des approvisionnemens qu'il y trouva?

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