Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

des Condé, toi enlevé dans un pays libre, au mépris du droit des gens, exécuté sans interrogatoire, sans jugement! le cœur se serre en se rappelant tant d'horreurs. Non, les cannibales du 2 septembre, les assassins de Louis XVI, ne commirent jamais de crime plus atroce et plus réfléchi. La postérité connoîtra ce long tissu d'iniquités ; et bientôt toutes les pièces en seront publiées.

Vous frémissez, Français, d'étonnement et d'horreur. Mais que dis-je? de nouveaux forfaits peuvent-ils étonner de la part de Buonaparte, ennemi de son propre sang, armé contre le sein qui l'a nourri? Profondément ingrat, féroce par tempérament, l'inceste, l'assassinat, tous les crimes que réprouvent les hommes lui sont familiers: il fait le malheur de l'univers entier. J'en appelle à toutes les nations dont il est le fléau, l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne, la Pologne, la Prusse, la Hollande : qu'elles élèvent la voix, et qu'elles jugent.

L'Europe connoît son infâme conduite envers l'Espagne. Elle voit languir dans un cachot le pape qui posa la couronne sur sa tête; elle voit l'auguste princesse qui s'immola sans fruit pour son père et sa patrie, traitée comme une vile esclave, réduite..... mais je me tais le temps dévoilera ce qu'on ne soupçonne pas

encore....

Ne portons les yeux que sur les malheurs publics qui allligent la France. L'industrie anéantie, les champs sans culture, toutes les ressources épuisées, toutes les familles plongées dans le deuil, les jeunes gens des premières maisons enlevés à l'état qu'ils ont embrassé, enlevés à leurs parens dont ils sont l'appui, aucune liberté, tous les actes du pouvoir le plus arbitraire, une terreur universelle; voilà, oui voilà le déchirant tableau qu'offre

ma patrie. Il est temps enfin qu'elle se réveille du sommeil léthargique où elle est plongée; il est temps qu'elle imite l'exemple des Russes, des Allemands, des Suédois. Venez, Français, venez, mes compagnons d'armes ; venez, vous tous qui sentez encore votre cœur palpiter pour la patrie; joignez-vous à moi; faisons un dernier effort pour délivrer nos concitoyens. Songez que, lorsque Moreau étoit à votre tête, vous ne suiviez d'autre bannière que celle de l'honneur ; et si nous périssons les armes à la main pour la plus belle des causes, n'oubliez pas que la mort est plus glorieuse qu'une vie mille fois passée dans l'opprobre et l'esclavage.

Etoit signé MOREAU, adjudant-général de S. M. l'Em-
pereur
de toutes les Russies.

Lettre de l'Empereur Alexandre à la veuve du général Moreau.

« MADAME,

J.

« Après le coup funeste qui vint frapper à mes côtés le général Moreau, et me priver des lumières et de l'expérience de ce grand homme, je me flattois encore, madame, que les soins que je lui ai fait prodiguer pourroient le conserver à sa famille et à mon amitié. Le ciel en a autrement ordonné. Il est mort comme il a vécu, avec toute la fermeté d'une âme forte.

« Dans les grands malheurs de la vie il n'y a qu'une consolation: celle de voir les autres y prendre part. Tel est le sentiment, madame, que vous trouverez en Russie dans tous les cœurs. S'il vous convenoit d'y demeurer,

je chercherois tous les moyens d'embellir la vie d'une personne que je dois soutenir et consoler. C'est un devoir sacré pour moi. Je vous prie, madame, de me faire connoître toutes les occasions où je pourrois vous être utile, et de m'écrire directement. Il me sera doux de prévenir vos désirs. L'amitié que j'avois vouée à votre époux s'étend au-delà du tombeau, et je n'ai aucun autre moyen de remplir au moins en partie mes obligations envers lui, que de faire quelque bien à sa famille.

« Recevez, madame, dans une circonstance aussi triste et aussi cruelle, ces témoignages d'amitié et l'assurance de la part bien sincère que je prends à ce qui vous

concerne.

« Signé ALEXANDRE. »

Acceptation de madame Moreau pour passer en

Russie.

La veuve du général Moreau, acceptant les offres de l'Empereur Alexandre, quitte l'Angleterre pour se fixer en Russie. S. M. lui donne cent mille roubles pour son voyage, un très-beau palais dans les environs de Pétersbourg, et lui fait annuellement une pension considérable.

Second manifeste de l'Empereur d'Autriche.

L'indépendance de notre empire, le bien-être de nos peuples et la protection que nous leur devons nous a fait résister depuis vingt ans aux agressions de la France, et à son système soutenu d'attaquer et d'engloutir les états sans défense, d'accabler les puissances du premierordre,

de les diviser, de les affoiblir les unes après les autres, de les paralyser, de les détruire toutes pour s'élever sur leurs désastres. Ce pouvoir colossal et monstrueux s'arroge la monarchie universelle, s'asseoit sur des ruines au milieu des flots de sang et de larmes, et prétend dicter des lois à l'Europe entière, qu'il convoite et qu'il désole.

Toujours provoqué, et épuisant chaque fois les moyens de conciliation, nous avons gémi, dans l'amertume de notre cœur, de ne pouvoir détourner les calamités qu'entraîne une guerre dont les motifs toujours renaissans ne laissent plus de repos à l'Europe.

La force des choses pesa sur nous comme sur les autres. puissances. La Providence, dont nous adorons les décrets, ne permit point de succès à nos armées. Nous souscrivîmes successivement à des sacrifices, dont le dernier surtout a convaincu nos peuples à quel prix nous avons voulu les racheter de la servitude et de la destruction. Nous n'y pensons qu'en sauglotant.

Aspirant sans cesse à un ordre de choses qui pût s'accorder avec la sécurité de nos états et celle de l'Europe en général, nous espérions que la raison succèderoit un jour à la fougue des passions et à la fausse gloire des conquêtes; nous espérions tout du temps et des événe mens.

Le désastre de Moscou survint. Mais quelque terrible, quelque humiliant qu'il fût, il ne put attendrir le prince, dont les conseillers perfides, hommes de sang et de boue, abusent si cruellement, en le poussant aveuglément et sans relâche à la dévastation et au carnage des malheureux humains, pour le maintien et l'agrandissement d'un empire que le temps et les convenances politiques et une pente invincible doivent entrainer et morceler comme ceux d'Alexandre, de Jules César et de Charlemagne.

Tandis que le chef d'un vaste empire tient entre ses mains la paix et le bonheur des nations, les perfides le font l'instrument de la cruauté. Ils le rendent responsable devant Dieu et devant les hommes du sang qu'il verse et des malheurs dans lesquels il plonge la génération actuelle; ils le vouent à l'exécration de l'infortunée France ellemême, digne d'un chef plus humain, de la France épuisée, désolée et couverte d'un crêpe funèbre par le désir des conquêtes.

Après les désastres de Moscou, nous pouvions écraser les restes épars d'une armée innombrable, désespérée, fugitive; mais des considérations particulières, cette humanité qui fait notre bonheur, tenant à la loyauté de notre politique et à la droiture de notre cœur, séduit par des paroles doucereusement insidieuses nous restâmes dans l'inaction, lorsque nous pouvions fixer le sort de l'Europe contre celui qui, après tant d'agressions injustes, nous avoit péniblement humilié en rançonnant et épuisant nos peuples, et en morcelant l'héritage de nos ancêtres.

[ocr errors]

La convocation du congrès de Prague eut lieu, nous eûmes la consolation de provoquer cette mesure de paix; nous la commandâmes, pour ainsi dire et l'espérance nous ranima. Illusion de nos sentimens trop confians.

La France envoya au congrès un homme qui par une action atroce dut être abhorré de tous les partis. Orgueilleuse et misérable, la France ne voulut revenir sur aucun des traités antérieurs, quoiqu'ils ne fussent tous que des actes subversifs de l'ordre politique, animés par l'astuce et dictés par la violence.

Au mépris de toutes convenances, la France ne vanta que sa modération, tandis que toutes les puissances,

« ZurückWeiter »