Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

janvier 1814. Comme la rigueur du froid empêchait de tenir la campagne, Soult vint se renfermer dans le camp retranché de Baïonne. D. A quoi l'ennemi consacra-t-il le temps de son repos?

R. A faire venir des renforts. La nécessité de garantir, sur le Rhin, l'intégrité du territoire, empêcha Soult d'en faire autant.

D. Comment s'ouvrit la nouvelle campagne? R. Par un échec qui nous coûta 5000 hommes près d'Orthez, et qui fit pressentir le dénouement du grand drame qui tenait l'Europe attentive.

D. Cet échec ne fut-il pas vengé?

R. Il le fut immédiatement près d'Agen; mais l'invasion de la France n'était plus l'objet d'aucun doute, et nous ne nous battions plus que pour montrer au monde ce qu'est un soldat d'Austerlitz à son dernier soupir.

D. Quelle était dans cette occasion la politique anglaise?

R. De corrompre les magistrats pour s'emparer de nos villes sans effusion de sang: M. Lynch, maire de Bordeaux, parut à Wellington mériter une démarche, et Bordeaux fut à l'instant au pouvoir de l'étranger.

D. M. Lynch céda par attachement pour

les Bourbons, dont son cœur généreux désirait le retour; mais que faut-il penser de la manière dont il tint ses sermens envers le gouvernement impérial?

R. Le temps présent est l'arche du Seigneur :
Qui la touchait d'une main trop hardie,

Puni du Ciel, tombait en léthargie. »

D. Revenons au maréchal Soult. Etait-il encore près d'Agen?

R. Voyant que, toujours séparé de Suchet, il devait soutenir avec 20,000 hommes, le choc de 80,000, il jugea convenable d'avoir pour lui les accidens du terrain, et il vint prendre position en avant des remparts de Toulouse. Wellington l'y suivit, et le 10 avril, le feu s'étendit avec une telle fureur qu'à la fin du jour 18,000 Anglais avaient servi d'hécatombe aux mânes des guerriers français dont l'Espagne fut le tombeau. Soult attendait impatiemment l'arrivée de Suchet, qui était encore à vingt lieues de lui. Leur jonction aurait infailliblement amené la perte des compagnons de Wellington, si une dépêche, annonçant la conclusion de la paix, n'avait arrêté leurs bras prêts à frapper de nouveaux coups.

D. Quelle opinion avez-vous de la guerre d'Espagne ?

R. Je la crois impie pour deux raisons. La première, est que nous fûmes agresseurs, la seconde, que nous fûmes vaincus. Il n'en est pas d'un gouvernement comme d'un particulier le seul tort que peut avoir un gouvernement est de perdre sa prépondérance, et il les a tous dès qu'il a celui-là : c'est le lion devenu vieux; il n'est pas jusqu'à l'âne qui ne se fasse un devoir de lui donner un coup de pied.

GUERRE DE RUSSIE.

D. BIEN des gens mettent la guerre de Russie sur la même ligne que celle d'Espagne ; que faut-il en conclure?

R. Qu'il existe en France beaucoup de gens parlant de tout sans rien connaître. D. A quoi attribuez-vous donc la guerre

de 1812?

R. Au seul orgueil blessé : humilié de s'ètre vu réduit à embrasser son vainqueur pour subir d'épouvantables conditions, Alexandra

saisit, pour faire éclater ses ressentimens, le moment où l'Espagne nous accablait. D. Quels prétextes allégua-t-il?

R. La crainte de voir rétablir l'indépendance de la Pologne, la réunion du duché d'Oldenbourg à la France, l'occupation de la Prusse par nos armées, et la ruine absolue du commerce par suite du système continental que lui-même avait adopté.

D. Ne pouvait-on pas lui répondre?

R. Comme il voulait la guerre, il n'en donna pas le temps. Sa note n'était pas encore au cabinet des Tuileries, qu'il avait déjà forcé l'armée de Varsovie à se replier derrière la Vistule, et rompu le système continental en ouvrant aux Anglais tous les ports de la Russie.

D. 'Comment y répondit le fier Napoléon?

R. Soit désir véritable de conserver la paix, soit crainte d'avoir à partager ses forces, il proposa d'éclaircir tous les points litigieux, promit de ne jamais rétablir l'indépendance polonaise, offrit des indemnités pour le duché d'Oldenbourg, et consentit à modifier pour la Russie, les rigueurs souvent importunes du système continental.

D. C'était mettre le czar au pied du mur; comment s'en tira-t-il?

R. Par des négociations sourdes, au moyen desquelles il s'attacha l'Angleterre et la Suède. Dominées par la terreur, l'Autriche et la Prusse restèrent avec nous. Napoléon fit d'immenses levées, 500,000 guerriers s'élancèrent à sa voix de tous les points de l'Europe aux bords du Niémen; et voyant l'armée russe déployée sur l'autre rive, il conçut l'audacieuse idée de l'envelopper tout entière pour s'emparer d'Alexandre.

D. Alexandre se laissa-t-il cerner?

R. Ce prince qui voulait, dit-on, disputer le passage du fleuve, n'attendit pas les Français, et se retira sans combattre sur la Dwina et le Dniéper.

D. Plusieurs historiens présentent cette retraite précipitée comme l'effet d'un plan de campagne imaginé par le général Barclay de Tolly; que faut-il en penser?

R. Que plusieurs historiens se sont trompés. Convaincus de l'immense supériorité stratégique de leur adversaire, les Russes attendaient au hasard l'exécution des plans français. Si l'intention des Russes avait été réellement de nous laisser engager dans les

« ZurückWeiter »