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vaient le vice-roi d'Italie, le duc d'Elchingen et le prince d'Eckmühl.

D. Ne craignait-il donc pas d'être démenti?

R. I le craignait si peu qu'il fit le même rapport au général Wittgenstein et au gouverneur de Moscow. C'est à cette triple pas quinade qu'il doit cette réflexion d'un officier combattant sous lui : « Que le général Kutusow ait eu l'impudence de mentir à son sou→ verain pour arracher le bâton de maréchal et des pensions, il n'y a là que de l'effronterie; mais qu'il ait menti en écrivant à deux généraux en chef, qu'il lui était si important d'éclairer pour guider ses opérations futures, cette bêtise marque la place qu'il doit occuper parmi les généraux. »

D. Battu à Borodino, que devint l'armée russe?

R. Elle se reploya tout entière sous les murs de Moscou; et là; Kutuzow assembla son conseil pour délibérer sur cette question: << Livrera-t-on une seconde bataille, ou se bornera-t-on à incendier la capitale des czars?» Mais depuis long-temps la chose était secrètement arrêtée, et le conseil n'était convoqué que pour la forme.

D. Que faisait l'armée française?

R. Elle quittait son dernier champ de victoire pour s'attacher aux pas de l'ennemi. Kutusow ayant traversé Moscou dans la journée du 14, n'y avait plus que son arrièregarde; et celle-ci se trouvait prise en queue et en flanc par le roi Murat et le prince Eu gène, lorsque le général qui la commandait demanda pour s'échapper une suspension d'armes, menaçant, en cas de refus, de couvrir sa retraite par l'incendie de Moscou.

D. Que répondit Napoléon?

R. Espérant sauver Moscou, il souscrivit à tout ce qu'on lui demandait; mais, pendant qu'on était en pourparlers, le gouverneur Rastopchin rassemblait tous les malfaiteurs, mettait entre leurs mains des torches enflammées, et les chargeait d'expier leurs forfaits par la destruction de leur patrie.

D. Moscou fut-il défendu?

R. Oui et non. Non, si l'on considère que le roi Murat pénétra jusqu'au Kremlin sans rencontrer d'obstacles; oui, si l'on regarde comme défense, les efforts d'une multitude d'habitans que le gouverneur avait chargé de tenir l'armée française sous le feu dévorant de la ville embrasée. Cette multitude fut im

puissante contre l'ardeur de nos braves; et, dès le 15 au matin, Moscou fut occupé par l'empereur en personne.

D. Que produisit l'arrivée de Napoléon? R. Un océan de flammes. Son entrée fut pour les agens de Rastopchin le signal de l'incendie. On essaya vainement d'arrêter les progrès du feu. Comme l'ennemi avait emmené toutes les pompes, il s'étendit avec une telle rapidité que l'empereur fut obligé de quitter le palais qu'il occupait au Kremlin pour se porter à celui de Pétrowski, situé à 2 lieues des remparts. Que l'on juge de l'horreur du tableau par ces paroles d'un officier français: Dans la nuit du 16 au 17, j'étais à 3 lieues de Moscou, écrivant mon rapport à la lucur de l'incendie.

D. Pendant ce temps que faisait l'armée russe ?

R. Elle tournait autour des remparts pour se porter sur la route de Kalouga. L'angle aigu qu'elle décrivait l'exposait, il est vrai, à tous les revers que peut enfanter une marche de flanc; mais d'un autre côté les soldats qu'on avait trompés, s'excitaient à l'indignation contre nous par l'épouvantable aspect de leur capitale en feu. La vengeance, disaient-ils,

doit être notre seul guide dans cette guerre

sacrée.

D. Que resta-t-il de Moscou?

R. Environ 1200 maisons, de 10,000 que l'on comptait avant l'incendie.

D. Que fit Napoléon lorsqu'il se vit maître de la capitale des czars?

R. Il chargea le général Lauriston d'aller renouveler, à l'empercur Alexandre, les propositions de paix; mais Kutusow, qui avait un intérêt particulier à ce que son maître ne fût jamais désabusé sur la journée de Borodino, retint à son camp l'envoyé de Napoléon, sans jamais consentir à lui donner les passeports dont il avait besoin pour arriver jusqu'à la personne du czar.

D. Quel fut l'effet du retard occasionné par celle violation?

R. De réduire l'armée française aux horreurs de la plus cruelle nécessité. Néanmoins, comme les hostilités étaient suspendues, nous espérions toujours voir se conclure incessamment la paix, lorsqu'une dépêche vint apprendre à l'empereur, que Kutusow avait perfidement rompu l'armistice en attaquant toutà-coup dans Tarontina les avant-postes du roi de Naples.

D. A ceite nouvelle, que fit l'empereur? R. Il rassembla l'armée, donna l'ordre du départ, fit sauter le Kremlin, et courut à l'ennemi. Jamais on n'a vu de spectacle plus im-: posant que celui de l'armée française sortant, après 35 jours d'occupation, des ruines fumantes de la superbe Moscou.

D. Quels mouvemens opérait l'armée russe?

R. Tandis qu'elle se disposait à harceler lamarche des Français, un de ses corps les' plus considérables, celui du général Doktorow, se dirigeait sur Malo-Jaroslavetz. Aussitôt Napoléon chargea le vice-roi d'Italie det s'y porter rapidement avec trois divisions. Croyant sans doute que Napoléon s'y rendait lui-même, Kutusow envoya, pour protéger son› lieutenant, la plus forte partie de l'armée russe. D. Quelle était la force de l'ennemi? R. 100,000 contre 16,000, ou si l'on veut plus de six contre un.

D. Comment le vice-roi s'en tira-t-il?

R. Avec tant de courage, de prudence et d'habileté, qu'à la fin du jour 10,000 hommes et trois généraux manquaient dans les rangs de l'ennemi. L'empereur en fut si satisfait, qu'il dit solennellement au prince: Eugène,

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