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que

il ne pourrait se rejoindre au gros de l'armée dans les murs de Smolensk; et trop accablé lui-même pour pouvoir résister, le second se rendait dans ces murs avec la dernière précipitation.

D. Nous avons laissé sur la route de SaintPétersbourg, Oudinot et Wittgenstein. Que se passait-il entre eux?

;

R. Une série de combats qui coûtèrent plus de 20,000 hommes à l'ennemi ; mais dans laquelle le général russe parvint toujours à conşerver ses communications.

D. Que fit Napoléon en arrivant sous les murs de Smolensk?

R. Présumant que cette ville lui serait vivement disputée, il fit reposer l'armée et se mit à reconnaître les différentes positions de l'ennemi.

D. Qu'apprit il?

R. Que 30,000 Russes étaient renfermés dans les remparts, tandis que le reste de l'armée campait dans de nombreux ouvrages élevés sur la rive droite du Borysthène.

D. Après cette reconnaissance quelles dispositions fit l'empereur ?

R. Voyant que l'ennemi ne s'était mis en défense que sur la rive droite, il fit passer

l'armée sur la rive gauche, et chargea le prince Poniatowski de détruire les ponts, pour interdire au gros des Russes tout mouvement offensif, et n'avoir affaire qu'aux 30,000 hommes de la garnison.

D. Quel succès eut cette manœuvre?

R. Le plus victorieux. Forcés dans toutes leurs positions extérieures, les Russes, dont nous avions fait un effroyable carnage, furent, dans l'après-midi, rejetés pêle-mêle jusque dans la ville. Dès qu'il fut nuit, on vit s'élever dans les airs des tourbillons de flamme et de fumée. C'en fut assez pour décéler la politique' incendiaire des Russes. Vers deux heures du matin, nos bataillons se disposèrent à brusquer l'assaut; mais, par une entière évacuation, l'ennemi avait rendu cet effort inutile. Alors nous entrâmes dans Smolensk. Celui qui se figurerait toute une ville écroulée par le feu sur des monceaux de cadavres palpitans, n'aurait encore qu'une faible idée de l'effroyable tableau qui dans ce moment s'offrait à tous les yeux.

D. Que se passait-il sur la Dwina?

R. Renforcé de 12 bataillons de la division de Dunabourg, Wittgenstein avait repris l'offensive; mais le sort des combats ne l'acca

blait pas moins de ses rigueurs. Il avait déjà perdu 12,000 hommes et 200 pièces de canon, lorsqu'une blessure grave obligea de remplacer le maréchal Oudinot par le général GouvionSaint-Cyr. Quoique ce dernier eut à lutter dans la proportion d'un contre trois, il défit l'ennemi en avant de Polotsk, et obtint par ses habiles dispositions le bâton de maréchal. D. Revenons à la grande armée.

R. Maitresse de Smolensk, elle s'attachait aux pas des Russes, lorsque le général Barclay de Tolly forma le projet de nous disputer le plateau de Valontina, qu'une vieille tradition avait décoré du titre pompeux de Champ sacré. Il y fut écrasé comme partout. Napoléon parut vers trois heures du matin sur le champ de bataille. Son intention, bien prononcée, était de clore la campagne par cet engagement: mais à la vue des prodiges de la journée, Poursuivons nos succès, dit-il ; avec de pareilles troupes on doit aller au bout du monde. D. Chassée de Valontina, où s'arrêta l'armée russe?

R. Au village de Borodino, situé à vingt lieues de Moscou, sur les bords de la Moscowa. Barclay de Tolly en avait cédé le commandement au général Kutusow, qui venait

de se faire contre les Turcs une réputation colossale. Ce dernier était tellement sûr de ses préparatifs, qu'il écrivit à l'empereur Alexandre : « La position que j'ai prise est la plus favorable que puisse offrir un pays de plaine, et si je forme un vou c'est que les Français viennent m'y attaquer. »

D. Quelle était la force de l'armée russe?

R. 130,000 hommes, protégés par un excellent terrain et des ouvrages de toute espèce. D. Que fit Napoléon?

R. I disposa ses bataillons pour l'attaques recommanda à chacun « de se conduire comme à Austerlitz, à Friedland, à Witepsk, à Smolensk; » donna l'ordre et le signal du combat. Un soleil radieux perçant en ce moment les nuages qui obscurcissaient l'atmosphère, l'empereur s'écria: C'est le soleil d'Austerlitz!

D. Cette journée fut-elle pour nous égale

ment heureuse?

R. Si la mort moissonna quantité de nos braves, elle fit dans les rangs ennemis des ravages plus cruels encore: 30,000 morts, 5000 prisonniers, 30 généraux tués, blessés, ou pris, ne sont qu'une partie des pertes man térielles dont les Russes font aujourd'hui l'aveu. C'était le 7 septembre. Pour donner une idée

du carnage qui s'y fit, il suffira de rapporter un fait. Le colonel du 61° régiment de ligne se trouvait en bataille devant une redoute qu'il avait long-temps défendue : Qu'avez-vous fait d'un de vos bataillons? lui dit l'empereur. Sire, il est dans la redoute. Il y était en effet, mais gissant sur la poussière.

D. Lequel de nos généraux mérita le plus d'admiration?

R. Une pareille question n'est pas facile à résoudre. Celui qui sut le mieux fixer les regards de l'armée est le prince Eugène Beauharnais. «Conservez, criait-il à ses soldats, conservez cette bravoure qui vous a valu le titre d'invincibles, et souvenez-vous que j'étais à votre tête lorsqu'à Wagram nous enlevâmes le centre de l'ennemi. »

D. De quelle manière reçut-on à SaintPétersbourg la nouvelle du désastre de Borodino?

R. Avec de grandes démonstrations de joie. Voulant sauver sa réputation militaire du coup mortel qui venait de lui être porté, Kutusow avait écrit au czar, son maître, qu'il avait mis l'armée française en déroute, détruit la garde impériale, pris 100 pièces de canon, et fait 16,000 prisonniers, parmi lesquels se trou

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