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R. Au pied du mont Saint-Gothard. A l'aspect de ces pics sourcilleux, les Russes encore tout enchantés du ciel de l'Italie, déclarèrent nettement à leur général qu'ils refusaient d'avancer. Pour toute réponse, Su-worow fit creuser une fosse sur le chemin qu'il fallait suivre, se dépouilla de ses vêtemens et s'y coucha de son long. Couvrez-moi de terre, dit-il aux rebelles, et abandonnez votre général; vous n'êtes plus mes enfans, je ne suis plus votre père, je n'ai plus qu'à mourir.

D. Quel fut l'effet de ce bizarre discours?

R. De faire tomber l'armée russe aux genoux de son chef: inondés des pleurs du repentir, tous les soldats demandèrent qu'on les conduisit aux Français par les sommets les plus escarpés du Saint-Gothard.

D. Qu'entreprit Masséna pour n'être point froissé par la concentration qui se préparait?

R. De faire attaquer, par les 1200 hommes du général Molitor, les 6000 Autrichiens du général Hotze. Les Français occupaient des hauteurs. Leurs munitions étant épuisées, ils lancèrent du sommet des monts des rochers qui écrasèrent l'ennemi sous le poids de leurs masses bondissantes. Alors Masséna

se porta sur Zurich qu'il reconquit sur les Autrichiens et les Russes, après quinze jours de combats acharnés. (8 octobre 1799) Suworow y perdit 30,000 hommes, 100 pièces de canon, quinze drapeaux et tous ses bagages.

D. Quel parti prit-il dans cette conjoncture?

R. Celui d'écrire à l'archiduc « qu'il cessait de faire cause commune avec des généraux qui s'étaient laissé battre pour lui donner l'humiliation de fuir devant des Français. » Il reprit en effet le chemin de la Russie, et fit partager au Czar toute sa fureur contre les Autrichiens.

D. Quelles furent pour nous les suites de ce mécontentement?

R. Un ennemi de moins à combattre: Rompant avec l'Autriche, Paul Ier se retira de la coalition.

CAMPAGNE DE 1799,

En Batavie.

D. Qui reporta la guerre sur ce point de nós conquêtes?

R. L'Angleterre et la Russie.

D. Quel était leur dessein?

R. De faire une diversion favorable aux armées que la coalition entretenait en Suisse. D. Quelle était la force des parties?

R. 20,000 Français contre 47,000 alliés. La différence était extrême, sans doute, mais nos braves étaient commandés par le général Brune.

D. Détaillez-moi les premières opérations. R. Mouillant, le 26 août, dans le Pas duTexel, la flotte anglaise du duc d'Yorck rejeta jusque sur le Keeten, le général Daendels, qui s'était établi sur les dunes pour s'opposer à son débarquement. Alors l'amiral Story, qui commandait pour la France l'escadre hollandaise, fit voile contre la flotte ennemie et lui livra combat.

D. Story fut-il heureux?

R. On ne saurait l'être moins. Comme les

opinions divisaient son armée, des murmures s'élevèrent parmi les soldats, et bientôt toute l'escadre fut en insurrection.

D. Que prétendaient les rebelles?

R. Se joindre aux Anglais, et c'est à quoi l'amiral Story fut lui-même entraîné.

D. Que fit Brune dans cette conjecture?

R. Comme les vents contraires retardaient encore l'arrivée des Russes, il conçut l'espoir de battre les Anglais et les attaqua sur la digue de Zyp. Notre infanterie venait de prendre la fuite, lorsque le duc d'Yorck se présenta suivi de nombreux renforts. C'était près de Bergen. Pour ne pas laisser aux Français le temps d'en recevoir eux-mêmes, it reprit l'offensive le 19 septembre; mais cette fois la victoire lui fut infidèle, et ses 35,000 hommes furent complétement défaits par les 25,000 républicains.

D. Tous les 35,000 hommes étaient-ils Anglais ?

R. On comptait parmi eux 13,000 Russes amenés par le général Herman. Ce général fut tellement indigné de la conduite de ses alliés dans cette affaire, qu'il écrivit sur-lechamp au duc d'Yorck: Général-duc, nous aurions infailliblement gagné la bataille si les

Anglais m'avaient secondé, mais vouș ne commandez qu'à des lâches; et cette opinion s'était si fortement accréditée chez les Russes, que les prisonniers de cette nation demandaient comme une grâce de n'être pas confondus avec les Anglais.

D. Comment les Français se conduisirentils envers les vaincus?

R. Avec tant de grandeur qu'ils s'en firent adorer. Un officier gourmandant un soldat sur ce qu'il oubliait ses propres besoins pour ne songer qu'aux blessés ennemis : A-t-on faim, répondit le soldat, quand il reste de belles actions à faire?

D. Battu à Bergen, le duc d'Yorck ne pritil pas sa revanche ?

R. Pour son malheur il nous enleva l'excellente position d'Alkmaer. Alors le général Brune l'attaqua dans sa conquête, et le défit de telle sorte qu'il fut réduit à demander une capitulation.

D. A quelle condition l'obtint-il ?

R. D'évacuer, pour le 30 novembre, toutes les parties du territoire batave, d'en laisser les Français libres et tranquilles possesseurs, de consentir à un échange de prisonniers, et de renvoyer, sans leur permettre aucun débar

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