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«On s'est trop pressé, dit le maréchal Lannes au docteur Lannefranque; je n'ai pas une bonne idée de cette affaire; mais, quelle qu'en soit l'isue, ce sera pour moi la dernière bataille. »

D. Que devint cette prédiction?

R. Elle s'accomplit. Au moment où les Autrichiens fuyaient, une crue des eaux emporta tous les ponts du Danube, et sépara l'empereur de la majeure partie de l'armée. Cet événement suspend la déroute des Autrichiens, ils se rallient, reviennent à la charge, et tirent sur les Français 40,000 coups de canon, auxquels, faute d'artillerie, ceux-ci ne savent que répondre.

D. Dans cette cruelle circonstance qu'ordonna Napoléon ?

R. De vaincre, et l'on vainquit. Ecrasés de nouveau, les Autrichiens s'enfuirent avec une perte de 27,000 hommes, dont 12,000 morts. Nous pleurâmes cette victoire, toute glorieuse qu'elle était. Le maréchal Lannes.... Mais gardons-nous de le plaindre : l'instant de son trépas fut celui de son apothéose.

D. L'empereur s'attacha -t-il aux pas 'de l'ennemi ?

R. Non. Comme il fallait réunir l'armée,

il se retira dans l'île de Lobau pour y consommer cette grande opération.

D. Les Autrichiens n'entretenaient-ils aucune intelligence dans le Tyrol ?

R. Pour détruire toutes les communications qui existaient entre la grande armée et l'armée d'Italie, le feld-maréchal Chasteller tenait les villes et les campagnes de cette contrée en insurrection contre les Français. Il fut défait par le maréchal Lefebvre, abandonné des siens, et forcé de fuir en Hongrie. Moins général qu'assassin, il venait de faire égorger en Tyrol 1800 Bavarois et 700 Français qui s'étaient rendus prisonniers.

D. Que se passait-il en Italie ?

R. Foudroyant partout les divisions de l'archiduc Jean, le prince Eugène Beauharnais repoussait devant lui toutes les forces autrichiennes pour venir par le Tyrol se joindre à la grande armée. Cette jonction se consomma le 26 mai dans les murs de Bruck. « Soyez les bien- venus, dit l'empereur aux soldats d'Italie, je suis content de vous. Surpris par un ennemi perfide avant que toutes vos colonnes fussent réunies, vous avez dû rétrograder jusqu'à l'Adige. Mais lorsque vous reçûtes l'ordre de marcher en avant, vous étiez

sur le champ mémorable d'Arcole, et là vous jurâtes, sur les mânes de nos héros, de triompher. Vous avez tenu parolé à la bataille de la Piave, aux combats de Saint-Daniel, de Tarvis, de Goritz; vous avez pris d'assaut les forts de Malborghetto, de Pradel, et fait capituler la division ennemie retranchée dans Prewald et Laybach. Vous n'aviez pas encore passé la Drave, et déjà 25,000 prisonniers, 60 pièces de bataille, 10 drapeaux avaient signalé votre valeur. Depuis, la Drave, la Save, la Muer, n'ont pu retarder votre marche. »

D. Quelle fut en Allemagne le début de l'armée d'Italie ?

R. La mise en déroute près de Raab (24 juin), de 50,000 Autrichiens formant l'effectif des corps réunis de l'archiduc Jean et de l'archiduc palatin. Indépendamment de 6000 hommes vifs ou morts, de 6 canons, de 4 drapeaux, de la place de Raab, et d'un vaste camp retranché, cette victoire nous valut l'honneur du plus beau trait de bravoure dont l'histoire puisse léguer le souvenir à la postérité. Cerné par 20,000 Autrichiens, le 84 régiment de ligne soutint leur choc pendant dix heures, leur tua 2000 hommes, et attendit ainsi qu'on vânt le délivrer. Napo

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léon en fut tellement satisfait qu'il fit mettre pour devise, sur les drapeaux de cet intrépide régiment: UN CONTRE DIX.

D. Dites-moi ce qui se passait en Dalmatie.

R. Non moins heureux que le prince Beauharnais, Marmont écrasait partout les corps qui osaient lui résister. C'est ainsi qu'ayant triomphé en vingt endroits, et notamment à Gospich, il opéra (30 juin) sa jonction avec l'armée d'Italie.

D. L'armée de Pologne était-elle restée sous les murs de Varsovie?

R. S'attachant aux pas du prince Ferdinand qui, comme je l'ai dit, se reployait sur l'Autriche, elle détruisit dans sa marche le corps-franc du colonel Schill, et pour se joindre à la grande armée, vint s'établir en Gallice.

D. Quel emploi tira Napoléon de la réunion de ses forces?

R. Il quitta l'ile de Lobau, se reporta sur la rive gauche du Danube, joignit l'ennemi et livra bataille dans les champs de Wagram (6 juillet). 400,000 hommes, secondés par 1500 pièces de canon, s'égorgèrent sur le même point pendant un jour entier. La vic

toire ne nous fut point infidèle. Mis dans une déroute complète, l'ennemi nous abandonna 60,000 hommes dont 20,000 prisonniers, 40 canons, 10 drapeaux, et tous ses bagages. Nous ne pûmes le détruire entièrement, car long-temps avant la chute du jour on ne l'apercevait déjà plus.

D. Quel fut le fruit de cette victoire?

R. La paix. Voulant toutefois de suffisantes garanties, Napoléon y mit pour condition première, que la main de l'archiduchesse Marie-Louise lui serait accordée. C'était cimenter par les plus chers intérêts l'alliance politique qui se formait entre les deux empires, et concilier les divers partis qui existaient sourdement en France, en rendant les descendans de Louis XVI cousins-germains de l'empereur Napoléon.

D. De quel il l'Angleterre vit-elle cette nouvelle paix?

R. Avec une nouvelle rage. Voulant toute. fois nous porter un dernier coup, elle chargea lord Chatam d'envahir la Flandre avec 35,000 hommes, de rendre impraticable la navigation de l'Escaut, de mettre le Brabant à contribution, de s'emparer des îles de Catzand et de Walcheren, de détruire les arsenaux

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