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était encore maître de l'Elbe, où la masse de ses armées était encore intacte, et l'issue de la campagne pour le moins équivoque. » Et un peu plus loin: « Il était à prévoir que la conduite tenue par la Bavière serait imitée par les autres princes de la confédération. C'est ce qui ne tarda pas effectivement à arriver; mais ce fut à une époque où leur volonté était moins libre, leur décision moins hasardée, par conséquent moins méritoire 1!!...

Personne assurément ne contestera que la Bavière n'ait dù éprouver moins de difficultés pour obtenir des conditions plus favorables lors des négociations de Ried, en mettant de suite ses troupes à la disposition de la coalition, dans un moment si critique. Mais M. d'Argenteau dépasse toutes les bornes de la vraisemblance, quand il veut nous faire accroire, sur la foi du ministre bavarois, que la réunion immédiate des deux corps autrichien et bavarois fut la condition du traité de Ried, et de l'existence même de la monarchie bavaroise 2. Les souverains de Würtemberg, de Bade, de HesseDarmstadt, qui, malgré le fait décisif de la défection bavaroise, ont attendu les événements de Leipzig pour traiter avec la coalition, obtinrent pourtant à peu près les mêmes garanties que la Bavière. Les négociateurs de la coalition trouvèrent prudent de ne pas leur faire payer trop cher cette accession si tardive. La Bavière, plus puissante encore, aurait donc pu rester loyale aussi impunément 3.

La veille de la signature du traité, le ministre de France prit congé du comte de Montgelas, qui lui fit une dernière scène d'adieux et de doléances hypocrites. « Vous pourrez, lui dit-il, rendre ce témoignage, que nous n'avons rien à nous reprocher vis-à-vis de l'empereur!... Nous courbons la tête sous l'orage, nous allons Dieu sait où! Mais une fois le calme rétabli, soyez bien sûr d'une chose, c'est qu'il faut une France à la Bavière 4! »

Le 14 octobre, la Bavière déclara la guerre à cette France qu'il lui fallait. Nous dirons bientôt les motifs de ce retard. Le manifeste bavarois avait été assez embarrassant à rédiger. Cette puissance, s'étant réservé pour prix de sa défection au moins l'équivalent des profits que lui avait valus son accession à la confédération du Rhin, ne pouvait s'associer aux déclamations furibondes qui retentissaient de toutes parts contre cette confédération. Il s'efforçait donc de la justifier, au moins en principe. Les griefs énoncés contre la France étaient : 1o l'usage abusif

'Pièces authentiques relatives aux arrangements territoriaux de la Bavière avec le grand-duché de Bade, 1818. Introduction, pages 9 et 10.

' Page 29.

3 La Bavière, en définitive, ne se trouva pas mieux

3 BIGNON.

qu'avait fait l'empereur Napoléon de l'acte de 1806, pour requérir, au gré de son caprice, les forces des États de la confédération dans des guerres entièrement étrangères à leurs intérêts; 2o l'éloignement du corps du duc de Castiglione, qui laissait la Bavière exposée à une invasion autrichienne. Nous savons déjà à quoi nous en tenir sur ce second point; à l'égard du premier, M. Scholl lui-même, tout en regrettant que l'inconséquence des rédacteurs de cette pièce le force à devenir l'avocat de Buonaparte, reconnaît que la réquisition de tous les contingents de 1812 et 1815 n'avait été que l'application rigoureuse des articles 35 et 36 de l'acte de confédération.

La Bavière avait encore une autre excuse, qui n'avait pu être mentionnée dans son manifeste, mais dont il avait été question à satiété dans les entretiens de M. de Montgelas avec le ministre de France. Nous voulons parler de l'opinion publique, cette puissance nouvelle, que l'année 1813 vit invoquer pour la première fois dans les relations des cabinets. Peut-être le gouvernement bavarois avait-il moins de droit que tout autre à se prévaloir d'un semblable prétexte. S'il y avait en Allemagne un État dans lequel l'opinion se composât d'éléments essentiellement contradictoires, c'était bien le royaume de Bavière tel que Napoléon l'avait fait. L'opinion du Tyrol n'était pas celle de la vieille Bavière, l'opinion de Bamberg n'était pas celle d'Anspach. Que le vœu des hommes les plus éclairés de tous ces pays, s'unissant à l'intérêt du souverain, réclamât impérieusement une constitution propre à donner de l'unité à ce nouveau royaume, cela est indubitable; mais nous ne saurions comprendre pourquoi cette constitution aurait été inconciliable avec la fidélité à la France. Son établissement avait-il été l'objet de quelque communication de la part du gouvernement bavarois? L'empereur Napoléon, que nous avons vu conseiller lui-même à son frère d'établir des cortès et une constitution en Espagne, a-t-il eu même l'occasion de témoigner sa répugnance pour quelque projet de constitution allemande? Non assurément. Tant que sa protection avait suffi pour garantir aux princes de la confédération la paisible jouissance de ce qu'ils avaient reçu de lui, ils n'avaient pas trouvé le temps de s'occuper de constitutions. Le cabinet de Munich notamment, tout préoccupé de nouvelles vues d'agrandissement, n'avait songé, dans les dernières années

traitée que les États qui n'avaient pas partagé la honte de sa défection. Malgré les promesses qui lui avaient été faites, son indemnité fut loin d'être égale aux sacrifices qui furent exigés d'elle.

4 La dépêche dans laquelle M. d'Argenteau rendait

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de l'empire, qu'à exercer, auprès des États secondaires, et notamment auprès du roi de Würtemberg, une sorte d'observation politique au profit de la France 1, espérant obtenir par là, soit de nouveaux avantages à leur détriment, soit du moins une indépendance absolue, et comme un patronage secondaire de la confédération du Rhin. Le reproche d'avoir méconnu les tendances libérales des populations allemandes, ne devait donc pas arriver à Napoléon par le cabinet de Munich. Dans les derniers temps, le roi et son ministre se plaignaient aussi à M. d'Argenteau des formes despotiques dont l'empereur usait parfois dans ses relations avec la Bavière; ils s'en plaignaient d'autant plus amèrement, que la fortune des armes nous devenait plus contraire, et ce grief figure aussi dans le manifeste bavarois. Y avait-il bien de la dignité dans ces reproches tardifs, adressés à un maître auquel on avait obéi sans murmurer quand il commandait aussi à la fortune?

La réunion des Autrichiens et des Bavarois sur l'Inn s'était opérée immédiatement après la signature du traité de Ried. Depuis trois semaines, cette réunion existait en fait, et tout était concerté entre les généraux. De Wrède avait réclamé et obtenu le commandement en chef de cette armée, forte d'environ cinquante-cinq mille hommes, dont plus de la moitié de troupes bavaroises 2. C'était donc devant des forces inférieures qu'il était resté immobile depuis la reprise des hostilités, et qu'il avait annoncé, dès le 22 août, ne pouvoir tenir même un instant. La supériorité des Autrichiens n'avait été qu'un mensonge propre à abuser le ministre de France, et que le manifeste bavarois n'avait pas même osé répéter 3.

Un ordre du jour du nouveau généralissime de Wrède proclama l'union des soldats des deux nations; il leur annonçait en même temps que probablement ils allaient bientôt quitter les États du roi de Bavière pour agir sur les points où les conduirait leur nouvelle destination. Cette destination était de marcher à grandes journées vers le Rhin, et là, suivant les événements, de s'emparer de suite des clefs de la France en occupant militairement

compte de cette conversation, tomba entre les mains des Autrichiens, et fut remise à M. de Metternich. Celui-ci n'avait pas besoin d'une nouvelle preuve de la duplicité du ministre bavarois : son parti était déjà pris de le faire éloigner des affaires, et, à la première occasion favorable, il n'y manqua pas.

Ce système de délation n'avait pas cessé encore à l'époque de la bataille de Lutzen. Le roi écrivait au ministre de France: « Il est essentiel que le roi de Würtemberg soit instruit de cette victoire au plus vite, et pour cause. »

Mayence et la frontière française, si l'empereur Napoléon, prolongeant sa résistance sur l'Elbe, perdait sa ligne de communication par Leipzig et Erfurt, et, dans le cas contraire, de l'arrêter au défilé de Gelnhausen, mettant ainsi les débris de l'armée française entre deux feux. Le mouvement des Bavarois commença dès le lendemain. Déjà, leur concentration sur Braunau, en permettant au général autrichien Hiller d'étendre sa droite vers la haute Drave, contraignait le prince Eugène à se retirer sur l'Adige et rouvrait l'Italie à nos ennemis.

On se demande sans doute pourquoi la déclaration de guerre et la marche de l'armée austrobavaroise n'avaient pas immédiatement suivi la conclusion du traité 4. Ce retard était dû à l'adresse du secrétaire de la légation française M. Bogne de Faye, qui, malheureusement pour M. d'Argenteau, avait été retenu loin de lui plusieurs mois, pour une mission particulière en Franconie. Il arrivait à Munich au moment où le traité de Ried venait d'être signé. On y était alors sans nouvelles des événements de la Saxe. M. Bogne de Faye fit répandre, dès son arrivée, avec un air d'assurance propre à persuader, que l'armée française avait obtenu d'importants succès, et qu'en ayant été informé, malgré les partisans qui infestaient les routes, il était venu en apporter la nouvelle. Cela suffit pour arrêter quelques jours la publication du manifeste, et la marche de de Wrède, tant le gouvernement bavarois avait alors de frayeur d'agir, soit dans un sens, soit dans un autre. M. de Montgelas s'était, il est vrai, préparé un complaisant apologiste dans le ministre de France, en cas d'un revirement imprévu; mais il savait que l'empereur ne se laisserait pas facilement abuser, et ne pouvait se dissimuler ce que la Bavière aurait à craindre de Napoléon vainqueur. La position de cette puissance, après sa défection, présentait une frappante analogie avec celle de Bernadotte pour leur avantage à tous deux, les malheurs de la France ne pouvaient être trop grands. Cette considération va nous expliquer un dernier trait de perfidie du ministre bavarois.

Après la signature du traité de Ried, M. d'Argenteau, retenu encore pour quelques jours à Mu

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nich, et inquiet, non sans raison, du sort des courriers qu'il avait expédiés à l'empereur, fit partir en avant M. Bogne de Faye, en le chargeant d'employer tous les moyens possibles pour faire connaître au quartier général la défection de la Bavière, et surtout le mouvement de l'armée austro-bavaroise. M. de Faye, se dirigeant vers Francfort, passa par Bamberg, où il avait longtemps séjourné lors de sa mission particulière, et y resta encore quelques jours. Il était intimement lié avec le comte de T...., gouverneur de la province, avec lequel il faisait échange de nouvelles, et qui semblait porter un intérêt réel à la cause française. Dans l'un des derniers entretiens qu'ils eurent ensemble, ce fonctionnaire, suivant le mot d'ordre du cabinet de Munich, déplorait le malheur des circonstances, et la nécessité où se trouvait la Bavière de se séparer de nous; puis, semblant entraîné à parler à cœur ouvert, il montra confidentiellement au diplomate français une lettre de M. de Montgelas, dans laquelle celui-ci marquait que l'armée austro-bava

roise se dirigeait par le haut Palatinat, en longeant les frontières de Bohême, pour entrer par la route de Hoff en Saxe. « Cette direction, ajouta M. de T...., les laissera bien loin derrière l'armée française, et ils ne l'atteindront pas. » M. Bogne de Faye savait d'avance à quoi s'en tenir sur la direction que suivait de Wrède. Cette fausse confidence, qui lui était évidemment faite par ordre, pour être communiquée au quartier général, lui montra seulement combien le cabinet de Munich tenait à perdre l'empereur.

Cependant l'ingrat, l'ambitieux de Wrède s'avance vers le Rhin; lui aussi est pressé de mettre sa trahison à l'abri de nos malheurs. Les nouvelles qu'il reçoit de la Saxe accélèrent son mouvement, et l'amènent dans la direction de Hanau ; il se croit appelé à détruire les restes de l'armée française, à ramasser l'épée de Napoléon. Laissons-le marcher dans sa présomptueuse confiance; la Providence lui réserve un châtiment dont le récit nous consolera un moment des désastres de Leipzig.

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C'est maintenant surtout que notre tâche devient accablante. Il nous reste à suivre l'armée française dans les plaines de Leipzig, vaste sépulcre que lui creuse la trahison de la Bavière.

Ce fatal incident a donné raison à la fatigue et au découragement de quelques maréchaux, et contraint Napoléon d'abandonner sans retour son audacieux projet de manœuvrer entre l'Elbe et l'Oder 1. Toutes les mesures précédentes sont contremandées; les corps français qui s'avançaient sur l'Elbe et la Mülde reprennent à marches forcées la route de Leipzig. Cette ville est, en effet, la clef de la retraite sur la France; il faut se hâter d'y prévenir l'ennemi. Il était temps, car le même rendezvous était pris, comme nous l'avons vu, pour toutes les armées dont la coalition disposait.

Dès les premiers jours d'octobre, la grande armée alliée s'était mise en mouvement pour pénétrer en Saxe, Murat, chargé d'observer et de contenir cette masse redoutable, avait avec lui les 2o, 5o et 8e corps. Admirablement secondé par Lauriston, Bellune, et surtout Poniatowski, il se replia avec beaucoup d'ordre sur Leipzig, disputant pied à pied le terrain à des forces doubles des siennes. Dès le 11, les Autrichiens, qui formaient la gauche de l'armée ennemie, avaient atteint l'Elster, occupaient Pegau, et débordaient ainsi Leipzig par le

« Le succès de ce projet dépendait de la faculté de me jeter en masse par Magdebourg sur la Westphalie, ou par Dresde en Bohême, en me basant sur la Bavière. Dès que cette alternative m'était ravie, il eût été absurde de conduire une armée française entre l'Elbe et l'Oder,

sud-ouest. Lichtenstein et Giulay avaient été détachés par Zwenkau sur les communications françaises, pour rallier les partisans de Thielmann, se lier aux armées du Nord et de Silésie, et séparer de l'armée française le corps d'Augereau, qui s'était mis en marche de Würtzbourg, le 26 septembre. L'impétuosité du duc de Castiglione trompa l'espérance de l'ennemi; Thielmann et Lichtenstein furent culbutés entre Weissenfels et Naumbourg; et le 9 corps entra à Leipzig le 12 octobre. Ce jourlà même, Murat, avec ses trois corps d'armée, occupait une belle position au sud de cette ville, sa gauche appuyée aux marais de la Pleisse vers Gostewitz, sa droite à un bois vers Stormthal. Croyant mal à propos que Napoléon, dont il venait d'apprendre le retour sur Leipzig, allait se trouver en mesure d'attaquer d'abord Blücher et Bernadotte, il crut devoir prendre des dispositions pour resserrer sa ligne de défense et contenir seulement la grande armée alliée au sud de la place, ne la couvrant que comme tête de pont. En conséquence, dans la journée du 13, il fit replier son avant-garde, et céda, sans combat, les défilés du Gœselbach. Les détails de la bataille du 16 feront suffisamment comprendre les suites fâcheuses qu'eut ce mouvement rétrograde. Il allait abandonner de même les positions capitales de Liebertwolkowitz et de Wa

en laissant derrière moi une armée déjà forte du double, et que la défection de la Bavière eût infailliblement grossie de toute la population jusqu'au Rhin. Jomini, IV, 443.

pour le 16.

chau, quand il apprit que l'empereur serait à Leip-| à Bernadotte, ordonnèrent une attaque générale zig le lendemain, et combattrait d'abord la grande armée alliée. Celle-ci gagnait rapidement du terrain; les défilés quittés par Murat furent occupés, le 14, par les corps de Wittgenstein et de Kleist, qui s'avancèrent sur Wachau; tandis qu'à leur droite celui de Klenau, débouchant entre Naunhof et Thrana, repliait les avant-postes français sur Liebertwolkowitz. Un choc impétueux de cavalerie eut lieu en avant de Wachau; Murat s'y exposa tellement qu'il faillit être pris. Une canonnade générale s'établit sur toute la ligne des deux armées, et se prolongea jusqu'à la nuit.

Le 15, Napoléon arrive devant Leipzig, avec sa garde et le 11o corps. Son âme est agitée des plus sombres pressentiments; il se sent entraîné vers l'abime. Il lui faudrait frapper un coup décisif au sud de Leipzig avant que l'arrivée de Blücher l'oblige à diviser ses forces; mais Souham (3) et Reynier (7) lui manquent encore; il se voit dans la périlleuse nécessité d'attendre au lendemain. Cependant toutes ses dispositions sont prises dans la soirée. Il a pensé que la garnison de Leipzig, commandée par le duc de Padoue, suffira pour défendre Lindernau, seul passage qui assure la retraite de l'armée au delà de l'Elster. Au nord, le maréchal Marmont a reconnu, vers Mokern, une position avantageuse qui permet de se maintenir longtemps contre des forces supérieures. Napoléon espère que l'un des corps de Souham suffira pour y arrêter Blücher pendant l'après-midi du 16, s'il vient de Halle directement par Skeuditz. Si, au contraire, il a préféré suivre la route plus longue de Mersebourg pour combiner une attaque sur Lindernau avec le corps de Giulay, Napoléon calcule encore que cette attaque ne pourra être sérieuse le 16. Ainsi, il pourrait disposer au sud de Leipzig, des corps de Bertrand, de Marmont, et de deux divisions de celui de Souham, encore en marche. Une fatalité impitoyable va déjouer successivement ses combinaisons, en lui retirant tous les renforts sur lesquels il compte, et ne lui laissera qu'une victoire sanglante et sans résultats.

Cependant la grande armée alliée était réunie au sud de Leipzig. Le lendemain, elle devait se renforcer des réserves russes et autrichiennes qui arrivaient par la route de Colditz 1. Néanmoins, les souverains alliés, craignant qu'une trop longue inaction de leur part ne devint funeste à Blücher et

'Collorédo et Bennigsen, après avoir refoulé le 1er et le 14o corps français sur Dresde, avaient laissé devant cette ville vingt mille hommes commandés par Ostermann, et marchaient sur Leipzig avec le reste de leurs forces.

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L'action commença à neuf heures du matin. Les corps de Lauriston et de Bellune occupaient les hauteurs de Wachau et de Liebert wolkowitz, ayant la jeune et la vieille garde en réserve vers Probstheyda. Celui d'Augereau, posté sur les collines vers Dosen, se liait aux Polonais, placés en crochet à l'aile droite, de Markkleeberg à Connewitz le long de la Pleisse. Poniatowski avait à défendre à la fois Markkleeberg contre le corps de Kleist, et le passage de la Pleisse contre les forces que le généralissime autrichien entassait mal à propos dans le cul-de-sac marécageux qui sépare cette rivière de l'Elster. L'idée fixe de Schwartzenberg était de forcer le passage de la Pleisse à notre droite, et de prendre à revers les positions des corps français attaqués de front par Wittgenstein et Kleist. Non content d'engager là le corps du général Meerfeldt et les réserves du prince de Hesse-Hombourg, il ne tint pas à lui d'y porter des réserves russo-prussiennes; l'empereur Alexandre, bien conseillé, s'opposa à l'exécution de cette malencontreuse mancuvre, qui, comme nous allons le voir, aurait causé la défaite entière des alliés.

Leur premier choc fut terrible. A notre gauche, Klenau fondit de Gross-Possna sur Liebertwolkowitz; Wittgenstein et Kleist, débouchant des défilés du Gœselbach, s'élancèrent sur Wachau et Markkleeberg, tandis que les Autrichiens attaquaient à notre extrême droite les ponts de la Pleisse à Connewitz, Lossnig et Dælitz. Kleist enleva Markkleeberg aux Polonais, et marcha sur Dœlitz pour les mettre entre deux feux; mais, pris en écharpe par l'artillerie française des plateaux, il se replia promptement sur Markkleeberg, où il resta immobile. La plus furieuse attaque des alliés eut lieu sur Wachau et Liebertwolkowitz 2; six attaques consécutives y furent repoussées en moins de trois heures.

Du plateau de Meysdorf, Napoléon domine cette scène de carnage; son génie, aux prises avec la fortune infidèle, va pourtant lui arracher encore une victoire. Augereau arrive au secours des Polonais. Lauriston et Bellune sont soutenus par la jeune garde. Napoléon sait déjà qu'il ne doit plus compter sur Bertrand, dont Ney a dù disposer pour défendre le faubourg de Lindenau, vivement attaqué par Giulay: mais il espère encore avoir à sa disposition pour dernière réserve le corps de Marmont,

Le général Klenau, qui attaquait ce dernier point, avait été renforcé d'une colonne russo-prussienne, qui débouchait par Stormthal sous le commandement de Pirsch et de Gortzakow.

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