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R. Instruit par ses frères avec lesquels il n'avait cessé de correspondre, et de la situa tion de la chose publique en France, et du mépris dans lequel le gouvernement directorial était tombé, il céda le commandement à Kléber, revint à Paris, renversa le directoire, et se fit nommer premier consul (9 novembre 1799.) Ce coup d'autorité fut son premier pas vers le despotisme: il est en tout semblable à celui de César franchissant le Rubicon.

D. On accuse Bonaparte d'avoir quitté l'Egypte de son propre mouvement ?

R. C'est un point de l'histoire qui n'est pas encore parfaitement éclairci. Le livre des victoires et conquêtes rapporte bien textuellement une lettre par laquelle le directoire aurait autorisé Bonaparte à rentrer en France; mais je tiens d'un directeur, dont le nom paraît au bas de cette lettre, qu'il n'a jamais été signé d'ordre de cette nature. Si ce directeur fut de bonne foi en me donnant cetle assurance, il faut ou que l'ordre ait été adroitement surpris, ou que la pièce rapportée soit totalement apocryphe.

D. Les Turcs immolés à Aboukir étaientils les seuls qu'eut à combattre l'armée d'ESypte?

R. 7000 Janissaires conduits par sir Sidney Smith, débarquaient encore à Damiette. Le général Verdier les défit avec 1000 Français, et força par ce beau fait d'armes l'ennemi d'entamer des négociations de paix. Pendant ce temps, le Grand-Visir s'avançait par la Syrie à la tête d'une puissante armée que renforçaient encore les partis de Djezzar et d'Ibrahim. Il débuta par s'emparer, à la faveur de quelques traîtres, du fort d'ElArich. Sa conduite, en cette occasion, fut ce qu'on pouvait voir de plus épouvantable. Non content d'être maître du fort, il égorgea la garnison. Mais il en fut cruellement puni. Un de nos grenadiers mit le feu à un amas de poudre, et la ville s'ensevelit elle-même sous ses propres décombres.

D. Quel fut le résultat des négociations entamées ?

R. Une convention par laquelle les Français, dépourvus de tout moyen de se maintenir en Egypte, se soumettaient à retourner en France. Mais au moment où Kléber se disposait au départ, il reçut une dépêche portant que le commodore refusait de ratifier le traité, et qu'il fallait, avant tout, que l'armée française posât les armes. «Soldats,

dit Kléber indigné, on ne répond à de telles insolences que par des victoires; préparezvous à combattre. » Et soudain courant avec ses 10,000 hommes contre les 80,000 des alliés, il remporta dans les champs d'Héliopolis une des victoires les plus éclatantes que les annales françaises consacrent à la mémoire (20 mars 1800). 50,000 ennemis périrent tant dans cette bataille que dans les nombreux combats dont elle fut la source, et que suivit immédiatement la reprise de Suez et de Damiette.

D. Que se passait-il au-dessus du Delta?

R. Kléber imposait une contribution de douze millions de francs à la ville du Caire qui s'était de nouveau révoltée, et périssait ensuite victime des fureurs fanatiques d'un jeune Musulman qui, séduit par le GrandVisir, croyait obtenir par cet assassinat et les beatitudes promises par le prophète, et la liberté de son père qui gémissait en prison.

D. Après la mort de Kléber, qui prit le commandement en chef?

R. L'officier le plus inepte de l'armée. On reconnaît ici le général Menou. Il administra et combattit de telle sorte que, réduit en moins de quelques mois aux dernières extrémités, il se

trouva trop heureux d'obtenir le consentement de l'ennemi à la libre exécution du traité violé.

D. L'ennemi n'éleva-t-il aucune prétention étrangère à ce traité?

R. Il voulut exiger de la commission des sciences et des arts la remise du fruit des studieux travaux ; mais elle déclara fièrement que, pour les lui ravir, il faudrait les aller chercher au fond de la mer. Subjugués par une si juste résistance, les Anglais cessèrent d'insister. Ces travaux sont la seule chose utile que l'armée d'Orient rapporta de sa brillante expédition. De retour en France, elle se remit sous les ordres de Bonaparte, et r'ouvrit avec lui une nouvelle carrière de gloire.

CAMPAGNE DE 1800.

DEUXIÈME GUERRE D'ITALIE.

D. COMMENT Bonaparte signala-t-il son avénement au consulat ?

R. Par des propositions de paix au roi d'Angleterre : « le sort des nations civilisées est attaché, dit-il, à la fin d'une guerre qui embrase le monde entier. »

D. Quelle réponse obtint-il?
R. Un refus.

D. Que fit-il ensuite?

R. Il se tourna vers la Russie. Pour éviter des lenteurs inséparables des négociations, il fit habiller à neuf tous les prisonniers russes qui étaient en France, et les renvoya sans échange dans leur patrie. Alors, frappé de ce trait de grandeur, le Czar déclara «ne vouloir plus être l'ennemi du premier consul. » Bientôt la Prusse, la Suède, le Danemarck et la Saxe cédèrent à l'ascendant de la Russie, et il ne nous resta plus à combattre que l'Angleterre, la Bavière et l'Autriche.

D. La France jouissait-elle de la paix intérieure ?

R. Elle cessait au contraire d'en jouir. Se

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