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condés par les Anglais, les Vendéens se soulevaient de nouveau, et méconnaissant toute espèce d'autorité, se livraient à toutes les atrocités du brigandage.

D. Quelles mesures prit Bonaparte?

R. Celle d'envoyer contre eux les généraux Brune et Hédouville. « Que j'apprenne bientôt, leur dit-il, que les chefs des rebelles ont vécu..... Exterminez ces misérables, le déshonneur du nom français : faites une campagne courte et bonne. » En deux mois tout fut soumis.

D. Quelles dispositions faisaient les alliés?

R. Il chargeait le général Mélas de se porter sur l'Italie avec l'élite des troupes autrichiennes.

D. Et le premier consul?

R. Il remettait au général Moreau 100,000 hommes pour s'opposer à d'autres forces que les alliés dirigeaient sur le Rhin, tandis que lui-même faisait organiser, à Dijon, une armée avec laquelle il avait résolu de marcher sur l'Italie. «< Soldats, disait-il, lorsqu'il en sera temps je serai au milieu de vous, et l'Europe se souviendra que vous êtes de la race des braves qui l'ont déjà étonnée. »

D. Qui tenait l'Italie en attendant l'arrivée de Bonaparte ?

R. Masséna avec 25,000 hommes. Décidé à défendre la capitale de la Ligurie, il occupait, en présence du général Mélas, des positions sur la rivière de Gênes.

D. Quelle était la situation de son armée? R. Epouvantable. La misère était si grande que, réduite à ne vivre que d'herbes et de racines, une compagnie du 24° de ligne s'empoisonna tout entière en mangeant de la ciguë. Ce n'était encore là que la moitié du mal. Pour comble d'infortunes, la peste dévorait chaque jour nos soldats par centaine.

D. Que devinrent alors les liens de la discipline ?

R. Ils furent totalement rompus. Pour rendre l'armée à la vie et à la subordination, Bonaparte chargea Masséna de passer des marchés, et fit connaitre aux mutins que la valeur n'était que la seconde des qualités du soldat. « Qu'eussiez-vous fait, leur dit il dans une proclamation, si; comme les 4° et 22′ légères, les 18 et 32° de ligne, vous vous fussiez trouvés au milieu du désert, sans pain ni eau, mangeant du cheval et du mulet? La

victoire nous donnera du pain, disaient-elles; et vous, vous quittez vos drapeaux ! »

D. La situation des alliés était-elle aussi cruelle que la nôtre?

R. Tandis que nos soldats périssaient de misère, l'abondance, la santé, la discipline. étaient dans le camp ennemi. Mélas profita de cet avantage pour r'ouvrir la campagne, et cette campagne se fit sur la crête des Apennins. Jamais on ne vit l'infériorité du nombre lutter avec plus de gloire et de constance contre une effrayante supériorité. Masséna, Suchet, Soult, Oudinot, s'y couvrirent d'une gloire impérissable.

D. Furent-ils heureux ?

R. Moins qu'ils ne le méritaient. Après un mois d'héroïsme, ils furent, à l'exception de Soult et de Suchet, contraints de se renfermer dans Gênes; et là, tout ce qui manquait encore à l'horrible tableau que j'ai tracé, se réunit pour les détruire. La guerre, la faim, la peste firent de tels ravages, que n'ayant plus la force d'enterrer les morts, les vivans respiraient, au lieu d'air, la putréfaction de 20,000 cadavres.

D. Cet affreux état dura-t-il long-temps?
R. Deux mois environ. Voyant que rien ne

pouvait plus le sauver, Masséna offrit de rendre la place à deux conditions. La première était que le mot capitulation serait banni du traité; la seconde, que la garnison rentrerait librement en France.

D. Que répondit l'ennemi ?

R. Qu'il y souscrivait, à la seule réserve de garder prisonnier la personne de Masséna. Selon l'amiral Keith, Masséna valait à lui seul 20,000 hommes. A demain donc sur le champ de bataille, répondit l'intrépide défenseur de Gênes; et frémissant des suites d'une telle résolution, le vainqueur se rendit à toutes les demandes du vaincu.

D. Où ce dernier se retira-t-il ?

R. Vers les frontières du Var. Arrivé sous les murs de Savone, il rencontra le corps de Suchet qui, après avoir soutenu long-temps un combat inégal près d'Oneille, venait de repousser l'ennemi et le poursuivait encore. D. Que faisait le premier consul?

R. Parti de Dijon avec l'armée qu'il devait conduire en Italie, il gravissait, avec un matériel immense, les effrayantes sommités du mont Saint-Bernard. Comme le transport de l'artillerie nécessitait des moyens extraordinaires, il fit démonter les affûts et les cais

sons, chargea les hommes et les chevaux des pièces qu'ils pouvaient porter, et plaça le corps des canons dans des troncs d'arbres façonnés pour les recevoir. Attelés par des câbles à ces troncs, et réglant leur marche sur le bruit du tambour, les soldats parvinrent ainsi jusqu'au monastère qui est au sommet de la montagne, et descendirent, après y avoir pris quelque aliment, du climat affreux des Lapons sous le ciel enchanteur de l'Italie.

D. Où était l'ennemi ?

R. Dans la vallée d'Aoste. Jugeant les Français inférieurs aux Carthaginois, il croyait que les monts franchis par Annibal suffiraient pour arrêter Bonaparte; mais combien il fut cruellement désabusé! chassés de tous les postes et de toutes les villes qu'ils occupaient, les Autrichiens se retirèrent avec une si grande précipitation, qu'au bout de quelques jours toutes nos forces se trouvèrent au-delà des Alpes.

D. Quel corps s'est fait remarquer dès ces premiers jours?

R. Le 12 régiment de hussards. Je veux, dit Bonaparte, qu'à la première bataille il charge la cavalerie autrichienne pour rabais

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