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attaques infructueuses et une perte horrible, est maître de la fabrique de Pfaffendorf et du pont de la Partha. Il se rapproche ainsi du défilé de Randstedt, alors affreusement encombré; mais ses progrès sont retardés par la résistance désespérée des soldats du 6 corps, postés dans les maisons des faubourgs de Halle et de Rosenthal. La plus grande partie du corps de Souham a pu encore franchir le pont fatal.

Restait l'arrière-garde tout entière. A leur tour, les soldats qui la composaient avaient dû se replier sur le faubourg de Randstedt ; déjà les uns se confondaient dans l'immense cohue des parcs d'artillerie qui suivaient le défilé ; les autres tiraient des maisons du faubourg, ou longeaient encore, pour l'atteindre, les boulevards de l'Ouest, sous le feu des troupes allemandes défectionnaires; enfin, les Polonais, postés dans les jardins de l'Elster, résistaient fermement aux Autrichiens.

Ce fut dans ce moment que le sous officier de sapeurs qui tenait la mèche allumée pour faire sauter le pont du grand bras de l'Elster, quand l'arrière-garde aurait passé, vit arriver par les îles à sa gauche quelques tirailleurs russes. A la vue de leurs uniformes, et entendant d'ailleurs de très-près la fusillade des Allemands, cet homme crut que toute l'armée avait passé, que l'ennemi arrivait; il mit le feu aux poudres1. On sait l'ignoble et absurde calomnie à laquelle cette catastrophe a donné lieu; calomnie qui dut à l'esprit de parti une sorte de Vogue momentanée. Napoléon n'a pas besoin d'être justifié de pareilles accusations, dont toute la honte reste à leurs auteurs. Il nous suffira seulement de rappeler qu'au moment de cette explosion, aucune masse ennemie n'était à portée d'intercepter la retraite, si retardée qu'elle fût par l'encombrement des parcs ; elle ne s'en serait pas moins opérée, sans autre sacrifice que celui de quelques centaines de voitures et d'un certain nombre de pièces d'artillerie2.

Mais toute l'arrière-garde perdait son unique voie de salut par l'explosion du pont. Alors il n'y eut plus ni chefs ni soldats, mais une foule désespérée et furieuse, où chacun prit conseil de lui-même. Les uns se firent tuer dans le faubourg, d'autres se précipitèrent dans l'Elster, grossie par les pluies des

'Dans ce moment même le colonel Montfort, qui avait été chargé de faire miner le pont, était allé au moulin de Lindenau où l'empereur s'était arrêté. Il croyait avoir besoin de nouveaux ordres. Quelque fatale qu'ait été son absence, elle ne saurait être imputée à aucun motif honteux. Le malheureux sous-officier, auteur involontaire de tant de maux, vit encore (1845); il est aux Invalides.

L'empereur ne songeait à s'éloigner que quand toute

jours précédents; presque tous ceux-là se noyèrent. Enfin, quinze mille hommes mirent bas les armes dans ce jour de désespoir. Les généraux Lauriston et Reynier étaient au nombre des prisonniers. Macdonald se sauva à la nage; on sait que Poniatowski fut moins heureux. Il avait combattu tant que le combat fut possible. Enfin, demeuré seul, déjà grièvement blessé, il consulta moins ses forces que son courage, et s'élança, pour nous rejoindre, au sein des flots, qui ne le rendirent pas vivant. Il était maréchal de France depuis deux jours seulement; toute l'armée avait applaudi à sa nomination, et dans un moment où chacun avait son deuil, cette mort funeste, mais glorieuse encore, fut le deuil de tout le monde. Les alliés eux-mêmes s'associèrent à nos regrets 3.

Les débris de l'armée française se dirigèrent par Weissenfels et Freybourg sur Erfurt. L'arrièregarde fut vivement inquiétée par York et Sacken. Le corps de Giulay, placé bien plus avantageusement pour gêner notre retraite, n'avait pas été renforcé, comme il aurait dù l'être, pendant les combats de Leipzig. Il avait cependant occupé les célèbres défilés de Kæsen, et forçait ainsi nos colonnes à gagner Erfurt par des routes de traverse; mais, vigoureusement contenu par Bertrand, il ne put rien entreprendre de décisif.

L'aspect de la retraite était lugubre. Les cosaques, pareils à des volées de corbeaux, s'abattaient sur les flancs de nos colonnes, enlevaient ou massacraient les traîneurs et les blessés. C'était la retraite de Russie qui s'achevait dans les affreux chemins de la Thuringe. Nos soldats épuisés de fatigue, noirs encore de la fumée de Leipzig, glissant parfois dans le sang de leurs propres blessures, se déroulaient en une longue et morne procession à travers ces terres argileuses et molles, où la moindre humidité rend la marche si pénible.

La conduite de l'empereur Napoléon, pendant cette retraite, contraignit à l'admiration les Allemands eux-mêmes. On le voyait passer et repasser, avec une activité infatigable, le long des colonnes en marche; on le retrouvait aux ponts, aux descentes, à tous les passages difficiles, prenant les mesures les plus judicieuses pour éviter l'encombrement, et veillant à leur exécution; enfin, faisant

l'arrière-garde aurait passé. N'ayant pris aucun repos depuis le bivac de la veille, il tombait de fatigue. Le bruit de l'explosion le réveilla.

3 La journée précédente avait coûté la vie aux généraux Vial (asphyxié par un boulet qui passa près de lui sans le toucher) et Rochambeau. Le brave Delmas, tombé sous le feu des raquettes anglaises de Bernadotte, se mourait dans un des hôpitaux de Leipzig.

La perte totale de l'armée française dans ces trois

lui-même l'office d'éclaireur avec son escorte, autour des villages où la troupe s'arrêtait. Sa figure portait l'empreinte d'une tristesse profonde, mais aussi d'une force d'âme qui semblait défier de plus grands malheurs.

Cependant notre avant-garde avait atteint Erfurt le 25. On ne s'y arrêta qu'un jour, le temps de remplir les caissons de l'artillerie. Ce fut là que Napoléon reçut, avec un douloureux pressentiment, les derniers adieux de Murat 1. L'armée se remit en marche rapidement vers le Mein; elle était suivie de près par Blücher, qui se prolongeait au nord vers Tantstadt, et par la grande armée alliée, qui avait déjà atteint Jéna et Naumbourg. Le 26, Blücher, se rabattant de Langensalza, atteignit notre arrière-garde vers Gotha et Eisenach. Le lendemain, Erfurt était déjà bloqué par le corps de Kleist. Napoléon n'avait jusqu'alors que des conjectures sur un ennemi plus dangereux encore. Les renseignements exacts lui manquaient sur la marche et la position de l'armée austro-bavaroise. Ce ne fut que le 28, à Schüchtern, qu'il apprit que de Wrède songeait sérieusement à lui barrer la route. Jusque-là, malgré les avis du roi de Würtemberg, Napoléon avait pu croire que ce général ne voudrait pas ou n'oserait pas pousser jusque-là l'ingratitude et l'audace.

De Wrède, en quittant Braunau avec son armée combinée, s'était dirigé de suite par Straubing et Anspach sur Würtzbourg, où il resta deux jours fort inutilement, pour réduire une faible garnison française; cette perte de temps suffit pour faire échouer ses projets. Si l'armée austro-bavaroise était arrivée deux jours plus tôt au confluent du Mein et de la Kintzig, elle aurait pu occuper en force le défilé important de Gelnhausen, et y tenir assez longtemps pour donner à Blücher le temps d'arriver. Mais de Wrède, trompé par des rapports exagérés sur le désastre de Leipzig, et par le désordre de quelques milliers de fuyards qui avaient précédé l'armée française dans Hanau, croyait n'avoir affaire qu'à des troupes tout à fait en déroute. Cette considération peut seule expliquer l'étrange position qu'il prit, et dans laquelle il se crut assez fort pour tenter d'arrêter Napoléon. Déjà affaibli d'un détachement laissé devant Würtzbourg, et de la division Rechberg qu'il avait dirigée sur Francfort, il porta, le 29, une avant-garde sur Gelnhau

journées fut d'environ cinquante mille hommes tués, blessés et prisonniers. L'ennemi eut cent mille hommes tués ou hors de combat.

Le dernier mot de l'empereur fut: « Souvenez vous toujours que vous êtes prince français. »

Il dit lui-même depuis à M. d'Argenteau : « Je ne

sen, et se mit en bataille entre la forêt de Lambo et la Kintzig, ayant son centre et sa droite adossés à cette rivière; sa gauche, postée sur une hauteur, au delà de la route de Francfort, était couverte par la cavalerie.

Dès le 29, les combats ont commencé. Une bri gade ennemie avait pu seule atteindre le défilé de Gelnhausen, qu'elle ne conserve pas. L'avant-garde bavaroise est rejetée de position en position sur le gros de l'armée. Dans la pénombre des ombrages séculaires de la forêt, nos anciens alliés ont reconnu avec terreur les uniformes de la garde impériale. A l'aspect du bataillon sacré de la France, l'àme endurcie de leur général a connu la crainte et le remords 2. Napoléon contient la droite et le centre de l'ennemi par les tirailleurs de Dubreton répandus dans la forêt, et s'attache à balayer la route de Francfort. Son artillerie, réapprovisionnée à Erfurt, a bientôt fait taire celle des Bavarois, dont le parc n'a pu suivre la marche précipitée. Deux bataillons de la vieille garde s'élancent sur la route, et renversent tout ce qui ose résister. La cavalerie ennemie, mitraillée par Drouet, chargée par les cuirassiers de Nansouty, se débande et s'enfuit; toute son aile gauche renversée se rejette sur le faubourg et le pont de la Kintzig, et rentre en désordre dans Hanau.

Satisfait d'avoir rouvert à l'armée la route de Mayence, et fatigué peut-être du carnage des jours précédents, Napoléon ne voulut pas compléter sa victoire, en culbutant dans la Kintzig le reste de l'armée de de Wrède. Ce général put donc faire repasser la rivière à sa droite et à son centre, et se rallia derrière la route d'Aschaffenbourg entre la Kintzig et le Mein. En s'éloignant, l'empereur avait laissé au duc de Raguse le soin de protéger l'arrièregarde. Le 31 au matin, Marmont enleva à la fois Hanau et le pont de Lamboi, et poussa l'armée bavaroise vers le Mein; puis, jugeant à son tour qu'il en avait fait assez, il suivit la route de Francfort. De Wrède, sauvé deux fois par l'urgence de notre retraite, reprit vivement l'offensive pour pouvoir s'attribuer l'honneur d'une poursuite. Il aborda impétueusement à son tour le pont de Lamboi et Hanau, que Bertrand tenait encore. Ces deux attaques échouèrent, et lui-même fut grièvement blessé en dirigeant la dernière 3.

Cependant, nos premières colonnes avaient at

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teint Mayence. Pendant deux jours, dit un témoin oculaire, cette ville ressembla moins à un quartier général qu'à un champ de bataille dont on n'a pas enlevé les morts. En arrivant dans les rues, les soldats tombaient d'inanition et de fatigue. Bientôt un typhus contagieux se déclara parmi eux et fit d'affreux ravages. Cependant, la présence de l'empereur ramena bientôt l'ordre au milieu de ces scènes de désolation. En un clin d'œil, des ressources en vivres, en équipements, en munitions de tout genre, furent créées comme par enchantement les hôpitaux furent organisés; les hommes valides dirigés sur les dépôts. On vit se réorganiser une armée au milieu de tant de débris.

Napoléon est arrivé le 2 novembre. Il occupe, pour la dernière fois, cette ancienne résidence des électeurs, dont il avait fait le palais impérial à Mayence. Robuste athlète, il porte sans fléchir le poids de son immense malheur. Encore bronzée de la fumée de Hanau, « sa figure paraît calme, son esprit aussi tranquille que lorsqu'il rentrait aux Tuileries après une revue du Carrousel 1.» Dès le lendemain de son arrivée, il a repris les habitudes de la résidence impériale. A son premier lever, il se retrouve entouré de tous les représentants de la France auprès des États de la confédération du Rhin, qui dans ce moment négocient ou font déjà cause commune avec la coalition. Là sont les ministres de Bade, de Hesse-Darmstadt, de Würtemberg, de Bavière. La plus odieuse des défections allemandes a mérité un anathème public. «On vous a trompé à Munich, dit à haute voix Napoléon à M. d'Argenteau, c'est indigne. Le roi de Bavière s'est rendu coupable d'une lâche trahison. Il voulait s'emparer des clefs de la France pour mes ennemis; quel besoin la Bavière avait-elle des clefs de la France? Au reste, c'est le coup de pied de l'âne, mais le lion n'est pas mort je viens de leur tuer de Wrède et de passer sur le corps à toute l'armée bavaroise. Le roi de Bavière me re

guérit pourtant assez vite. « Je le revis à Paris, dit M. d'Argenteau, je le revis couvert des décorations de toutes les puissances. Son roi l'avait élevé au rang de maréchal. Cependant, tant qu'il n'aura pas remplacé le premier homme d'État de la Bavière, son ambition ne sera pas satisfaite; mais ses efforts se borneront à le renverser sans qu'il parvienne à s'élever à sa place; et bientôt après la mort de Maximilien, il perdra son influence passagère sous le nouveau règne, et ne recueillera pas même le prix de ses services. » La justice de Dien s'est montrée dans le châtiment de ces deux hommes.

'Expressions d'un témoin oculaire.

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verra l'année prochaine, et il s'en souviendra. C'était un petit prince que j'avais fait grand, c'est un grand prince que je ferai petit 2. » Troublé de cette brusque interpellation, le ministre de France ne crut pas le moment propice pour essayer l'apologie de la Bavière.

Napoléon n'a séjourné à Mayence que le temps nécessaire pour donner les premiers soins à la réorganisation de l'armée; les intérêts les plus graves le rappellent vers Paris. Le 9 novembre il est à Saint-Cloud.

Ainsi se termine la seconde campagne de Saxe 3. L'influence fatale des malheurs de l'hiver précédent n'a pas cessé de peser sur nous; ce qui n'était que compromis encore en 1812, est perdu sans retour en 1813. L'extrême infériorité de notre cavalerie a paralysé toutes nos opérations, annulé toutes nos victoires. Les lieutenants de Napoléon, contraints de manœuvrer au hasard et comme à tâtons, ont fait tour à tour échouer ses plans par leurs défaites; enfin, la défection de celui de tous ses alliés sur lequel il avait le plus droit de compter, a précipité le dénoùment de ce drame funèbre. La mort a largement moissonné dans nos rangs parmi les plus fidèles et les plus braves. Plaignons la France de tant de pertes douloureuses; mais ne les plaignons pas eux-mêmes: plus d'un de ceux qui leur survivent enviera bientôt leur

sort.

Les annales du monde n'offrent peut-être qu'une situation comparable à celle de Napoléon se retirant de l'Allemagne ; c'est celle d'Annibal, abandonnant, après seize ans d'occupation, l'Italie, pleine aussi de sa gloire, et revenant défendre sa patrie menacée. Entre Rome et Carthage, comme entre la coalition et la France, il s'agissait de l'empire du monde, Du fond de l'Afrique, Annibal et sa dernière armée troublaient encore les sénateurs de Rome sur leurs chaises curules; de même, au cœur de la France, Napoléon, avec une poignée de braves,

leur authenticité nous est attestée par un des témoins de cette scène, l'honorable M. de Vandeul, alors ministre de France près le grand-duc de Hesse Darmstadt, et aujourd'hui pair de France.

Quelques moments auparavant, Napoléon, s'approchant du comte d'Hédouville, ministre près du grandduc de Francfort, lui dit : «Eh bien, le grand-duc a donc été chanter sa messe à Constance? » C'était là, en effet, que ce prince, trop fidèle à la cause française, avait dû chercher un asile. On s'abuserait fort si l'on voyait dans ce mot de Napoléon autre chose que la preuve d'une grande liberté d'esprit. Nous le verrons, à Châtillon, défendre encore la cause de ses alliés malheureux.

Le dernier combat fut livré par la division Guil

fera trembler encore les souverains alliés pour leurs capitales. Il succombera pourtant, comme le héros carthaginois, moins sous l'effort de l'ennemi,

leminot qui formait l'arrière-garde. Après une défense opiniâtre contre des forces très-supérieures, elle fut rejetée de ses positions d'Hocheim sur Cassel.

'Vicit ergo Annibalem non populus romanus toties

que sous celui des discordes civiles. Le véritable vainqueur d'Annibal, ce ne fut pas Scipion, ce fut le sénat de Carthage 1.

casus fugatusque, sed senatus Carthaginiensis obtrectatione atque invidia; neque hac deformitate reditus mei tam P. Scipio exultabit, quam Hanno..... TITE-LIVE, XXX, 20.

CHAPITRE XV.

ALLEMAGNE ET FRANCE.

Situation de l'Allemagne après la bataille de Leipzig.

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Difficultés réelles de la position des alliés.

Ressources

en hommes et en argent, tirées des États de la confédération. — Capitulations violées. - Dresde. - Danzig, etc. - France. Retour de Napoléon. Mesures financières et militaires. Injustice des reproches adressés à l'empereur. Décrets et ordres divers. Arrivée à Paris de M. de Saint-Aignan. Sa conversation avec les ministres alliés. - Bases sommaires de Francfort. Réponse du duc de Bassano, du 16 novembre. — Note de lord Aberdeen, du 27. - Faute capitale de l'empereur et ses funestes conséquences. Les alliés se décident à envahir la France. Déclaration de Francfort. Comparaison de cette déclaration avec celle du duc de Brunswick en 92. Excuses qu'on peut alléguer en faveur de Napoléon. Sa pensée véritable. Le duc de Bassano remplacé par Caulaincourt aux relations extérieures. —Suite de la correspondance de Francfort; mauvaise foi des alliés. Ouverture du corps législatif. Communication incomplète des pièces aux deux commissions. Lettre patriotique du duc de Vicence. Comparaison entre la situation de l'empereur à cette époque, et celle de Louis XIV en 1709. Rapport de M. Lainé. — Dissolution du corps législatif. Allocution de l'empereur. Violation de la neutralité et du territoire helvétiques. Note sur le général Jomini. Entrée des alliés en France.

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Les événements de Leipzig ont livré l'Allemagne entière à la coalition; il n'y a plus, sur la rive droite du Rhin, que des vainqueurs et des suppliants. Les souverains des États secondaires qui, par force ou par inclination, restaient encore unis à la France, sont trop heureux d'accéder maintenant à l'alliance formée contre elle, et qui va devenir bientôt plus onéreuse pour eux et leurs peuples, que ne le fut jamais le protectorat de l'empereur. Le roi de Würtemberg a signé son traité le 2 novembre; si tardive que soit son accession, il obtient la conservation de son titre de roi et des promesses d'indemnité. Fidèle à la cause française tant que cette fidélité a été possible, il se montre encore indépendant et ferme après sa défection forcée, et sait se faire respecter chez lui 1. En imilant son exemple, le grand-duc de Bade n'a pas laissé échapper l'occasion de faire parvenir directement à l'empereur, par un agent français, l'expression des regrets les plus vifs et les plus sincères 2. Bientôt le roi de Danemark à son tour

' « Le roi de Würtemberg a ordonné des levées, mais elles vont assez lentement. Il n'a pas voulu de levée » en masse... Il a cassé les régiments défectionnaires, * et fait ôter les décorations aux officiers de ces régiments. A Francfort, on a tâché de le faire revenir sur * cette mesure, et il s'y est refusé. Les princes alliés

5 BIGNON.

subira la loi du plus fort; il l'annonce à ses sujets
par une proclamation courageuse et loyale : « Les
malheurs de la France l'ayant mise dans l'impossi-
bilité de le protéger contre les projets de spoliation
concertés entre les grandes puissances; il a fallu
céder à la nécessité, et consentir aux sacrifices les
plus pénibles pour garantir le reste de ses États.
(Proclamation du 17 janvier 1814.) D'autres prin-
ces devaient être encore plus sévèrement punis de
leur fidélité. Le grand-duc de Francfort, fugitif,
était rayé de la liste des princes de l'Allemagne ;
le vénérable roi de Saxe, traité en prisonnier de
guerre. Bernadotte seul avait eu le courage d'aller
le voir à Leipzig; c'est un mouvement généreux
dont il faut tenir compte au prince de Suède.

Cependant la bataille de Hanau avait trompé la principale espérance des alliés. Napoléon leur avait échappé; cet événement seul remettait en question une grande partie des résultats obtenus. Inquiets encore dans leur triomphe, les chefs de la coalition n'en déployèrent que plus d'activité à

» n'ont pas été contents de lui, et il est revenu mécon» tent d'eux. Les Bavarois font leur cour à ses dépens. » (Rapport confidentiel de M. Bignon à l'empereur.)

Ce fut M. Bignon qui fut chargé de cette communication, lors de son retour en France.

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