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D. Kellermann ne quitta-t-il pas vers ce temps le commandement de l'armée de la -Moselle?

R. Oui, et ce fut le général Beurnonville qui lui succéda. Ce dernier termina la campagne par un combat terrible entre Hamm et Wavren. La victoire y couronna la valeur, et ce nouveau triomphe augmenta l'espoir que la France avait conçu, de s'agrandir du territoire même de ceux qui avaient conspiré son démembrement.

CAMPAGNE DE 1793.

D. QUELLE fut l'aurore de cette seconde campagne ?

R. Une défaite de Custine à Hockeim (Allemagne); une victoire de Biron à Sospelli (Piémont); un échec de Truguet devant Cagliari (Sardaigne).

D. Dans quel état se trouvait l'armée de la Belgique ?

R. Dans le dénuement le plus complet. Dumouriez était bien à Paris pour négocier lui-même la restauration de son armée; mais comme la Convention lui supposait des vues

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ambitieuses, il ne reçut que des dédains au lieu des secours qu'il attendait. Fatigué de solliciter sans, fruit, il quitta Paris et revint au camp. Ce fut alors qu'il résolut de conquérir la Hollande. Il n'avait plus que 16,000 hommes; mais il sut les disposer avec tant d'art et de valeur, qu'il s'empara presque, sans coup férir, de la place de Bréda et du fort de Klundert.

D. Poursuivit-il ses succès?

R. Il l'aurait pu sans la folle présomption du général Miranda, qui se fit écraser sous les murs de Maestricht par 70,000 ennemis dont il n'avait pas su se garantir. Jusqu'alors Dumouriez s'était préparé à franchir le Mardick; mais la défaite de Miranda lui fit suspendre l'exécution de son projet. Il remit au général Flers le commandement du corps destiné à agir sur la Hollande, et retourna -prendre celui des troupes cantonnées en Belgique.

D. Quel autre avantage l'ennemi tira-t-il de la défaite de Miranda?

R. Il fondit sur les retranchemens que les vaincus avaient élevés près de Tongres, s'en empara, et força nos troupes à prolonger leur retraite.

D. Que se passait-il en Allemagne ?

R. Poursuivi par les Prussiens après la prise de Francfort, le général Custine remettait au général Meunier le commandement du fort de Konigstein.

D. Comment ce capitaine s'acquitta-t-il des nouveaux devoirs qui lui étaient imposés ?

R. Comme s'en serait acquitté le dieu Mars lui-même. Sommé de se rendre, il assembla ses soldats, et se tournant deux pistolets contre la poitrine On demande notre déshonneur, dit-il; conseillez-moi : si je vous trouve faibles, ce moment sera le dernier de ma vie. Ses compagnons étaient Français, et l'on devine leur réponse.

D. Vous avez parlé dans la campagne de 1792 des troubles civils qui désolaient la France, me ferez-vous connaître les opérations militaires qu'ils ont occasionnées ?

R. La nécessité peut porter des frères à s'égorger entre eux; mais il y aurait de la barbarie à se glorifier d'une pareille victoire, et je me tais.

D. Il s'est donc commis bien des horreurs? R. Jugez-en par ces vers de Corneille, devenus totalement applicables à la Vendée :

Mais je ne trouve point de couleurs assez noires
Pour en représenter les tragiques histoires.
Je les peins dans le meurtre à l'envi triomphans,
Rome entière noyée au sang de ses enfans,
Les uns assassinés dans les places publiques,
Les autres dans le sein de leurs dieux domestiques,
Le méchant par le prix au crime encouragé,
Le mari par sa femme en son lit égorgé,
Le fils fout dégouttant du meurtre de son père,
Et, sa tête à la main, demandant son salaire.

D: Que se passait-t-il en Belgique ? R. Le général Lamarche perdait et reprenait Tirlemont, tandis qu'espérant s'attacher par des victoires les bataillons belges que mécontentait le joug autrichien, Dumouriez livrait bataille dans les champs de Neerwinde. Ces champs nous furent fatals: 7000 Français y trouvèrent ou des fers ou la mort, et le reste abandonna pour chercher un refuge, des contrées dont la conquête avait exigé tant de travaux, de périls et de privations.

D. De quel œil le Gouvernement français vit-il ce désastre inattendu ?

R. Avec indignation. Rendant ses généraux responsables de leurs défaites, il chargea Beurnonville d'aller avec quatre commissaires s'emparer de Dumouriez; mais celui-ci, qui s'en méfiait, les fit arrêter eux-mêmes, et les

livra aux Autrichiens. Dès-lors il leva le masque, et tenta de séduire les troupes pour renverser le Gouvernement constitutionnel, mais il n'avait point acquis ce suprême ascendant qui subjugue les esprits, et tous les corps refusèrent de seconder ses projets.

D. Que devint-il?

R. Ce général qui, dans cette grande occasion, aurait dû prendre pour modèle l'audacieuse activité de Jules-César, se vit réduit à la honteuse nécessité d'aller chercher un asile dans le camp ennemi. Il fut remplacé par le général Dampierre, officier possédant et méritant la confiance de l'armée.

D. Que faisait l'armée d'Allemagne ?

R. Elle soutenait avec gloire, mais sans succès, une lutte inégale à Bingen et à Oberflersheim. Forcé dans toutes ses positions, le général Custine brûlait ses magasins, et se rapprochait de la France.

D. Le roi d'Espagne ne se joignit-il pas vers ces temps à la coalition?

R. Irrité de la déplorable fin de Louis XVI son parent, il déclara la guerre à la république; celle-ci envoya contre lui le général Servan, et les armées se rencontrèrent le 31 mars dans la vallée d'Aran. Les Français

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