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rivage, et que ses bâtimens semblaient liés

entre eux. »

D. Tant d'entreprises déjouées ne décidèrent-elles pas l'Angleterre à faire la paix?

R. La Russie, la Turquie, la Bavière, venaient encore de lui donner un grand exemple de l'impuissance universelle contre la république. Toutes trois venaient de ratifier une paix qui n'existait encore qu'en négociations; et forcée de céder elle-même au torrent, elle chargea lord Cornwallis, son ministre au congrès d'Amiens, d'accepter enfin les conditions proposées.

D. Quelles étaient ces conditions?

R. La restitution de l'île de Malte à l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem; l'évacuation des iles et ports occupés par les Anglais, tant dans la Méditerranée que dans l'Adriatique ; l'échange des prisonniers en masse et sans

rançon.

D. N'est-ce point alors que le premier consul signa un concordat avec le pape?

R. Oui. Ce fut en reconnaissance de tant de bienfaits que le sénat prorogea d'abord à dix ans et ensuite à vie, la dignité consulaire dans la personne de Napoléon Bonaparte. Content, répondit le favori du destin, d'avoir

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été appelé par celui de qui tout émane, à ramener sur la terre la justice, l'ordre et l'égalité, j'entendrai sonner la dernière heure sans regret..... et sans inquiétude sur l'opinion des générations futures. »

D. Par quoi Bonaparte justifia-t-il d'abord les étonnans bienfaits dont il était comblé ?

R. Par la création de la Légion-d'Honneur (19 mai 1802); décoration qui, brillant également sur le cœur du souverain, du soldat, du sage, de l'artiste, était la seule digne des lumières, des mœurs et des vertus de notre âge. Sa devise fut HONNEUR ET PATRIE.

D. Aucune guerre ne se préparait-elle ?

R. L'Angleterre, violant ses traités en refusant de rendre et l'île de Malte et le cap de Bonne-Espérance, le général Mortier fut chargé de se porter sur le Hanovre avec deux divisions (2 juillet 1803). Il conquit ce pays en trois jours, et avec lui un matériel et des approvisionnemens immenses.

D. Quelle branche de nos forces excitait particulièrement la sollicitude du premier consul?

R. La marine. Que ses vœux étaient bien secondés par la nation! Ce n'était chaque jour qu'offrandes nouvelles, que sacrifices volon

taires.. Le département du Loiret est le promier qui se signala dans ce concours généreux: il offrit au Gouvernement une frégate de 30 'pièces de canon.

D. A Quoi faut-il attribuer ce vif enthousiasme?

R. A l'admiration qu'inspirait le premier consul. Le plus vrai de tous les hommages qu'on lui rendit est l'inscription qui brillait à Gand sur le portail de l'Académie de peinture:

Vainqueur aux bords du Nil, aux champs de l'Ausonie,
De la grandeur et du génie

Un héros rassembla les monumens épars;
Memphis à Rome est réunie,

La France est le temple des arts.

D. Comment l'Angleterre voyait-elle la France?

R. Avec horreur. Frémissant dans son ile des maux qu'on lui préparait, elle tenta, pour s'y soustraire, de faire poignarder Bonaparte. Qui le croira jamais? Les noms de Moreau et de Pichegru se trouvèrent sur la liste des conspirateurs. Moreau fut exilé sur de lointains rivages, et Pichegru s'étrangla dans son cachot.

D. Quelles mesures prit le premier consul? R. Toutes celles qu'exigeait la sûreté de l'Etat. Voulant établir une barrière insur

montable entre son gouvernement et celui de la dernière dynastie, il fit arrêter dans le pays de Bade et fusiller dans les fossés de Vincennes (21 mai 1804), le duc d'Enghien, accusé de machination contre la France.

D. Parvenu aux premières dignités de l'Etat, Bonaparte n'ambitionna-t-il point d'autre nom que celui de consul?

R. Il voulut et prit celui d'empereur. Ce fut sa première faute. Devant ses grandeurs à la République, il devait vivre et mourir républicain.

D. Comment la nation prit-elle cette nouvelle élévation?

R. Elle ne pouvait en accuser qu'elle-même et ne s'en accusa point. Gloire, trésors, paix, liberté, elle tenait tout du guerrier qu'elle couronnait, et elle célébra de toutes les manières les fers dont elle chargeait ses bras dé

sarmés:

« Ardens citoyens, chauds amis
Des provinces et de Paris,
Partisans de la république,
Grands raisonneurs en politique,
Dont je partage la douleur;
Venez assister en famille

Au grand convoi de votre fille

Morte en couche d'un empereur.

L'indivisible.citoyenne,

Qui ne devait jamais périr,
N'a pu supporter sans mourir
L'opération césarienne :

Mais vous ne perdez presque rien,
Ovous que cet accident touche,
Car, si la mère est morte en couche,
L'enfant du moins se porte bien.

D. On accuse Bonaparte d'avoir usurpé le

trône.

R. C'est une absurdité, par la double raison que le trône était vacant, et qu'on n'usurpe point lorsqu'on ne fait que céder au vœu du peuple. Sur 3,521,675 voix données, le dépouillement des registres n'en fit reconnaître que 2569 contre Bonaparte, et c'est, je pense, une assez belle majorité.

D. Par quoi le nouvel empereur signala-t-il son élévation?

R. Par des paroles de paix au roi d'Angleterre. « Je n'attache point de déshonneur à faire le premier pas, dit-il; je crois avoir assez prouvé au monde que je ne redoute aucune des chances de la guerre.............. Eh! quelle triste perspective que de faire battre des peuples seulement pour qu'ils se battent! Le monde est assez grand pour que nos deux nations puissent y vivre; et la raison a assez de puis

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