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pereur, Napoléon, qui en tenait les preuves écrites, les lui remit en disant : « jetez sa lettre au feu; cette pièce anéantie, je ne pourrai plus le faire condamner. »

D. Oùs'étaient réfugiés les Prussiens échappés de Jéna?

R. Dans l'électorat de Hanovre, pour s'y joindre à des renforts attendus d'Angleterre. D. Qui marcha contre eux?

R. L'armée d'observation que le prince Louis Bonaparte commandait sous les murs de Wesel. Les battant partout, ce prince les réduisit à rien.

D. N'existait-il plus de Prussiens que dans le Hanovre?

R. Un corps de 30,000 hommes environ fuyait devant la grande armée. 20,000 se laissèrent prendre à Stettin, à Paswalk, à Amklau; et lorsque Murat en poursuivait les restes, le général Savary fut abordé, dans Strelitz, par M. de Schullembourg, qui, pleurant de douleur, lui dit ces paroles remarquables: « Il y a huit heures que j'ai vu passer les débris de la monarchie prussienne. Vous les aurez aujourd'hui ou demain. »

D. Où furent-ils atteints?

R. En dix endroits, et notamment à

Schwartan. Là, cernés par Murat, tous tendirent les mains aux fers du vainqueur.

D. Ayant perdu la monarchie, quel moyen restait-il au roi de Prusse de sauver le monarque?

R. Une proposition d'armistice. Il la fit et Napoléon l'accepta.

D. L'empereur ne devait-il aucune récompense à l'armée ?

R. L'ordre d'élever, dans Paris, un TEMPLE A LA GLOIRE, et de fondre une colonne de bronze avec les canons pris à l'ennemi, fut la seule qui lui parut digne des premiers soldats de la terre. Indépendamment d'une foule d'accessoires précieux, l'intérieur du temple devait offrir, sur des tables d'or massif, les noms de tous les hommes morts sur le champ de bataille.

D. Ce temple fut-il achevé?

R. Non, et même on a changé sa destination première. Dédié désormais à sainte Madelaine, le temple de la gloire justifie ce couplet d'Arlequin au Muséum.

Ces murs n'offrent plus de combats,
Autres temps, autres maîtres;
Autant on voyait de soldats,

Autant on voit de prêtres.

D. Et la colonne ?

K. Celle-ci est terminée. Elle représente, par des bas-reliefs disposés en spirale, tous les travaux de la grande armée; et c'est à cette disposition même que je dus dans les temps l'inspiration de ce quatrain :

Pourquoi tous ces guerriers, d'un pas audacieux
Et des traits ennemis affrontant la tempête,
De ce bronze captif vont-ils chercher le faîte?
C'est qu'après tant d'exploits, leur place est dans les cieux.

D. En ouvrant la guerre, qui se terminait d'une manière si déplorable pour lui, le roi de Prusse ne s'était-il assuré aucun auxiliaire?

R. L'empereur Alexandre ven ait à son sccours. Napoléon courut au-devant de lui et leur livra bataille dans la plaine d'Eylau (8 février 1807). Selon le 58e bulletin, «300 bouches à feu ont vomi la mort de part et d'autre pendant 12 heures. >>

D. Quel en fut le résultat?

R. La retraite des Russes derrière la Prejel. Ils avaient perdu 37,000 hommes, 16 drapeaux et 45 pièces de canon. Après ce nouveau triomphe, Napoléon fit prendre à l'armée des cantonnemens sur la Vistule. « Qui osera en troubler le repos s'en repentira,

dit-il; car au-delà de la Vistule, comme audelà du Danube, au milieu des frimas de l'hiver, comme au commencement de l'automne, nous serons toujours les soldats français et les soldats de la grande armée. »

D. Ne faisions-nous alors le siége d'aucune place importante?

R. Le maréchal Lefebvre écrasait sous des bombes la ville de Dantzick, que le général Kalkreuth défendait avec 21,000 hommes et Soo pièces de canon. Il la prit (24 mai 1807) après avoir déployé, pendant 54 jours, tout ce que le génie de la guerre a de plus savant et de plus périlleux. Napoléon en fut tellement satisfait qu'il nomma le maréchal Lefebvre, duc de Dantzick: c'était la première fois que des honneurs de ce genre étaient décernés dans le camp français.

D. L'ennemi ne troubla-t-il pas la paix de nos cantonnemens?

R. Des négociations s'entamaient entre les partis, lorsque les Russes firent entendre un' nouveau cri de guerre. Les ayant écrasés à Spandau, à Lomitten, à Altkirchen, à Glottau, Napoléon les joignit dans la plaine de Friedland. « Prince, dit à Murat le colonel d'Avenay, faites la revue de mon régiment,

vous ne verrez pas un cuirassier dont le sabre ne soit ensanglanté comme le mien. »

D. Quel événement suivit cette rencontre? R. Une bataille plus cruelle encore que les précédentes. Aux premiers coups de canon, « C'est un jour de bonheur, dit Napoléon, c'est l'anniversaire de Marengo» (14 mai 1807). Il fut heureux en effet. Complétement battu, l'ennemi nous abandonna 48,000 hommes, 80 pièces de canon et la plus forte partie de ses bagages. En nous ouvrant les portes de Koenigsberg, de Glatz, et de Neiss, cette victoire réduisit la monarchie prussienne à la seule ville de Memel.

D. Des défaites si complètes et si multipliées ne firent-elles pas sentir aux alliés le besoin de vivre en paix?

R. Ils le sentirent tellement qu'ils entamérent sur-le-champ des négociations. Napoléon ne fut point inflexible, et le 25 juin 1807, une nouvelle paix continentale essuya, dans Tilsitt, les pleurs des nations.

D. Quelles étaient les conditions du traité? R. D'une part, que le roi de Prusse céderait au roi de Saxe une certaine portion de territoire; et au prince Jérôme Bonaparte, ce qu'il lui fallait de provinces pour former

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