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Il fut arrêté que Napoléon ne dénonceroit point l'armistice avant le 10 août, quoiqu'il eût été fixé au 12 juillet, afin de gagner le temps nécessaire aux négociations, et l'empereur d'Autriche s'engagea de faire porter par la Russie et la Prusse les pareilles déclarations.

Ces points ainsi conclus à Dresde furent communiqués aux deux susdites cours, qui consentirent à donner à l'empereur d'Autriche une nouvelle preuve de leur confiance démontrant à l'univers qu'ils ne négligeroient rien pour arriver à la paix.

S. M., pour faire cesser les maux de l'humanité par une paix générale, résolut aussi de faire de nouvelles démarches auprès du gouvernement britannique.

Napoléon applaudit à cette résolution, et offrit même de faire passer, pour diminuer le temps, par la France, les personnes envoyées à l'Angleterre.

Au moment de l'exécution, il se présenta des difficultés inattendues, la remise des passe-ports fut différée, sous divers prétextes, d'un jour à l'autre, et enfin entièrement refusée.

Cette circonstance fit douter de la sincérité de Napoléon dans son inclination pour la paix maritime, qu'il avoit cependant manifestée.

Dans l'intervalle, LL. MM. de Russie et de Prusse avoient nommé leurs plénipotentiaires au congrès, et les avoient munis d'instructions très-précises. Ces plénipotentiaires se trouvèrent à Prague le 12 juillet, avec le ministre de l'empereur chargé de la médiation autrichienne. Dans le cas où les négociations seroient infructueuses, elles devoient cesser le 10 août. La médiation autrichienne fut aussi prolongée à ce temps.

La situation politique et militaire des puissances, la position et les besoins de l'armée, l'état des pays qu'elles

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occupoient, le vœu ardent des souverains de mettre fin au tourment des incertitudes ne permettoient pas de prolongation.

Napoléon connut toutes ces circonstances; il savoit que la durée des négociations étoit fixée par celle de l'armistice, il connoissoit en outre à quel point le succès dépendoit de sa résolution.

L'empereur vit avec un véritable chagrin que, du côté de la France, on ne faisoit aucun pas pour accélérer la grande affaire; il reconnut alors que la France n'avoit pas d'autre objet que de le détourner.

Un ministre français étoit bien au congrès, mais son ordre portoit de ne rien entreprendre avant l'arrivée de son collègue, premier plénipotentiaire.

L'arrivée de celui-ci fut inutilement attendue : ce ne fut que le 21 juillet qu'on apprit qu'une formalité importante excuseroit ce retard.

Le premier plénipotentiaire arriva enfin à Prague le 28 juillet, seize jours après l'ouverture du congrès; il s'ouvrit de suite des discussions de forme que le médiateur autrichien ne put terminer.

Le manque d'instructions dans les mains des plénipotentiaires français fit perdre plusieurs jours.

Ce ne fut que le 6 août qu'ils présentèrent une nouvelle déclaration qui n'aboutit à rien. Le 10 août fut atteint par un échange infructueux de notes sur les demandes préliminaires.

Les plénipotentiaires russes et prussiens n'osèrent pas dépasser ce terme; le congrès fut terminé, et la marche décida d'avance la résolution qu'avoit à prendre l'Autriche, puisqu'elle s'étoit entièrement convaincue de l'impossibilité de la paix, dans le point de vue sous lequel la

grande question se présentoit à S. M., par les principes et les desseins des alliés dans lesquels S. M. a reconnu les siens; enfin par les déclarations antérieurement déterminées qui ne donnoient lieu à aucunes méprises.

mais son

Ce n'est pas sans une tristesse profonde que S. M. l'empereur d'Autriche s'est vu forcée à la guerre ; unique consolation est d'avoir épuisé tous les moyens de

l'éviter.

Depuis trois ans, S. M. s'efforçoit avec une constance infatigable, par les voies de la douceur et de la conciliation, d'atteindre à la possibilité d'une paix sincère et durable.

Ces peines prises en vain, il n'y eut plus de remède, plus de recours qu'aux armes. L'empereur les saisit ces armes, sans récrimination personnelle, par une douloureuse nécessité, par les considérations, que lui dictent ses devoirs les plus importans, enfin par des principes et des raisons que chaque fidèle citoyen de ses états, que le monde entier, que Napoléon lui-même, dans une heure de calme et de justice, reconnoîtra et approuvera.

La justification de cette guerre est écrite en grosses -lettres dans le cœur des Autrichiens et des Européens, sous quelque domination qu'il se trouve, et il n'y a nul besoin d'art pour les faire connoître.

La nation et l'armée feront leur devoir.

Une alliance, formée par la nécessité et par l'intérêt commun que toutes les puissances armées ont à conserver leur indépendance, donnera plein succès à nos efforts; et, sous les auspices du ciel, la fin de cette guerre sera conforme aux vœux de tous les amis de l'ordre et de la paix.

(Gazette de la Cour de Vienne, du 19 août 1815.)

Proclamation du général Moreau.

FRANÇAIS,

Dans ce moment terrible où l'univers est conjuré contre son oppresseur, où toutes les nations indignées secouent le joug odieux qui les accable, je crois remplir le devoir d'un véritable citoyen en me rangeant au milieu des défenseurs de l'indépendance de tous les peuples pour briser les fers de ma patrie. Ce n'est pas l'ambition, ce n'est pas le désir d'une juste vengeance qui me mettent aujourd'hui les armes à la main, le ciel m'en est témoin. J'avois su l'étouffer dans mon cœur et j'ai trouvé plus de bonheur depuis mon exil, dans l'intérieur de ma famille, que dans le tumulte des camps, et au milieu des rêves les plus brillans de la gloire et des grandeurs. Mais tout homme se doit à sa patrie. Je n'ai pu, sans frémir, la voir languir tant d'années dans un esclavage plus affreux mille fois que celui des nègres.

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Que de vœux inutiles je fis alors pour sa délivrance! l'Europe entière étoit aux pieds du tyran qui l'opprimoit. Les temps sont bien changés aujourd'hui: poussé par une ambition insatiable, il attaqua tour-à-tour toutes les puissances, et pénétra jusque dans les déserts de la Russie. Sept cent mille hommes détruits, la cavalerie française anéantie, voilà le fruit de son entreprise téméraire; les nations reprennent leur énergie; les peuples accablés, épuisés, renoncent à une alliance destructive. En vain des souverains magnanimes, avares du sang de l'humanité, présentent généreusement la paix à Napoléon : il méconnoît sa situation. Le ciel, las de ses forfaits, lui

met un bandeau épais devant les yeux; son heure fatale est marquée, lui-même se plaît à creuser l'abyme qui va l'engloutir. C'est à nous, mes concitoyens, c'est à nous surtout à l'y précipiter. Le salut de la France, voilà quel sera le but de mes efforts. Oui, j'aime la France avec idolâtrie: elle a tout fait pour moi, je ferai tout pour elle.

O mon infortunée patrie! combien tes fers se sont appesantis depuis que j'ai quitté l'Europe! sous quel infortuné joug languis-tu! à qui immoles-tu ta gloire, tes richesses, tes enfans? Vous le savez tous, Français, ce n'est que par le crime, par la perfidie, par tous les ressorts d'une politique machiavélique, qu'un Corse s'éleva à votre tête. Son enfance fut le premier degré de sa grandeur, le sang des Parisiens son premier titre à la gloire. Vous le peindrai-je rampant devant les directeurs, flattant et trompant tour-à-tour tous les partis, banni de la France, trahissant son armée, faisant assassiner son confrère d'armes?. Bientôt un lâche fugitif s'empara du souverain pouvoir; serpent réchauffé dans le sein de Barras, il renverse l'instrument de sa grandeur. Jaloux de la gloire de Pichegru, de l'estime que le peuple français daignoit n'accorder, il employa pour nous perdre les machinations les plus viles, les complots les plus odieux; promesses solennelles, déclaration signée de sa propre main, rien n'est épargné pour nous faire tomber dans le piége qu'il nous tend: non, je ne croyois pas que sa duplicité, sa perversité pussent aller jusqu'à ce point.

O mon ami Pichegru! nom cher à la France, à l'humanité, tu en fus la déplorable victime. Tu allois dévoiler sa perfidie aux yeux des juges: ses satellites t'étranglèrent. Et toi aussi, unique et précieux rejeton du sang

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