Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

des égards pour leurs muphtis et leurs imans, comme vous en avez eu pour les rabbins et les évêques; ayez pour les cérémonies que prescrit l'Alcoran, pour les mosquées, la même tolérance que vous avez eu pour les couvens, pour les synagogues, pour la religion de Moïse et de Jésus-Christ ?.... »

D. Rien ne s'opposa-t-il au débarquement? R. Comme on se préparait à l'effectuer, les croisières signalèrent un bâtiment ennemi. « Fortune, s'écria Bonaparte, m'abandonnerais-tu ? » Mais ce bâtiment n'était autre chose qu'une frégate française arrivant de Malte où elle était restée pour les affaires intérieures de l'île.

D. Où l'armée débarqua-t-elle ?

R. Sur la plage de Marabou, peu distante d'Alexandrie. A peine Bonaparte eut-il pris terre qu'il marcha contre la place. Elle était défendue par Sidi-Mohammed-el-Coraïm, homme possédant par sa servilité la confiance des beys, mais n'ayant aucune des qualités essentielles pour la justifier dans un moment critique. Alexandrie fut emportée d'assaut (2 juillet), et pour donner à sa conquête une solennité plus grande, Bonaparte fit inhumer ses morts au pied de la colonne de Pompée.

D. Que devint Coraïm ?

R. Trompé par Bonaparte, qui s'annonçait comme agissant de concert avec le GrandSeigneur, il jura fidélité à la république française, et conserva, sous l'autorité immédiate du général Kléber, le commandement de la place d'Alexandrie.

D. Où se porta l'armée après la prise d'Alexandrie?

R. Sur le Caire. Le gros de l'escadre ne pouvant s'engager dans le Nil, Bonaparte chargea l'amiral Brueys de l'embosser dans la rade d'Aboukir, s'il croyait pouvoir s'y défendre, ou, dans le cas contraire, de partir pour Corfou. L'amiral embossa.

D. Parlez-moi de l'amiral Nelson ?

R. Précipitant sa marche, il avait précédé Bonaparte devant Alexandrie; mais bien qu'il s'annonçât comme arrivant au secours de l'Egypte, Coraïm crut voir en lui le véritable invaseur, et lui refusa nettement l'entrée du port. Il se retira sur Alexandrette.

D. Quel était le plan de Bonaparte ?

R. De rendre les Mamelouks en horreur au peuple. «Depuis trop long-temps, dit-il dans une proclamation aux Egyptiens, ce ranassis d'esclaves achetés dans le Caucase et

la Géorgie tyrannise la plus belle partie du monde; mais Dieu, de qui dépend tout, a ordonné que leur empire finit. Peuples de l'Egypte, on vous dira que je viens pour détruire votre religion, ne le croyez pas; répondez que je viens vous restituer vos droits, punir les usurpateurs, et que je respecte plus que les Mamelouks, Dieu, son Prophète et le Goran..... Quelles vertus distinguent les Mamelouks pour qu'ils aient exclusivement tout ce qui rend la vie aimable et douce? Y a-t-il. une belle terre, elle appartient aux Mamelouks? Y a-t-il une belle esclave, un beau cheval, une belle maison, tout cela appartient aux Mamelouks? Si l'Egypte est leur ferme, qu'ils montrent le bail que Dieu leur en a fait ?..... Il y avait parmi vous de grandes villes, de grands canaux, un grand commerce qui a tout détruit, si ce n'est l'avarice, les injustices et la tyrannie des Mamelouks? Cadhys, Scheicks, Imans, Tehorbadjys, dites au peuple que nous sommes aussi de vrais Musulmans. N'est-ce pas nous qui avons détruit les chevaliers de Malte, parce qu'ils voulaient faire la guerre aux Musulmans ? N'est-ce pas nous qui avons été dans tous les temps les amis du Grand-Seigneur (que Dieu

accomplisse ses desseins!) et l'ennemi de ses ennemis? Les Mamelouks, au contraire, ne se sont-ils pas toujours révoltés contre l'autorité du Grand-Seigneur qu'ils méconnaissent encore? Ils ne suivent que leurs caprices..... Heureux, trois fois heureux ceux qui seront avec nous, ils prospéreront dans leur fortune et leur rang! Heureux ceux qui seront neutres, ils auront le temps de nous connaître et ils se rangeront avec nous! Mais malheur, trois fois malheur à ceux qui s'armeront pour les Mamelouks et combattront contre nous il n'y aura d'espérance pour eux ni dans ce monde ni dans l'autre.

D. Quelle autorité résidait au Caire ?

[ocr errors]

R. Celle des deux chefs de l'Egypte, Mourad et Ibrahim Beys. A la nouvelle de la marche des Français, ils rassemblèrent des troupes et les partagèrent en deux corps. Tandis qu'Ibrahim prenait avec l'un des positions propres à couvrir le Caire du côté de l'orient, Mourad, l'homme le plus brave et, le plus ardent de l'Asie, se portait avec l'autre à la rencontre de Bonaparte.

D. Quelle route avait pris ce dernier ? R. Celle du désert par Damanhour. Dans ce trajet, l'armée put se figurer toute l'hor

reur des positions qui lui étaient réservées. Privée d'eau sous un ciel et sur un sable ardens, elle éprouva d'autant plus les tourmens de Tantale, que par l'effet d'un mirage particulier au sol de l'Egypte, les plaines de sables paraissaient de vastes lacs fuyant avec légèreté le voyageur qui aspirait à les atteindre. D. Où Bonaparte trouva-t-il les Mamelouks?

R. A Chébreis, où ils l'attendaient à 4000 environ. Il les y attaqua (16 juillet), secondé par l'artillerie d'une flotille qui le suivait, leur tua beaucoup de monde, et continua sa marche.

D. Où était Mourad-Bey lors de ce combat? R. Retourné momentanément au Caire pour y prendre des mesures de sûreté publique, il était revenu au village de Giseh dont il faisait sa demeure habituelle. C'est là qu'il apprit la première défaite des Mamelouks. A cette nouvelle, il se remit à la tête des siens qu'il regardait comme la première cavalerie de l'univers, et se dirigea vers les célèbres pyramides que l'orgueil éleva pour s'éterniser. Bonaparte y arrivait (23 juillet.) «Soldats, dit-il, plein d'un noble enthousiasme, songez que du haut de ces pyramides quarante siè

« ZurückWeiter »