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prirent d'abord la ville de Viella; mais bientôt ils éprouvèrent un violent échec près de Thuir. Cet échec fut vengé peu de jours après à Baygoris et dans le Val-Carlos.

D. Continuez de me raconter cette partie des travaux de l'armée d'Espagne.

R. La fortune changea, et les Français furent mis en déroute à Château-Pignon. Ils revinrent à la charge, et fondant sur les Espagnols retranchés sur la montagne de Louis XIV, les forcèrent à repasser le Bidassoa. Cet avantage fut balancé par la reddition de Bellegarde que défendaient 900 Français bloqués depuis quarante jours, et sur lesquels. on avait lancé plus de 80,000 bombes; mais rien ne parvint à ralentir l'ardeur des légions combattant en rase campagne. Elles vainquirent de nouveau à Ispéguy, à Thuir, à Mas-la-Serre, à Mont-Louis, et notamment à Peyrestortes. Dans ce dernier combat, l'ennemi perdit 1500 hommes et 40 bouches à feu.

D. Que devenait le général Custine?

R. J'ai dit qu'il se rapprochait de la France. Ses revers ayant ramené l'ennemi sur la rive gauche du Rhin, et par suite le général Doyré ayant capitulé dans Mayence avec 22,000

hommes, Custine fut arrêté, et traité comme traître à la patrie.

D. L'était-il en effet ?

R. Oui, si c'est l'être que d'être loyalement vaincu.

D. La place de Mayence fit-elle toute la résistance dont elle était capable?

R. Sa défense, quoique inutile, fut aussi glorieuse que le plus beau triomphe. Le général Doyré n'examina point si toutes les places qui devaient le secourir étaient au pouvoir de l'ennemi, et si lui-même manquait des munitions de guerre et de bouche les plus essentielles. Il se battit en héros jusqu'à la dernière extrémité, et l'on se rappelle que le général Aubert-Dubayet invita un jour à dîner plusieurs officiers supérieurs, parce qu'il avait à leur offrir un très-beau chat entouré d'un cordon de souris. La reddition de Mayence fut imitée par le fort de Cassel. Ce n'était plus le général Meunier qui commandait ce fort; un boulet avait terminé sa carrière dans une attaqué formée contre la grande île de Mars. «Il m'a fait bien du mal, s'écria le roi de Prusse en apprenant sa mort, mais l'univers n'a pas produit un plus grand homme. »

D. La Belgique étant évacuée, que devinrent les places de la frontière du nord?

R. Elles furent déclarées en état de siége et assiégées immédiatement. Valenciennes, que commandait le vieux général Ferrand, se défendit comme Mayence l'avait fait. Le 28 juillet Ferrand capitula, mais après avoir tué 20,000 hommes à l'ennemi, sans en avoir perdu lui-même plus de cinq à six cents.

D. L'ennemi s'empara-t-il de toutes les places qu'il assiégea?

R. Sommé de rendre celle de Cambrai, le général Declaye répondit qu'il ne savait que se battre, et força, par d'heureuses sorties, les Autrichiens à fuir loin de ses remparts.

D. Dunkerque ne fut-il pas assiégé vers le même temps?

R. Victorieux à Linselles, le duc d'Yorck essaya de couper la retraite aux Français mais il ne put le faire assez précipitamment pour empêcher ceux-ci de se renfermer dans les murs de Dunkerque. Il attendait, pour les en chasser, une flotille de bombardement; mais les heures qu'il perdit en préparatifs donnèrent le temps au général Houchard de marcher avec 40,000 hommes au secours des assiégés. La victoire qui en résulta pour nous,

et que l'histoire transmet à la postérité sous le nom de Hondschoote, délivra Dunkerque

le

9 septembre 1793, et fut comme la source des nombreux succès qui la suivirent.

D. En sauvant la France d'une invasion nouvelle, Houchard vit sans doute les honneurs s'accumuler sur sa tête?

R. Ce général ayant négligé de poursuivre ses avantages, fut accusé de trahison, et porta, comme Custine, sa tête sur l'échafaud.

D. Quelle était donc la politique du Gouvernement en immolant de pareils hommes?

R. Il entrait pleinement dans son système de persuader aux soldats français qu'ils étaient invincibles, parce que leur constance dans les travaux ne pouvait se soutenir contre tant d'ennemis que par cette intime conviction. Éprouvait-on un revers, quelle qu'en fût la cause, le soldat eût vaincu si le général eût bien commandé. Manquait-on de profiter de la victoire, le général s'entendait avec l'ennemi, et toujours ce malheureux chef répondait sur sa tête de l'iniquité des hommes et des caprices de la fortune.

D. Que fit Houchard avant d'être arrêté? R. Profitant de la division qui régnait parmi les coalisés, il les battit complétement à Tour

coing, à Lannoy et à Menin. Dans ce dernier combat, ils perdirent 4000 hommes et plus de 40 pièces de canon.

D. Qu'arriva-t-il après la mort d'Houchard?

R. Une déroute complète à Pirmasens : 4000 Français et toute notre artillerie tombèrent au pouvoir des Prussiens.

D. Cette défaite ne fut-elle pas vengée ?

R. Elle le fut par suite dans une autre défaite. Chassés du camp de Nothweiler, les Français reconquirent le poste important qu'ils n'avaient perdu que parce qu'un des leurs avait découvert à l'ennemi les moyens de s'en emparer.

D. Les généraux en chef étaient-ils déjà, maîtres absolus de leurs opérations?

R. Non, la Convention avait placé près 'd'eux divers de ses membres, dont la mission était de présider aux commandemens. Cette mesure eut souvent des inconvéniens graves par l'inexpérience des conventionnels, et par la mésintelligence qui régna toujours entre eux et les généraux.

D. Que se passait-il en Espagne ?

R. Le général Dagobert perdait 6000 hommes à Truidas, et, persistant à combattre

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