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Il faut surtout remarquer parmi ces troupes, 1793. celle que l'on a connue sous le nom de garnison de Mayence, à cause de la belle défense qu'elle avait faite dans cette place contre les Prussiens. Sa valeur, sa discipline et les talens de ses commandans ne purent la sauver. Tantôt victorieuse, tantôt vaincre, elle périt presque toute entière dans différens combats, où ses adversaires, ayant l'avantage de connaître le terrain et de disposer des localités, montrèrent autant de courage et peut-être autant de tactique qu'elle.

Dans leur pays, les Vendéens étaient, pour le résultat général, invincibles: leur marche vers Granville; les fausses manœuvres de leurs généraux, et les pactisations de çes généraux avec la convention, purent seules transformer en aventuriers ces défenseurs du trône, qui, mieux et plus fidèlement commandés, eussent fini par rendre à sa majesté Louis XVIII, sa capitale et le reste de son royaume.

Le département de la Vendée, à jamais fameux dans nos annales, prend son nom de la rivière de Vendée, qui le traverse dans sa limite orientale. Ses bornes sont; au nord, la Loire-Inférieure et partie de Maine etLoire ; à l'est, les Deux-Sèvres; au sud,

est

1793. la Charente-Inférieure', et l'Océan à l'ouest. Sa superficie de deux cent quarante-six lieues carrées, présentait, avant la guerre civile, environ trois cent mille habitans, trois cent trente communes, et seulement cinq à six petites villes. Il est coupé par un grand nombre de ruisseaux et de rivières. Les Ven déens sont, presque tous, bergers ou agri culteurs, ce qui les rend très-propres à faire des soldats. La nature a divisé leur territoire en trois parties distinctes, le Bocage, le Marais et la Plaine. Le Bocage, qui forme les sept neuvièmes de toute son étendue ainsi nommé à cause de la quantité de bois dont il est couvert. Chaque propriété est fermée de haies vives. L'aspérité des côteaux entre lesquels serpentent plusieurs rivières, l'escarpement de leurs bords, leurs cataractes nombreuses, donnent au pays un aspect dur et sauvage, et en font un lieu d'autant plus favorable à une guerre de partis, que les avantages remportés y sont sans résultats nécessaires le vaincu pouvant incessamment se reformer à l'abri des obstacles que la nature oppose elle-même à la marche du vainqueur.

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On nomme Marais, les côtes de la Vendée. Ce terrain, autrefois couvert par l'Océan,

est impregné de substances salines; il est 1793. en général fertile..

La Plaine est une langue de terre comprise entre le Bocage et la limite méridionale. Elle est plus civilisée et plus éclairée que reste de la contrée.

le

La Vendée militaire (je nommeraí ainsi tout le pays qui s'insurgea contre la répu blique) se divise en pays dit le Bocage, qui embrasse toute la partie septentrionale du département de la Vendée et de celui des Deux-Sèvres, et un pays dit de Mauges, qui borde la rive gauche de la Loire, et se trouve compris dans les départemens de la Loire-Inférieure et de Maine-et-Loire Le pays de Mauges est un peu moins boisé que le Bocage dans les parties les plus voisines de la Loire.

Dans la presque totalité de la Vendée militaire, la terre est tellement grasse et fertile, que même les bruyères, les landes, les genêts, toutes les productions parasites y sont d'une force et d'une grosseur prodigieuses. Il n'y a que deux grandes routes, celle de Nantes à Saumur, par Chollet, et celle de Nantes à la Rochelle, par Montaigu. Ces routes, qu'on ne peut suivre continuellement sont bordées de haies, de fossés

1793. larges et profonds, de buissons et d'arbres, sur la lisière desquels l'habitant du pays, menacé d'une invasion, prépare facilement des embuscades, et dispose avec succès des attaques soudaines. Les chemins de traverse sont presque impraticables; ils sont quelquefois encaissés à dix ou douze pieds audessous du niveau des terres. Les convois peuvent à peine y faire trois lieues dans une journée. Il faut y marcher longtemps, avant de trouver un espace où une voiture puisse tourner pour changer de direction.

César dit dans ses commentaires, qu'il ne put jamais ni fouiller ni soumettre entièrement ce pays. La convention, malgré l'orgueil intraitable qu'elle affectait avec tous ses ennemis, acheta la paix, des Vendéens, par des traités tels, qu'un souverain (la convention prétendait en remplacer un alors) n'en doit jamais signer à une portion de ses sujets révoltés. Plusieurs fois elle crut la Vendée soumise, et elle vit presqu'aussitôt ses habitans se livrer à de nouvelles entreprises plus considérables que celles qu'ils avaient faites jusques-là. Un des momens de cette guerre les plus remarquables, sous ce rapport, et en même temps les plus propres à en faire connaître le caractère et les

moyens,

fut celui où l'armée catholique et 1793. royale quitta le pays où elle s'était formée, pour aller chercher sur les côtes de la Bretagne ou de la Normandie, un point de communication avec les Anglais. Ce ne fut pas du sein de la victoire qu'elle partit pour cette expédition qui pouvait avoir un si grand résultat; ce fut après une défaite complète. Sa marche, dont on ne connaissait pas d'abord le but, fit trembler la capitale même de la république, qui crut que les Vendéens n'abandonnaient leur pays envahi de tous côtés par ses troupes, que pour venir détruire le nouveau gouvernement dans le siége même de son autorité, comme Annibal se jeta jadis sur l'Italie pour essayer de sauver l'Afrique, disant que Rome ne pouvait être vaincue que dans Rome..

La convention avait réuni en une seule armée toutes celles qu'elle employait à la guerre vendéenne, et en avait donné le commandement à un nouveau général, nommé l'Echelle. Ce général avait reçu, en même temps que sa commission, un décret encore plus ridicule que ceux qui se rendaient tous lesjours; il était conçu en ces termes: La convention decrète que la guerre de la Vendée sera finie le 20 octobre. A bien pénétrer le sens de

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