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monde que les souverains alliés renouvellent l'engagement solennel qu'ils ne poseront pas les armes avant d'avoir atteint le grand objet de leur alliance. La France ne peut s'en prendre qu'à son gouvernement des maux qu'elle souffre. La paix seule pourra fermer les plaies qu'un esprit de domination universelle et sans exemple dans les annales du monde lui a portées. Cette paix sera celle de l'Europe; toute autre est inadmissible. Il est temps enfin que les princes puissent, sans influence étrangère, veiller au bien-être de leurs peuples; que les nations respectent leur indépendance réciproque; que les institutions sociales soient à l'abri de bouleversemens journaliers, les propriétés assurées et le commerce libre.

L'Europe entière ne forme qu'un vou, celui de faire participer à ces bienfaits de la paix la France, dont les puissances alliées elles-mêmes ne désirent, ne veulent et ne souffriront pas le démembrement. La foi de leurs pro messes est dans les principes pour lesquels elles combattent. Mais par où les souverains pourront-ils juger que la France veut les partager, ces principes qui doivent fonder le bonheur du monde aussi long-temps qu'ils verroient que la même ambition qui a répandu tant de maux sur l'Europe, est encore le seul mobile du gouvernement; que, prodigue du sang français, et le versant à flots, l'intérêt public est toujours immolé à l'intérêt personnel ? Sous de tels rapports, où seroit la garantie de l'avenir, si un système aussi destructeur ne trouvoit pas un terme dans la volonté générale de la nation? Dès-lors la paix de l'Europe est assurée, et rien ne sauroit la troubler à l'avenir.

Arrivée et entrée des troupes alliées dans Paris.

L'armée alliée s'est approchée de Paris par la route de Meaux dans la soirée du 29 mars. Les hauteurs de Belleville, Saint-Chaumont et Montmartre avoient été garnies d'artillerie; ces hauteurs ont été attaquées mercredi 30, à six heures et demie du matin; le feu a continué avec vivacité jusqu'à trois heures et demie. Les positions ayant alors été tournées et enlevées, le corps d'armée qui avoit été engagé a effectué sa retraite, et les barrières ont été exclusivement occupées par la garde nationale; une suspension d'armes fut conclue à cinq heures et demie; les alliés gardèrent leurs positions, et aucun militaire étranger ne pénétra dans la ville.

Dans la matinée du 31, les armées alliées ont fait leur entrée dans la capitale par la rue du Faubourg SaintMartin; S. M. l'empereur de Russie, S. M. le roi de Prusse, S. A. I. le grand-duc Constantin et S. A. le prince de Schwartzemberg étoient en tête de la colonue, précédés seulement de quelques escadrons de cavalerie. LL. MM. étoient suivies d'un nombreux état-major.

Dans cette journée mémorable la tranquillité n'a point été troublée un seul instant. Aucun excès n'a été commis, et les habitans de Paris ont déployé un caractère et une confiance qui les honorent à jamais aux yeux de l'Europe.

S. M. l'empereur de toutes les Russies a nommé gouverneur militaire de Paris S. Exc. M. le baron de Sacken, général en chef.

Proclamation de S. A. le Prince de Schwartzemberg aux habitans de Paris.

HABITANS DE PARIS,

Les armées alliées se trouvent devant Paris; le but de leur marche vers la capitale est fondé sur l'espoir d'une réconciliation sincère et durable avec elle. Depuis vingt ans l'Europe est inondée de sang et de larmes; les tentatives faites pour mettre un terme à tant de malheurs ont été inutiles, parce qu'il existe dans le pouvoir même du gouvernement qui vous opprime un obstacle insurmontable à la paix. Quel Français ne seroit convaincu de cette vérité ! Les souverains alliés cherchent de bonne foi une autorité salutaire en France, qui puisse cimenter l'union de toutes les nations et de tous les gouvernemens.

C'est à la ville de Paris qu'il appartient, dans les circonstances actuelles, d'accélérer la paix du monde; son vœu est attendu avec l'intérêt que doit inspirer un si immense résultat: qu'elle se prononce, et dès ce moment l'armée qui est devant ses murs devient le soutien de ses décisions.

Parisiens, vous connoissez la situation de votre patrie, la conduite de Bordeaux, l'occupation amicale de Lyon, les maux attirés sur la France, et les dispositions véritables de vos concitoyens.

Vous trouverez dans ces exemples le terme de la guerre étrangère, de la discorde civile; vous ne sauriez plus le chercher ailleurs. La conservation et la tranquillité de votre ville seront l'objet des soins et des mesures que les

alliés s'offrent de prendre avec les autorités et les notables qui jouissent le plus de l'estime publique. Aucun loge-ment militaire ne pèsera sur la capitale.

C'est dans ces sentimens que l'Europe en armes devant vos murs s'adresse à vous. Hâtez-vous de répondre à la confiance qu'elle met dans votre amour pour la patrie et dans votre sagesse.

Signé le Commandant en chef des armées alliées,
Maréchal prince DE SCHWARTZEMBERG.

Proclamation du Préfet de la Seine et du Préfet de Police.

CITOYENS DE PARIS,

Paris, 31 mars 1814.

Les événemens de la guerre ont amené à vos portes les armées des puissances coalisées.

Leur nombre et leurs forces n'ont pas permis à nos troupes de continuer la défense de la capitale.

Le maréchal qui la commandoit a dû faire une capitulation; il l'a faite fort honorable..

Une plus longue résistance eût compromis la sûreté des personnes et des propriétés.

Elle est aujourd'hui garantie par cette capitulation, et par la promesse de S. M. l'empereur Alexandre, qui a donné ce matin au corps municipal les assurances les plus positives de sa protection et de sa bienveillance pour les habitans de cette capitale.

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"Notre garde nationale demeure chargée de protéger vos personnes et vos propriétés.

Restez donc calmes et tranquilles daus ce grand événe

ment, et montrez dans cette occasion le bon esprit qui vous a toujours signalés.

Signé le baron PASQUIER, Préfet de police;

Et le baron CHABROL, Préfet du Département de la Seine.

DÉCLARATION.

Paris, 31 mars 1814, 3 heures après midi.

Les armées des puissances alliées ont occupé la capitale de la France. Les souverainsalliés accueillent le vœu de la nation française.

Ils déclarent:

Que si les conditions de la paix devoient renfermer de plus fortes garanties lorsqu'il s'agissoit d'enchaîner l'ambition de Bonaparte, elles doivent être plus favorables, lorsqué, par un retour vers un gouvernement sage, la France elle-même offrira l'assurance de ce repos.

Les souverains alliés proclament en conséquence, Qu'ils ne traiteront plus avec Napoléon Bonaparte, ni avec aucun de sa famille ;

Qu'ils respectent l'intégrité de l'ancienne France, telle qu'elle a existé sous ses rois légitimes; ils peuvent même faire plus, parce qu'ils professent toujours le principe que, pour le bonheur de l'Europe, il faut que la France soit grande et forte;

Qu'ils reconnoîtront et garantiront la constitution que la nation française se donnera. Ils invitent par conséquent le sénat à désigner un gouvernement provisoire qui puisse pourvoir aux besoins de l'adminis

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