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quement, tous les vaisseaux qui viendraient avec des renforts pour l'armée combinée.

GUERRE D'ÉGYPTE.

D. AYANT dompté le continent, de quoi s'occupa le Directoire?

R. De fonder, en Egypte, une colonie puissante pour rendre cette belle contrée l'entrepôt du commerce de la France avec l'Inde.

D. A qui le Directoire en dût-il l'idée ?

R. A Bonaparte, qui la conçut pendant les négociations de Campo-Formio. Ce général avait fait venir de Milan ceux des ouvrages de la bibliothèque Ambroisienne qui traitaient de cette matière; et l'on s'aperçut, lorsqu'il les rendit, qu'ils étaient tout couverts de notes aux pages les plus relatives à ses vues.

D. A qui le Directoire confia-t-il le commandement de l'expédition?

R. A Bonaparte. Maître absolu des mesures à prendre, Bonaparte avait comme à ses ordres, les ministres de la guerre, des finances et de la marine. Par la prodigieuse activité de ses soins, Toulon vit, en moins de deux mois,

complétement organisée dans son port, une escadre portant 10,000 hommes de mer et 36,000 de débarquement.

D. Le vainqueur de l'Italie ne voyait-il dans la conquête de l'Egypte qu'un avantage purcment commercial?

R. Plus grand dans ses desseins, il voulait que Minerve partageât avec Mercure les faveurs de la Victoire; et il obtint du gouvernement un certain nombre de savans et d'artistes pour observer avec fruit tout ce que le berceau du monde offrait d'utile et de curieux.

D. Quelles bornes mit-on à la confiance dont Bonaparte était l'objet?

R. Aucune. Cette confiance fut même portée si loin qu'on le laissa maître de choisir, dans toutes les armées de la république, les généraux et les régimens dont il lui plairait de se faire accompagner. Ce fut une grande faute : retirant à la France ce qu'elle avait de plus redoutable, il la mit pour ainsi dire à la discrétion de l'étranger.

D. Que pensait l'Angleterre des armemens faits dans Toulon?

R. Bien que divers journaux français eussent levé le coin du voile, elle les croyait destinés ou à une descente en Grande-Bretagne,

ou à la délivrance d'une flotte espagnole blo quée dans le port de Cadix; et pour être également en mesure dans les deux cas, elle garnissait ses côtes de toutes ses forces de terre, et chargeait l'amiral Nelson de couvrir Cadix en se portant avec sa flotte au-delà du détroit de Gibraltar.

D. Où était Bonaparte?

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R. A Paris. Muni des instructions du Directoire, il en partit, le 3 mai, pour se rendre à Toulon. C'est là qu'il fit connaître aux soldats les grandes destinées qu'ils avaient à remplir. Vous êtes, leur dit-il, une des ailes de l'armée d'Angleterre. Vous avez fait la guerre de montagnes, de plaines, de siéges, il vous reste à faire la guerre maritime...... Les légions romaines que vous avez quelquefois imitées, mais point encore égalées, combattaient Carthage tour-à-tour sur cette même mer et aux plaines de Zama...... Le génie de la liberté qui a rendu dès sa naissance, la république l'arbitre de l'Europe, veut qu'elle le soit encore des mers et des nations les plus lointaines. »

D. Quel jour fut marqué pour le départ? R. Le 19 mai 1798. Ce jour, l'escadre et ses 400 bâtimens de transport, sortirent de la

rade, longèrent les côtes de Provence, passèrent à la vue du cap Corse, côtoyèrent la Sicile, et se portèrent devant l'île de Malte. Comme il entrait dans le plan du général en chef de s'emparer de cette île, Bonaparte fit demander au grand-maître de l'ordre de Malte, la permission de faire entrer l'escadre dans le port pour y faire de l'eau; mais, tout en protestant de son amitié pour la France, celui-ci répondit qu'il ne pouvait y consentir, attendu que par cette condescendance l'île entière se trouverait sans nécessité à la discrétion des Français.

D. De quel œil Bonaparte vit-il cette réponse? R. Comme il lui fallait au moins un prétexte pour attaquer une puissance amie, il déclara qu'il voyait dans la réponse du grandmaître un outrage à la loyauté républicaine, et qu'il allait se préparer à le venger.

D. Quelle était la force des Maltais ?

R. 7000 hommes environ. Mais un grand nombre de chevaliers avaient promis de seconder les Français, et il ne craignit point d'effectuer sa menace. En peu d'heures, tout fut forcé excepté les remparts de Malte. Si l'on en croit l'un des baillis de l'ordre, Bonaparte refusa de faire bombarder cette ville,

par la raison que des conspirateurs maltais avaient juré de massacrer tous les chevaliers à la chute de la première bombe.

D. Maître de Malte, que fit le général en chef?

R. Il supprima l'ordre de Saint-Jean-deJérusalem, s'empara des trésors de son église, remit au général Vaubois des instructions pour gouverner et défendre l'île, remonta sur sa flotte et fit voile pour Alexandrie.

D. L'amiral Nelson n'avait-il point avis de la marche des Français?

R. Cet avis lai était parvenu, mais avec quelque retard. Il était néanmoins à leur poursuite; et il est mille fois certain qu'ils auraient échoué devant Malte s'il y était arrivé en même temps qu'eux.

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D. Quel jour l'escadre française arriva-t-elle devant Alexandrie?

R. Le 1er juillet. Avant de débarquer, Bonaparte fit connaître aux soldats la conduite qu'ils avaient à tenir parmi les peuples de l'Egypte. «Leur premier article de foi est celui-ci, dit-il: Il n'y a pas d'autre Dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète. Ne les contredites pas; agissez avec eux comme vous avez agi avec les Juifs et les Italiens; ayez

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