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malgré cette défaite, emportait d'assaut la place de Campredon.

D. Et sur les frontières du Piémont?

R. Kellermann tuait 2000 hommes à SaintMaurice, et forçait les Piémontais à rentrer sur leur territoire.

D. Le général Turreau n'eut-il pas vers ces temps un commandement en chef?

R. Celui de l'armée des Pyrénées-Orientales, et le 15 octobre 1793, il signala sa nouvelle autorité par un combat nocturne au camp du Boulou. La nuit était si sombre, que se prenant mutuellement pour ennemis, les soldats du même parti s'égorgeaient entre eux. D. Revenons aux places du nord. Maubeuge ne fut-il point assiégé ?

R. Il le fut par le prince de Cobourg qui, voyant les Français marcher au secours de Dunkerque, crut arrivé le temps de sommer sa garnison; mais Jourdan qui venait de succéder au général Houchard dans le commandement de l'armée du Nord, accourut avec les vainqueurs de Hondschoote, tua 6000 hommes au prince de Cobourg, et délivra Maubeuge. Cette bataille, qui se livra le 13 octobre 1793, est connue sous le nom de Watignies. Les ennemis y occupaient des po

sitions si importantes, que leur chef jura de se faire républicain si les républicains l'en chassaient.

D. La garnison de Maubeuge prit-elle quelque part à sa délivrance ?

R. Non, et son inaction doit être attribuée à ces énergumènes qui, placés dans les camps pour contrôler les opérations auxquelles ils n'entendaient rien, ne laissaient aux véritables chefs que l'apparence du pouvoir. Le général Chancel ayant ouvert devant eux l'avis de fondre sur les derrières des Autrichiens tandis que Jourdan les attaquait en front, paya de sa tête un sentiment dicté par la raison, la valeur et le patriotisme. Ce général était, comme ceux qui l'avaient précédé sur l'échafaud, un des plus braves et des plus instruits de l'armée. «Je ne crains pas le danger, lui disait un jeune soldat; mais, après tant de fatigues, ne peut-on pas désirer un peu de repos et de nourriture? Eh! quel mérite y aurait-il, répondit Chancel, à marcher au combat en sortant d'un bon logement et d'une bonne table? Apprenez, jeune homme, que c'est par une longue suite de travaux et de privations qu'il faut acheter l'honneur do mourir pour sa patrie,

D. Après les défaites de Pirmasens et de Nothweiler, où l'armée française se retirat-elle ?

R. Dans les lignes de Weissembourg. Elle en fut chassée le 13 octobre par le duc de Brunswick qui, parmi les Prussiens soumis à son commandement, comptait un grand nombre d'émigrés français. Il est à remarquer que nous eûmes l'avantage partout où nous ne trouvâmes que des Prussiens: si l'on veut une preuve éclatante de notre supériorité dans les combats, c'est aux lignes de Weissembourg qu'il faut aller la chercher, puisque les seuls Français résistèrent aux Français. Après l'évacuation, ceux-ci mirent entre eux et l'ennemi les anciennes lignes de la Moder.

D. Les conservèrent-ils ?

R. Assaillis par des forces immensément supérieures, ils furent, après un violent combat, forcés de se reployer derrière la rivière de Souffel. Cet échec déplut tellement au comité de salut public, qu'il retira le commandement aux généraux défaits.

D. Quels successeurs leur donna-t-il ?

R. Deux hommes qui depuis ont joui d'une grande célébrité: Hoche et Pichegru, tous deux pleins de génie, de courage et d'ardeur.

D. Que faisait l'armée opposée aux Piémontais?

R. Conduite par le vaillant Dugommier, elle écrasait l'ennemi à Gilette et à Utelle, en combattant dans la proportion d'un contre quatre.

D. Et celle de Jourdan?

R. Elle se partageait pour forcer, par une diversion sur la Flandre, l'ennemi à se partager lui-même. Ce fut le général Souham qui commanda le corps de diversion. Il prit à la baïonnette les villes de Menin et de Marchiennes, qui contenaient pour plus de 10 millions de munitions de guerre et d'effets de campement. Marchiennes fut einq jours après repris par le duc d'Yorck. Souham n'ayant pas pour objet de conquérir des provinces, se retira en ordonnant à la garnison de Marchiennes de suivre son mouvement; mais lorsque sa dépêche arriva, cette garnison était tellement cernée par l'ennemi, qu'il lui fut impossible d'en rien exécuter: préférant la mort aux fers, elle se battit jusqu'à ce que le nombre l'eût écrasée.

D. Que faisait Jourdan avec le corps principal ?

R. Il attaquait l'ennemi sous les murs de Guise, et la fortune le seconda tellement,

qu'il se vit sur le point de faire prisonnier le prince de Wurtemberg. Cette opération fut la dernière de la campagne. L'armée de Flandre, celles du Nord et une partie de celles, ennemies prirent des quartiers d'hiver.

D. Ne fut-ce point à la suite de cette cam-, pagne que le Gouvernement ordonna au vainqueur de Watignies, de mettre la Belgique à feu et à sang s'il ne parvenait à s'en emparer?, R. Oui; mais Jourdan répondit qu'il était général et non point incendiaire.

D. Comment le comité de salut public reçut-il cette réponse?

R. Les tyrans sont comme la canaille, ils craignent toujours qui ne les craint point; et le comité crut avoir beaucoup fait en rendant un soldat illustre à son obscurité première.

D. Tous les corps ennemis prirent-ils en même temps des quartiers d'hiver?

R. Non, car après les opérations que je viens de rapporter, les Autrichiens s'emparèrent du fort Vauban, et les Prussiens tentèrent de surprendre la place de Bitche. C'était dans la nuit du 16 au 17 novembre. Conduits par un émigré français, qui connaissait les localités, les Prussiens pénétrèrent jusque dans les ouvrages. Vainement nos soldats, à

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