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cles vous contemplent. » Sans doute, il n'est pas de soldat qui ne se remplit de la grandeur de cette pensée, car, au bout de quelques heures, l'armée de Mourad n'existait plus.

D. Que faisait Ibrahim-Bey sur la rive droite du Nil?

R. A la nouvelle du désastre de Mourad, il leva le camp, rentra au Caire, et persuada au pacha Seid-Abou-Beker de fuir avec lui sur Belbeis. Leur départ fut, pour la populace du Caire, le signal de tous les excès. Bonaparte y mit fin le 23 juillet par l'occupation de la ville, et par l'institution d'un divan spécialement chargé de la police intérieure.

D. Maître de la capitale, qu'ordonna-t-il des provinces ?

R. Il fit occuper celle du Delta par divers corps de troupes, et se mit en mesure de dé jouer toutes les tentatives d'Ibrahim qui, retiré à Bilbeis, paraissait disposé à tenir la campagne.

D. Resta-t-il au Caire?

R. Il marcha contre Ibrahim qui, à son approche, se retira vers la Syrie. Sachant que ce dernier s'était adjoint, dans sa fuite, la riche caravane de la Mecque, Bonaparte laissa

son infanterie, et partit au galop suivi de 400 cavaliers pour fondre sur les derrières d'Ibrahim. Il l'atteignit à Salahié, et soudain lui livra combat. Ce coup de témérité faillit lui coûter cher. Néanmoins l'ennemi, se remettant en retraite, abandonna l'Egypte et s'enfonça dans le désert.

D. Bonaparte s'y jeta-t-il avec lui?

R. Il se contenta d'engager Ibrahim à se soumettre à lui. «Vous pouvez, lui écrivit-il, trouver dans ma générosité la fortune et le bonheur que le sort vient de vous ravir. » Mais refusant toute espèce d'offres, Ibrahim se dirigea sur Saint-Jean-d'Acre.

D. Que fit alors Bonaparte?

R. Il rassembla l'armée et revint au Caire. En y arrivant, il apprit que, victime d'une série de fautes inconcevables, l'amiral Brueys, attaqué par Nelson, venait de périr avec sa flotte dans la rade d'Aboukir (14 août.) Loin d'en être altéré, il sembla voir s'agrandir son courage. «Nous n'avons plus de flotte, dit-il ; eh bien! il faut rester dans ces contrées, ou en sortir grands comme les anciens. »

D. Que devenaient les artistes et les savans dont vous avez parlé?

R. Tous s'occupaient dans les provinces

conquises de recherches du plus haut intérêt. Voulant toutefois donner à cet admirable corps une centralisation qui lui manquait, le général en chef créa dans la ville du Caire un institut dont il se nomma vice-président. Cet établissement fondé, Bonaparte chargea le général Desaix d'aller conquérir la Haute-Egypte. D. Que s'y passait-il ?

R. Echappé au désastre des Pyramides, Mourad en avait soulevé toute la population. D. N'avait-il pour lui que des paysans armés?

R. Son armée se composait encore d'une multitude de Bedouins et de Mamelouks venus de toutes parts pour lui offrir leurs services. Alors, quoique conquise, la BasseEgypte était, comme l'Egypte supérieure, en insurrection complète. Desaix n'en partit pas moins; après des fatigues inouies, il atteignit Mourad - Bey près de Sediman (6 octobre). D. Quelle était la force de l'ennemi? R. 12,000 contre 2000.

D. Que fit Desaix?

R. Non moins audacieux qu'habile, il oublia le nombre pour ne songer qu'à vaincre. Ecrasés partout, les Mamelouks se mirent dans un tel excès de fureur, que la plupart

jelèrent leurs armes à la tête des Français. Réduit à fuir encore, Mourad-Bey fut chercher un refuge derrière le lac de Gaza, tandis que Desaix s'établissait en maître dans la province du Fayoum.

D. Que se passait-il dans la Basse-Egypte ?

R. Mue par ses principaux citoyens, l'immense population du Caire se livrait aux plus sanglantes révoltes. Quantité de Français, et notamment le général Dupuy, venaient d'en être victimes, lorsqu'arrivant de Gizeh, dont il avait visité les pyramides, Bonaparte déploya contre les rebelles la terrible puissance que la guerre avait mise en ses mains. Tout rentra dans le devoir après 24 heures de carnage.

D. Quelles mesures prit ensuite le général en chef?

R. Il renouvela la composition du divan, fit justice des scheiks convaincus d'infidélité, et dit aux habitans, dans une proclamation: «........ Y aurait-il un homme assez aveugle pour ne pas voir que le destin lui-même dirige toutes mes opérations? Reconnaissez que dans plus de vingt passages du Koran, ce qui arrive a été prévu, et ce qui doit arriver est également expliqué. Je pourrais demander à chacun

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de vous compte des sentimens les plus secrets de son cœur; car je sais tout, même ce que vous n'avez dit à personne. Mais un jour viendra que tout le monde verra avec évidence que je suis conduit par des ordres supérieurs, et que tous les efforts humains ne peuvent rien contre ma volonté. »

D. Le Grand-Seigneur s'entendait-il avec le Directoire pour nous abandonner l'Egypte? R. Non.

D. Dans ce cas, Bonaparte, qui s'annonçait comme n'opérant que du consentement de la sublime Porte, agissait donc en fourbe?

R. Non; et voici le mot de l'énigme : Bonaparte n'avait quitté la France que sur la promesse du Directoire, d'obtenir par dos négociations l'assentiment de la Porte.

D. Qui s'opposa donc au succès de cette demarche ?

R. L'amiral Nelson qui, victorieux à Aboukir, fit aussitôt voile pour Constantinople, et rendit impossibles les négociations préparées.

D. Quelles mesures prit le Grand-Seigneur pour nous arracher l'Egypte?

R. Il répandit un firman tout plein de calomnies contre les Français, et notamment d'instructions prétenduement données par Bo

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