DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. LIVRE VII. - Gloire militaire des armées françaises. Reprise ses Ce qui, après la prise de Valenciennes, enleva à Paris la faveur d'un siége semblable à 1793. 1793. celui qui, en juillet 1815, le remit, pour son bonheur, sous le gouvernement paternel de son roi légitime; ce fut la faute inexcusable que firent les Anglais, de se sé parer des Autrichiens pour aller attaquer Dunkerque. Il paraît qu'une des causes de cette mésintelligence était que l'empereur d'Allemagne avait pris possession en son nom, et non pas au nom de Louis XVII, des places qui s'étaient soumises à ses armes dans la Flandre française. Les Anglais refusèrent alors de continuer à faire cause commune avec ses troupes, et se dirigèrent, de leur côté, vers une place qu'il était de l'intérêt particulier de l'Angleterre de ranger sous ses lois. La valeur française qui, en la personne des émigrés, avait jusque-là triomphé ellemême avec l'armée des rois, attira alors la victoire sous les drapeaux républicains, ou soi-disant tels. Trente-trois mille hommes accourant au secours de Dunkerque, défirent complètement, dans les plaines de Hoodskoote, le 13 août 1793, l'armée du duc d'York; et ces trente-trois mille hommes, sinon trahis, du moins mal commandés, ne durent, dit-on, la victoire qu'à leur intrépidité et à leurs baïonnettes. Ils restèrent maîtres de l'artillerie, des magasins et des 1793. équipages de l'armée anglaise, et l'on assure que, mieux conduits, ils eussent fait prisonniers les débris de cette armée, et son général lui-même. Bientôt sur un autre point (le 7 octobre), la bataille de Vatignies eût forcé l'armée autrichienne à quitter le blocus de Maubeuge, et à se mettre sur la défensive au milieu même de ses conquêtes. L'armée du Nord avait ainsi prouvé, en terminant glorieusement la campagne et en neutralisant tous les avantages que l'armée des puissances coalisées avait jusque-là remportés sur ce point, que les Français étaient dignes de combattre pour une meilleure cause que celle qui leur mettait les armes à la main, et que les autres peuples de l'Europe n'obtiendraient en France de succès durables, qu'en ralliant à eux la plus grande partie des habitans ; qu'en se conduisant bien manifestement comme les auxiliaires des descendans de Henri IV, le père et le roi éternel de tous les soldats français. L'armée du Midi et celles du Rhin et de la Moselle ne tardèrent point à en faire autant. Quand Lyon eut ouvert ses portes aux commissaires de la convention qui devaient 1793. en être les dévastateurs, l'armée assiégeante se divisa. Une partie, ayant à sa tête le général Kellermann, marcha pour repousser les Piémontais qui étaient rentrés dans la Savoie ; et l'autre se dirigea sur Toulon. Le 14 novembre, les Piémontais étaient déjà en pleine déroute, se retirant avec la plus grande confusion, après avoir perdu environ deux mille hommes dans différens combats, et les préparatifs immenses qu'ils avaient faits pénétrer en France. pour Le 19 décembre, les troupes françaises entraient dans Toulon, dont les Anglais avaient en vain garanti toutes les approches, par des ouvrages que la postérité eût crus imprenables, si nos contemporains ne les eussent enlevés de vive force et de première lutte : et tandis qu'une partie des vainqueurs marchaient aux Espagnols, pour les forcer à repasser les Pyrénées; à l'est, les deux armées du Rhin et de la Moselle, réunies sous le commandement du général Hoche, chassaient les Prussiens et les Autrichiens de devant Landau, et leur reprenant les lignes de Lauterbourg et de Weissembourg, qu'ils n'avaient eux-mêmes conquises quelque temps auparavant, qu'à la faveur de l'intrépidité des émigrés français, ayant à leur tête le prince de Condé, son fils et son petit- 1794. fils, allaient, maîtres de Spire, de Neustad, de Keizerslautern, de Frankenstad et de Worms, former des magasins jusqu'à la vue de Mayence. Ces succès se soutinrent et s'augmentèrent sur tous les points, jusqu'au moment où je dois reprendre dans ce livre l'histoire politique de la France. A l'époque du 27 juillet 1794, où finirent les massacres conventionnels avec Robespierre et quelques autres membres de la convention, les armées françaises, commandées, dans les PyrénéesOrientales, par Dugommier; dans les Pyrénées-Occidentales, par Muller; dans les Alpes, par Kellermann; dans l'Italie, par Massena; sur la Moselle, par Moreau; sur le Rhin, par Michaud ; et au Nord, par Pichegru et par Jourdan, étaient partout victorieuses. D'un côté, les Espagnols n'avaient plus qu'à peine un pied sur le territoire français; de l'autre, nous étions maîtres du sommet des Alpes, partout où ces montagnes étaient accessibles aux hommes, tant en Savoie que dans le comté de Nice. Enfin l'armée de Sambre-et-Meuse menaçait d'un envahissement total l'électorat de Trèves. Mais nulle part ces exploits, en même |