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D. N'avions-nous à combattre que les Espagnols?

R. Un traité conclu entre la junte de Séville et le cabinet de Saint-James, venait de faire débarquer, dans la baie de Mendego, 30,000 Anglais commandés par sir Arthur, depuis duc de Wellington joints à 6000 Portugais, ils débutèrent par remporter d'éclatans avantages sur les généraux Laborde et Junot.

D. A la nouvelle de ces revers que fit Napoléon ?

R. Il quitta Paris, le 1er septembre, pour aller dans Erfurt s'assurer de l'amitié d'Alexandre, rassembla plusieurs régimens stationnés en Allemagne, marcha sur l'Espagne et battit le gros de l'ennemi sous les murs de Burgos, tandis que le maréchal Victor écrasait d'autres divisions sur les hauteurs escarpées de Spinosa.

D. Le vainqueur suspendit-il sa course?

R. Son grand principe étant qu'il ne faut jamais laisser à un ennemi battu le temps de se reconnaître, il poursuivit comme un torrent ses rapides avantages; culbuta, devant Tudela, 45,000 hommes qui s'y étaient retranchés sous les ordres du général Castanos; les at

teignit encore à Somma-Sierra, les foudroya de nouveau, et porta, le 2 décembre, le siége devant les remparts de Madrid. Tous ces événemens se passèrent en deux mois.

D. Quel était alors l'état de Madrid?

R. Les factions, l'incendie, le meurtre et le pillage en faisaient un séjour d'horreur. Elle résista deux jours aux ravages des bombes, et lorsqu'une députatiou vint annoncer à Napoléon que la ville se rendait, on remarqua ce terrible passage dans la réponse de l'empereur « Tout sera soumis ou par la persuasion, ou par les armes : il n'est aucun obstacle capable de retarder long-temps l'exécution de mes volontés. »

D. Par quels travaux législatifs Napoléon signala-t-il son entrée dans la capitale de son frère?

R. Il supprima la féodalité, l'inquisition et les monastères, fléaux contre lesquels l'esprit du siècle et le bonheur des peuples s'élevaient également; après quoi, passant la revue de son armée, il déploya, sous les yeux des Espagnols, 60,000 hommes, 150 pièces de canon et 1500 fourgons chargés. Ce n'était pas tout, des corps nombreux occupaient Tolède, Burgos, Barcelone et Talaveira. Tant

de ressources firent sentir à l'ennemi les difficultés de la tâche qu'il s'était imposée, et ce fut alors que parut dans tous les cantons cet ordre qui ne cessa jamais d'être exécuté ponctuellement :

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«A l'aspect des Français toutes les cloches sonneront; si les habitans ne peuvent arrêter l'ennemi, ils cacheront ou brûleront tout ce qu'ils possèdent pour se réfugier dans les montagnes. Les tirailleurs suivront l'armée française, arrêteront ses traînards, et recevront une récompense pour chaque tète qu'ils apporteront au quartier-général. »

D. Les Anglais qui avaient jeté des troupes en Portugal, bornèrent-ils là leurs secours?

R. Ils en jetèrent également en Espagne, et ce fut sir John Mohr qui les commanda. Le maréchal Soult courut à eux, les chassa d'Astorga et les défit à Cacabella, le 3 janvier. C'est dans cet engagement que nous perdîmes le général Colbert. Deux jours avant, Napoléon lui disait : Vous recevrez dans peu la récompense qui vous est due. Dépêchez-vous, sire, lui répondit Colbert, car, bien que je n'aie que 30 ans, je sens que je suis très-vieux. Je meurs bien jeune, dit-il, en tombant, mais j'en suis consolé puisqu'à mon dernier soupir,

je vois fuir les ennemis de ma patrie. Sa mort fut vengée, le 16, par celle même de sir John Mohr. Rompue et dispersée sur les hauteurs de la Corogne, l'armée anglaise nous abandonna la contrée pour se rembarquer immédiatement. Après ce brillant succès, Napoléon, confiant à Ney les troupes de Soult, chargea ce dernier d'aller vaincre en Portugal. Soult partit avec un corps d'armée, et tua, dans trois rencontres, 18,000 hommes au marquis de la Romana qui fuyait vers Oporto.

D. Que se passait-il sur les autres points? R. Lefebvre et Gouvion - Saint-Cyr délivraient la Catalogne et les rives du Tage de la présence de l'ennemi, tandis que, plus heureux encore, Victor détruisait complétement l'armée de Vénégas: 12,000 prisonniers; 30 drapeaux et toute l'artillerie espagnole, furent les trophées dont ce maréchal enrichit sa gloire dans la journée du 13 janvier. J'ai dit que Soult poursuivait la Romana vers Oporto. Le 29, il prit cette place d'assaut, et, dédaignant ses droits, la fit respecter comme ville française.

D. N'existait-il point alors, en Espagne, un prince autrichien qu'un parti nombreux appelait à régner sur le Tage?

R. Le bruit en courait du moins; et c'est en partie au désir de s'emparer de sa personne que l'empereur fit assiéger Sarragosse par le maréchal Lannes. Cette ville contenait, indépendamment de son immense population, plus de 50,000 paysans rassemblés par le général Palafox. Lannes n'avait que 31,000 Français pour les réduire ; mais il disposa de ses moyens avec un si grand art et une ardeur si soutenue, qu'après avoir, pendant 52 jours, écrasé la ville sous les ruines de la ville même, Sarragosse n'était plus qu'un horrible mélange de cadavres et de décombres sur lequel des fanatiques guidés par des moines, se faisaient égorger au nom du ciel. 54,000 habitans périrent dans ce siége malheureux. Fatigué du carnage, l'esprit aime à contempler Mme la comtesse de Burita qui, suivie des dames les plus distinguées par leur naissance ou par leur fortune, allait sur les ruines brûlantes des maisons écroulées, secourir des soldats blessés que les boulets ou la mitraille achevaient souvent dans ses bras.

D. Que fit Napoléon après la reddition de Sarragosse?

R. Regardant son frère comme affermi sur le trône, il s'entoura d'une partie des vain

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