Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

queurs du Nil, du Tibre et du Tage; quitta l'Espagne et revint à Paris; quitta Paris et vola sur le Danube où la guerre se rallumait.

D. A quelle époque vit-on renaître, en Espagne, les hostilités momentanément suspendues?

R. Le 27 mars 1809, à Ciudad - Réal et à Médellin. L'armée d'Andalousie qui, forte de 12,000 hommes, avait pris des positions à Ciudad - Réal, fut taillée en pièces par le général Sébastiani, et le lendemain défaite encore à Santa-Crux. Quant à la patrie de Fernand Cortez (Médellin), elle fut le tombeau de 12,000 Espagnols que 16,000 Français, commandés par le maréchal Victor, tuèrent aux 34,000 du général Cuesta. 8000 prisonniers, 30 canons et 9 drapeaux, sont les trophées dont se couronna le vainqueur. On admira dans cette journée la fierté que les Espagnols conservaient au sein même des plus grandes infortunes. Sommés par un aidede camp de crier vive le roi Joseph, de 12,000 qu'ils étaient un seul eut la faiblesse d'obéir; et comme les officiers avaient conservé leurs armes scélérat, tu ne trahiras pas deux fois la patrie, lui dit un d'entre eux, en lui plongeant son épée dans le cœur.

D. Que faisait le maréchal Soult en Portugal?

R. Comme des renforts avaient porté l'armée anglaise à 80,000 combattans, il se reployait avec ses 20,000 hommes d'Oporto sur les Asturies, où il ne tarda point à être joint par le maréchal Ney. Ce qu'il y eut d'admirable dans la retraite de Soult, c'est que lui, qui devait périr aux défilés de Salamonde, écrasa dans sa marche un corps d'insurgés qui prétendait lui en interdire le passage, et délivra la ville de Lugo que tenaient investie les révoltés de la Galice.

D. Que se passa-t-il de marquant jusqu'à la fin de 1809?

R. Le général Bonnet défit deux corps espagnols qui occupaient la ville de Saint-Ander, et délivra 600 prisonniers français que le le peuple destinait aux plus cruels supplices; Suchet tua ou prit au général Black 3000 hommes et 23 pièces de canon qu'il avait à Santa-Fé; Victor se reploya sur l'Albercho après avoir livré, près de Talavera, une bataille de résultat incertain, à Wellington qui s'avançait vers l'Estramadure, et qui fut contraint de se retirer sur le Portugal; Sébastiani remporta, près d'Almonacid, une victoire éclatante sur

les débris errans du corps de Vénégas; Kellermann défit, près d'Albade - Tormes, le corps du général Cuesta que poursuivait celui de Ney, passé sous les ordres de Marchand; et 24,000 Français, commandés par Mortier, mirent dans la plus horrible confusion 55,000 Espagnols, rassemblés par Arrizaga, dans la plaine d'Ocana, près d'Aranjuez.

D. Sont-ce là toutes les opérations de cette campagne?

R. Il en est d'un ordre différent. Tandis que le maréchal Augereau prenait la ville de Gironne, ses 5000 défenseurs et leurs 200 pièces de canon, Soult poursuivait l'armée espagnole dans la chaîne des montagnes qui s'étend depuis le Guadiana jusqu'au Guadalquivir, assemblage affreux des gorges et des précipices les plus épouvantables. Victorieux partout, Soult et Victor prirent la place de Séville, dispersèrent la junte, et ce qui leur parut mille fois plus précieux que la plus belle victoire, retrouvèrent les aigles et les drapeaux perdus par Dupont dans la journée de Baylen. La prise de Malaga, par Sébastiani; de Lérida et de Mesquinenza par Suchet; le siége de Cadix, par Victor, suivirent immédiatement ces glorieux avantages.

D. Le siége de Cadix n'offrit-il rien d'intéressant?

R. Un ouragan qui dura 3 jours fit échouer, près de Lestrua, quatre vaisseaux anglais. Rien de plus magnanime que la conduite des marins de la garde. Ces généreux guerriers volèrent au secours de leurs ennemis périssans, avec autant d'ardeur qu'ils en mettaient à les combattre sur un champ où la victoire pouvait être disputée. Mais si le 10 mars fut un jour de véritable gloire, le 15 mai en fut un de vrai bonheur. Entassés dans les pontons anglais, 1500 des prisonniers faits à Baylen se révoltèrent contre leurs gardiens, et vinrent sur leur prison flottante se réunir à leurs anciens compagnons. La lyre même de Virgile n'eût rendu qu'imparfaitement l'empressement qu'on mit à les vêtir et à les fêter ; mais comme la plupart d'entre eux avaient l'esprit aliéné par les mauvais traitemens et les privations, ils ne purent que faiblement jouir du bonheur inespéré qui terminait leurs infortunes.

D. Les lyres françaises n'ont-elles pas célébré la délivrance des prisonniers de Baylen?

R. Toujours prompt à éterniser ce qui se rattache à la gloire de sa patrie, l'un de nos plus agréables comme de nos plus modestes

poëtes, M. Albert Montémont, a chanté cet événement par une ode finissant ainsi :

Venez, venez, enfans de la victoire,
Partager ces banquets sur le rivage offerts.
Consolez-vous de vos tourmens soufferts,
Consolez-vous: les chantres de la gloire

De vos faits immortels charmeront l'univers.

D. Dans quelle situation était l'armée française à l'ouverture de la campagne de 1810?

R. Plus belle qu'elle n'avait jamais été. La paix que Napoléon venait de conclure avec les souverains du Nord, lui avait donné les moyens de renvoyer en Espagne les divisions qu'il en avait tirées; et Masséna qui venait de prendre le commandement en chef, contribuail par sa réputation à doubler l'espoir de la France et de l'armée.

D. Cet espoir était-il fondé ?

R. L'événement a prouvé que la France et l'armée se trompaient. Affaibli par le poids des années et par le sang répandu, Masséna n'était plus que l'ombre du vainqueur de Zurich; tandis que, dans toute la vigueur de l'age, l'homme que le sort destinait à devenir son rival de gloire, Wellington ne négligeait aucun des moyens qui pouvaient le faire triompher. Il avait encore sur Masséna l'incon

« ZurückWeiter »