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D. Que fit Napoléon ?

R. Feignant de craindre une bataille, il se reploya de trois lieues, et prit une position. qu'il avait reconnue plusieurs jours avant comme devant jouer un grand rôle dans l'histoire (Austerlitz). C'est là que se livrant aux

plus savantes manœuvres, il porta l'ennemi

à une foule de mouvemens vicieux, et prédit qu'avant 24 heures toute l'armée combinée lui appartiendrait.

D. Que se passa-t-il d'intéressant dans cette journée ?

R. Une des plus belles scènes que nous aient conservées les annales du monde. Dans la soirée, l'empereur visitant incognito les bivouacs, fut à l'instant environné de 80,000 hommes qui, munis d'autant de fanaux de paille plantés sur des perches, figuraient, à s'y méprendre, un océan de feu. « Sire, lui dit un vieux grenadier, je te promets, au nom de l'armée, que tu n'auras à combattre que des yeux, et que nous t'amènerons demain les drapeaux et les étendarts de l'armée russe pour célébrer l'anniversaire de ton couronnement. » D. L'armée tint-elle parole?

R. Dans cette journée (2 décembre) où trois empereurs assistaient en personne, l'ar

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mée combinée fut à la fois défaite et cernée sans qu'il pût s'en échapper un seul homme. Acculée contre un lac par les maréchaux Soult et Davoust, la gauche de l'ennemi essaya vainement de fuir à la faveur des glaces, cent coups de canon rompirent le sol fragile qui la portait, et soudain 20,000 hommes furent engloutis.

D. Détaillez-moi la perte de l'ennemi dans cette bataille ?

R. 45,000 morts, 35,000 prisonniers, 150 pièces de canon, 20 généraux tués ou pris. La victoire d'Austerlitz porta Napoléon au plus haut degré de la puissance humaine. Maître absolu de ses nombreux adversaires, il fixa à l'armée d'Alexandrie des journées d'étape pour retourner en Russie, et força l'empereur d'Autriche à signer la paix sur le lieu même de sa défaite. Dès-lors le grand empire germanique fut dissous, les rois de Bavière et de Wurtemberg reconnus, les duchés de Parme et de Plaisance, Gênes, la Toscane et Venise, réunis au royaume d'Italie, sous la domination française..

D. Quel fut ensuite le partage de l'armée? R. Napoléon trouvant qu'il fallait toute sa puissance pour la récompenser, frappa l'Al

lemagne d'une contribution de cent millions de francs, étendit ses bienfaits jusque sur les veuves et les enfans des blessés et des morts, et annonça qu'il donnerait incessamment, à Paris, une grande fête où tous les corps assisteraient : « Vous avez vu votre empereur partager avec vous vos périls et vos fatigues, dit-il, dans une proclamation; je veux aussi que vous veniez le voir entouré de la grandeur et de la splendeur qui appartiennent au souverain du premier peuple de l'univers. »

Conquête du royaume de Naples.

D. L'harmonie dura-t-elle long-temps? R. Elle fut troublée dans les premiers mois de 1806, par le roi de Naples. Infidèle à ses traités, ce prince recevait des Anglais dans ses ports, et faisait avec eux la guerre aux Français.

D. Que fit Napoléon?

R. Il prononça la chute de la dynastie régnante, et chargea son frère Joseph d'aller accomplir sa volonté. Ce prince partit et monta sur le trône de Naples. Il ne trouva de résistance que sous les murs de Gaëte, et encore cette place se rendit-elle à l'instant où l'intrépide colonel Guyard se préparait à l'attaquer d'assaut.

CAMPAGNE DE 1806,

En Prusse.

D. LA Prusse était-elle pour la France une sincère amie?

R. L'événement prouva que non. Séduit par l'or de l'Angleterre et par l'ascendant non moins impérieux de la reine son épouse, le roi Frédéric arma 150,000 hommes et marcha contre nous. Il s'en repentit. « Maréchal, dit l'empereur à Berthier, on nous donne un rendez-vous pour le 8. Jamais un Français n'y a manqué. On dit qu'une belle reine veut être témoin de nos prouesses; soyons courtois et marchons, sans nous coucher, pour la Saxe. »

D. Napoléon fut-il exact au rendez-vous?

R. On ne peut davantage. Ayant écrasé l'ennemi sur la Saale, à Schleita, à Gera, à Sautfeld, et voyant une grande bataille se préparer dans les champs de Jéna, il crut pouvoir épargner le sang des hommes en représentant à son royal adversaire tous les inconvéniens d'une guerre sans but. «Sire, ajouta-t-il, votre majesté sera vaincue; elle aura compromis le repos de ses jours, l'existence de ses sujets sans l'ombre d'un prétexte.

Elle est aujourd'hui intacte et peut traiter avec moi d'une manière conforme à son rang; elle traitera avant un mois dans une situation différente. »>

D. Que fit le roi de Prusse ?

R. I persista dans l'imprudent désir de combattre (14 octobre 1806). Mais combien il paya cher un instant de témérité! 60,000 hommes dont 20,000 morts, tous ses bagages, 300 pièces de canon, 30 drapeaux, telle fut la perte qu'il éprouva dans l'espace de 8 heures.

D. Où se dirigea l'armée prussienne?

R. Sur Berlin. Son désastre était si complet qu'une gazette allemande l'annonça en ces termes : « L'armée du roi a été battue, le roi et ses frères sont en vie. »>

D. Napoléon poussa-t-il jusqu'à Berlin?

R. Il fit plus, il y entra le 27 octobre. C'est de là qu'il envoya à l'Hôtel des Invalides, et l'épée du grand Frédéric et les drapeaux perdus par la France dans la guerre de sept ans. « J'aime mieux cela que vingt millions, » dit-il. Son séjour à Berlin fut marqué par un trait de grandeur. Madame la princesse de Hartzfeld, implorant à genoux la grâce de son mari, prévenu de conspiration contre la vie de l'em

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