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indépendamment du très-grand avantage que donnent une immense cavalerie sur un adversaire qui en est dépourvu, un plan longtemps médité sur une improvisation rapide, des troupes aguerries sur des conscrits qui savent à peine observer un alignement, les alliés avaient encore celui d'être une fois plus nombreux. Je ne saurais donc partager l'avis de ceux qui prétendent que le génie de l'empereur Napoléon n'était plus celui du général Bonaparte.

D. Sur quel point les alliés dirigèrent-ils leur déroute?

R. Sur les hauteurs de Bautzen. Comme nous n'avions pas de cavalerie nous ne pûmes marcher assez rapidement pour y arriver avec eux; et ils profitèrent de la barrière que l'Elbe formait entre eux et nous pour se créer, par d'immenses ouvrages, un nouveau champ de bataille.

D. Que faisait l'armée française?

R. Etant par suite des succès de Lutzen en possession de la capitale de la Saxe, elle combattait avec la plus vive ardeur pour jeter des ponts sur l'Elbe. Placé sur les remparts de Dresde, Napoléon chargeait le général Drouot de se porter avec 100 pièces de canon sur les

hauteurs de Presnitz, lorsqu'il se sentit frappé à la tête d'un éclat de bois qu'un boulet avait fait sauter d'un bâtiment. Il tomba roide, mais se relevant aussitôt, il dit froidement, en considérant la forme du bois : Tout serait fini s'il avait touché le ventre.

D. Que fit l'empereur dès qu'il eut franchi l'Elbe?

R. Il culbuta l'arrière-garde russe en avant de Bischoffverda, et fit remettre 100,000 fr. aux habitans de cette ville, pour faire rebâtir leurs maisons que l'ennemi avait incendiées. D. Ne se préparait-il pas un grand engage. ment?

Ř. Oui; mais peu jaloux d'en courir les chances avant d'avoir réuni toutes les forces qui lui arrivaient de l'intérieur de l'empire, Napoléon chargea le duc de Vicence de se rendre au quartier-général des alliés pour proposer un armistice.

D. Quel succès eut cette démarche ?

R. Aucun, et les hostilités continuèrent. Ney repoussa, le 19, deux corps alliés qui étaient venu l'attaquer dans Koenigswartha; et le lendemain toutes nos colonnes se portant en avant, coururent attaquer l'ennemi dans les formidables positions qu'il s'était faites sur

les hauteurs de Bautzen: ce n'était que ré tranchemens, que redoutes, que palissades, que batteries. Les simples villages ressem blaient à des places fortes; et pour comble de difficultés, l'ensemble des ouvrages était défendu par 160,000 hommes d'élite.

D. Que résulta-t-il de cet engagement? R. Le passage de la Sprée et l'occupation de positions importantes. Mais cette journée ne fut que le prélude de celle qui, le lendemain, prit rang parmi nos plus belles. Comme Napoléon n'attaquait que la gauche des alliés, Alexandre crut que les Français n'en voulaient 'qu'à cette aile, et se hâta de dégarnir son centre et sa droite pour renforcer sa gauche. Mais cette faute lui devint funeste. Napoléon faisant charger aussitôt les deux corps dégarnis, les mit en un instant dans la plus horrible confusion.

D. Que faisait l'aile gauche ?

R. Elle continuait de résister, lorsque la faisant charger sur trois points différens par les maréchaux Marmont, Oudinot et Macdonald, Napoléon la força de fuir comme la droite et le centre. 30,000 morts dont 18,000 ennemis furent comptés sur le champ de bataille. Ce ne fut pourtant pas ce qu'annonça

le roi de Prusse à son peuple; « Toutes nos attaques ont eu le plus heureux succès; cependant nous nous sommes retirés prudemment devant l'ennemi pour nous rapprocher de nos ressources et de nos renforts. »>

D. Où l'ennemi parvint-il à se rallier?

R. Derrière Reichenbach. Comme ce ralliement était protégé par des batteries formidables, il fallut pour l'inquiéter déployer un grand appareil de forces. Nous le fimes avec un grand succès; mais au moment où, suivi de quatre généraux, Napoléon tournait un coude formé par le chemin de Maskerdorff, un boulet passa près de lui, tua roide Bruyère et Kirchener, rasa Mortier et blessa mortellement Duroc.

D. Duroc vécut-il encore long-temps !

R. Environ 15 heures. « Duroc, lui dit l'empereur, il est une autre vie, c'est là que vous irez m'attendre et que nous nous reverrons. » Livré à la plus vive douleur, Napoléon rentra dans sa tente et resta jusqu'au lendemain sans recevoir personne.

D. Que faisait l'armée?

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R. Elle présentait et soutenait avec gloire quantité de combats, lorsqu'elle apprit que

les alliés s'étaient enfin déterminés à accepter

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une suspension d'armes. C'était le 4 juin. Bientôt l'ouverture, dans les murs de Prague,

d'un congrès ayant la paix pour but, attira tous les yeux de l'Europe attentive.

D. Les vœux des souverains étaient-ils réellement pour la paix?

R. Oui, mais tous voulaient en dicter les conditions. Le roi de Prusse donna cependant à penser le contraire; car je vois dans sa proclamation du 5 juin, qu'il « n'avait accepté l'armistice que pour donner à la force nationale de son peuple le temps de se développer entièrement. » Etrange contradiction! Ce prince, qui négocie la paix, dit hautement que sa demande est un piége!

D. Que produisit le congrès ?

R. On attendait une paix consolante, et l'on n'obtint qu'une effroyable guerre. Jetant le masque, à son tour, l'Autriche nous quitta pour se joindre à nos ennemis; mais par une grandeur d'âme au-dessus de toute admiration, le roi de Danemarck ne vit dans notre infortune qu'un nouveau motif de s'attacher' plus étroitement à nous.

D. A quelle époque reprit-on le cours des hostilités?

R. Le 14 août. Aux termes des traités on

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